Ce corps qui fut un rire
brûle à présent.
Cendres emportées par le vent jusqu’au fleuve
et l’eau les reçoit comme les restes de larmes
heureuses.
Cendres d’une mémoire où perle une petite vie
bien simple, une vie sans histoire, avec un jardin,
une fontaine et quelques livres.
Cendres d’un corps échappé à la fosse commune
offertes à la tempête des sables.
Quand le vent se lèvera, ces cendres iront se poser
sur les yeux des vivants.
Ceux-ci n’en sauront rien
ils marcheront triomphants avec un peu de mort
sur le visage.
Innombrables sont les signes se vidant de leur eau
dans le tumulte de l’extrême
là, au bord d’un cimetière mouvant.
Tahar Ben Jelloun (La Remontée des cendres)