À l'écoute du silence

Maître Nombre de messages : 1359 Date d'inscription : 04/02/2009

À l’écoute du silence

« Ecoute le silence de la nature,

Elle seule est inapte à mentir »

Jean Rostand

Et les hommes ?

Ils haïssent et le crient.

O le bien venu qui suit les récriminations !

Ils versent leurs tourments dans le vase des lamentations.

Créent des tsunamis dans les eaux dormantes de leurs foyers.

Tout est en ordre ; milieu et hommes sont au diapason - un accord parfait où l’âme se délecte en bain trouble.

L’homme est tout puissant dans son Univers labouré. Il n’y a pas de Dieu, il y a l’homme et l’enfant.

L’enfant ?

Un corps d’épurge qui se dresse de toute sa hauteur, arrêtée avant l’âge de raison, il regarde l’homme.

Il ne s’interroge pas, il raisonne avec le cœur et sait que demain sera tel qu’il aura été pensé aujourd’hui.

Alors il panse, pour l’homme.

Il cherche l’humanité dans le brin d’herbe que berce l’haleine du vent.

Il s’écarte de sa famille, ignore sa patrie ; comme les végétaux il pousse, porté par l’énergie de la terre. Il aspire à se fondre dans la nature, à renouer les liens rompus avec la vie animale.

L’enfant, dans la sauvagerie, a vu des anges perdre une à une leurs plumes et devenir humains, il a entendu chacun d’eux clamer : « J’ai réussi ! ».

Etonné, il ne parvient pas à les reconnaître puissants, alors il avance, laisse couler ses larmes et se penche…

Au sol, il ramasse les plumes, avant que la boue des chemins d’égarement ne les souille. Il les re-cueille et se dirige vers un vieux chêne.

Là, entre les racines, il dépose sa récolte, et construit un nid aux parois légères.

Prenant le tronc de l’arbre comme tuteur, une colonne de douceur s’envole, elle s’élève bien au-delà de la cime de l’arbre, jusqu’aux nuages !

Les faucheurs d’espoirs voient une hampe souple et duveteuse s’épanouir en inflorescences nuageuses.

Non, les carpelles ne sont pas inaccessibles, une lente migration le long de la tige et on peut tous atteindre ce trésor qui nous est destiné. Il suffit d’escalader ce cordon où bat, digital, le pouls des attentes dans le temps suspendues.

La conscience germe dans le nid des pertes, elle ouvre une échancrure…La croissance devient possible, dans le silence.

Entier, me parvient le vol de l’effraie. Majestueux et lunaire, son chuintement se glisse dans l’espace ouvert et innocent.

Prophète Nombre de messages : 4029 Date d'inscription : 07/07/2007

Un passage pour te dire simplement que je suis passée, mais que j'ai besoin de temps pour digérer ce texte ambitieux et puissant.
La première impression est très forte, néanmoins.

Maître Nombre de messages : 1290 Date d'inscription : 11/07/2007

ambitieux et puissant...comme l'enfant et son imaginaire...lorsqu'on l'autorise à aller.

Maître Nombre de messages : 1790 Date d'inscription : 08/07/2007

Rien que ça déjà :

"La conscience germe dans le nid des pertes, elle ouvre une échancrure…La croissance devient possible, dans le silence."

Dire qu c'est beau n'est pas suffisant.

Tu "vois" et j'écoute !

Merci, merci, merci !

fort, puissant et profond voilà se qui se dégage à première lecture

c'est un texte à digérer lentement très lentement

je sais que je reviendrai plusieurs fois à lui comme un besoin et une évidence

Bravo

Très touché par ce texte, que j'aurais aimé écrire.

Mais il aurait peut-être mérité un titre plus axé sur l'enfant que sur le silence, bien que ce titre soit beau et accrocheur.

Compliments.

Maître Nombre de messages : 1359 Date d'inscription : 04/02/2009

Tu es revenu Geho ?

J'avais glané des petites impressions disparates depuis quelques jours, mises en mots elles ont donné cette prose.
Je suis heureuse de constater que la dégustation en est plaisante.

Merci pour vos avis. Seule, je ne peux juger ce que j'ai écrit.

Fidèle Nombre de messages : 84 Age : 42 Date d'inscription : 11/07/2007

Je n'ai pas de commentaire, juste de l'admiration à partager.

Fort!

Maître Nombre de messages : 1359 Date d'inscription : 04/02/2009

Merci Fracas.

Je vais me mettre en vacances ; vacances d'écriture de poèmes, aussi. J'emporterai dans mes bagages quelques recueils de poèmes...je ne suis jamais en vacances de lecture !

Que je suis heureuse de m'associer à tous ces louanges ô combien mérités !!!
Et dieu sait combien j'ai besoin de lire ce genre de texte, moi qui n'écrit que des choses bien noires en ce moment.

Un grand bravo et un immense merci à toi Garance. Et c'est vrai, ce soir, tu es mon guide.

Maître Nombre de messages : 1359 Date d'inscription : 04/02/2009

Heureuse que ce poème t'ait plu.
Sur un autre site il a déplu. Enfin, il n'a reçu que trois commentaires de lecteurs qui pensent que je n 'ai pas traité le sujet assez poétiquement - je serais trop moralisatrice (pourtant je ne critique rien ni personne ; il y a juste un constat et je laisse parler l'enfant intérieur).

Fidèle Nombre de messages : 142 Date d'inscription : 20/11/2009

Citation :: Non, les carpelles
ne sont pas inaccessibles, une lente migration le long de la tige et on
peut tous atteindre ce trésor qui nous est destiné. Il suffit
d’escalader ce cordon où bat, digital, le pouls des attentes dans le
temps suspendues.

Fascinant ! Ce passage m'a plu intensément
Pourquoi celui là ? Je ne sais
Je reviendrai capter toutes les subtilités de ce texte remarquable empreint
d'une délicate poésie

Merci etChapeau bas

Pas poétique ton texte ? Pas possible de mettre un tel commentaire...
Je ne les connais pas mais ils me semblent bien constructifs...
En tout cas, tu vois bien qu'ici, ça n'a rien à voir. Et pas besoin de te dire que personne ne s'est concerté.

Maître Nombre de messages : 1359 Date d'inscription : 04/02/2009

Je relis ce dernier poème écrit avant mon départ...déjà je sens que mes mots à venir seront bien différents. Ces changements qui font que mes écrits, en l'espace de peu de temps, changent radicalement me surprennent, ils ne me permettent pas de construire un "style" stable dont je pourrais me satisfaire (ou tout au moins regarder avec la certitude de pouvoir justifier mes choix poétiques).
Cathecrit, comme tu le disais dans un de tes poèmes nous sommes tous des funambules, poètes qu'attirent les brèches et les terrains mouvants.

Gentiane, merci pour ton passage. Dans un poème, comme sur un tableau, un petit bout, un petit coin peut parler à celui qui regarde ou celui qui lit. J'aime beaucoup ce phénomène...