Fluidité du fil de la pensée que j'affectionne tout particulièrement !
Et quelques passages qui résonnent spécialement chez moi comme celui-ci :
- Citation :
Et pourtant
Comment peut-on vivre normalement dans ce monde
Comme si de rien n’était
Aveugle
Sourd
Je n’aime pas ceux qui vivent normalement
Et il y en a tant
Et pour finir ma réponse, un truc que j'ai écrit en 2006 sur un trajet matinal, après une nuit de baby-sitting :
7h. Un pied dehors, je m’installe
Dans mes visions abyssales
Au rythme de mes pas
7h03. Un pied dessus, la voix ferrée
Etend mon rêve de départ linéaire.
Je pourrais y poser mon autre pied
Et rester là.
Mais je ne le fais pas
Le son des freins d’un train
M’effraie.
7h12 Un pied dedans, la rivière
Confond la pluie et l’écume et l’horizon
Je pourrais entière y entrer
Et rester là.
Mais je ne le fais pas
Le pêcheur matinal et dominical
Attend en contrebas
7h16 Un pied en travers, le chemin
Elève le calme des arbres au sommet du village
Je pourrais monter à la forêt
Et rester là
Mais je ne le fais pas
J’y ai passé mes étés
Alors je la connais
7h19 Mes pieds essuyés, la maison
Ronfle du sommeil de fin de semaine
Maintenant je sais
L’armoire à pharmacie à ma portée
Je pourrais la vider
Et attendre là.
Mais je ne le fais pas
Maintenant je sais
Que ça ne marche pas
Donc
Dans la cuisine sous ma craie
Le tableau claque mes mots de poussière
« Je suis là
J’ai donné à manger au chat
Et refermé la porte à clé
Je vais me coucher »
7h20 Mes pieds inertes, mon lit
S’étonne de les accueillir ce matin
A lui, ils se permettent de nocturnes
confidences
De leurs dix orteils combinés
Qui lui chuchotent parfois leur envie de s’arrêter
Mais ils ne le font pas
Je ne peux pas rester là
J’ai des trains à prendre
Des rivières à descendre
Des étés en forêt à essayer
D’oublier leurs drôles d’idées.