Entre ici et là-bas

Ombres du nord
les arbres suffoqués
roulent dans les flots gris
aurores aux doigts d'acier
pourtant mes souvenirs
s'enivrent de conquêtes
liberté, je décline ton nom
liberté au goût studieux
de petits matins pâles
liberté de néons aveuglés
de vents domestiqués
sous les ponts cathédrale
liberté à tempérament
achetée sous à sous
minute après minute
l'horloge de mes vingt ans
goutte vers le couchant

Lumière du midi
un chemin clair-obscur
m'écartèle sans honte
dans un souffle de forge
je respire
l'olivier frissonnant
sous l'enclume de l'été
la traîne bavarde
des rivières soyeuses
l'alanguissement des vagues
étirant leur rengaine
juste une poignée d'heures
sur les rails pressés
juste un rêve obstiné
et je passe
de l'ombre à la lumière
de la lumière à l'ombre
voyageuse endormie
que le soleil éveille
d'un baiser

Entre ici et là-bas
l'étoffe de ma vie
se déchire un peu plus
à chaque fois.

Tu exprimes avec puissance et poésie ce va-et-vient perpertuel entre ombre et lumière;souffrance et volupté.

Je ne dirais pas souffrance...
Constance, c'est tellement bien vu et bien dit, j'en suis très ému.

mais il semble que tu possèdes quelques fils magiques pour raccomoder l'étoffe de ta vie, les mots !

Les rails pressés, l'ombre et la lumière, le rêve obstiné!
C'est pas un com, juste pour dire que tu sais que j'ai compris, lu et ressenti!

Oh, qu’il m’est proche ce poème qui fait surgir la confusion de lieu et de temps. Une déchirure qui découvre un certain manque indéfinissable.
Et tout est dans les dix derniers vers.


J’admire – Solweig

"Entre ici et là-bas
l'étoffe de ma vie
se déchire un peu plus
à chaque fois."

On en revient toujours là.

Et toujours ce thème de l'eau qui imprègne tout le texte... Perception liquide du temps et de la pensée, du souvenir et du présent.
On touche presque ici à l'idée d'essence humaine, et il m'est difficile -je l'avoue- de m'exprimer très clairement tellement cette notion est imposante.
...
N'importe, je renonce à la structure ^^ : j'aime énormément ce message universel... liberté et souffrance font partie des primaires .

émotion de l'entre deux gares...la suggestion dit plus, à travers des perceptions choisies, que ne le feraient un long développement et j'aime cette athmosphère poétique

Ah mais je l'avais loupé celui-là, merci Geho !
J'amie aussi l'ambiance, entre-temps incertain... Et puis, ça se lit bien, c'est agréable, imagé.
Merci onstance.
Cath