Retournement du sablier
L'eau palpite sous la fluidité de la vie.Tumultueuse présence
elle glisse entre les pétales des roses ;
une touche serpentine
que l'ombre du géant affole.
Il s'avance vers l'Est
à l'heure du couchant.
La pluie inonde la mer
du cinabre de ses billes ;
l'ombre a les poches percées.
Tout file par chemins escarpés...
Là où se greffe l'instant
l'innocence affûte ses dents
et la rose révèle ses épines.
Nous créons nos cataclysmes,
nos infimes joies,
nos immenses peines.
Lentement nous sommes sculptés,
minés.
Retournement du sablier !
Nous créons nos évènements,
nos immenses joies,
nos infimes peines.
Sûrement nous nous déployons,
grandis.
Géants
doués d'une sensibilité
qui ne prend pas forme de douleur,
ne juge, ni ne condamne l'horreur.
Géants
qui pointez du doigt
les traces des facéties des jours,
laissant lire à corps ouvert
les cicatrices de la vie.
Géants
qui voyez la forêt corinthienne
étaler son décor champêtre.
Depuis longtemps certaines colonnes
ne sont plus, pourtant
les feuilles d'acanthe d'instant en instant
perpétuent leur déroulement.
Lutins terrestres
nous ordonnons notre monde
qu'un simple coup de vent disperse ;
il ne reste rien de notre laborieux agencement
cependant, rien n'est perdu !
L'idée demeure ;
volatilisée ici, elle se recrée ailleurs.
Nous ne pouvons admirer
sa vitesse de concrétisation,
nous la devinons si, heureux,
nous l'observons à l'oeuvre
dans notre propre maison.
Tout s'annule, tout s'équilibre.
Lutins aux ombres de géants,
nous jouissons du mouvement
de la balancelle, vers le ciel
ou vers moins fier.
.
L'immobilité dans la joie ou dans la peine
serait supplice que l'imprévisible dissipe.
J'appelle du même nom une chose et son contraire :
la vie palpite sous la fluidité des jours.
.