Chère Madame

J'ai bien reçu votre billet,
Douce invitation à diner
Et c'est avec joie et envie
Que j'irai où l'on me convie.

La Belle Époque que voici
Dont la tournure j'apprécie,
Dentelles frissonnant au vent,
Corset lacé en connivent.

A l'idée de vos mignardises,
De taquiner la friandise,
Je trépigne comme un enfant

Et ne puis vous cacher encor
Le trouble intérieur en mon for,
Vous, Ma Dame, à mon bras galant.


§§§
31 may 2010

Je sais que ce genre correspond moins au style que vous aimez, mais je tente tout de même ma chance.
Ce poème est venu d'un compliment que l'on m'a fait en qualifiant mes poèmes de mignardises. Ce mot m'a amusée, alors je me suis amusée à mon tour.

L'exercice du sonnet est bien plus difficile qu'il n'y paraît !
Si on se réfère au sonnet classique, ça ne fonctionne pas, mais en le considérant avec plus de "modernité", on peut dire que ton défi est relevé.

Je m'explique :
- les rimes des deux premières strophes ne doivent pas être juxtaposées, mais embrassées (non pas AABB mais ABBA), de plus elles doivent être les mêmes pour le premier et le second quatrains
- les rimes doivent être riches et non pauvres, mais là la plupart font l'affaire quand même
- le hiatus est à proscrire ("joie et envie", ou "j'irai où", ou encore "lacé en")
- les alexandrins sont privilégiés plutôt que les octosyllabes ; mais Baudelaire et d'autres se sont amusé à en écrire en octo, et j'avoue que moi-même je préférais aussi lorsque j'en écrivais.
- le dernier vers, appelé la chute, doit être le plus beau, le plus éclatant, or tu termines sur un participe présent qui est une tournure assez risquée en poésie, voire maladroite.

On sent également que certaines rimes ont imposé certains mots et donc ont guidé le sens, au lieu du contraire.

Mais je te félicite, si c'est un coup d'essai !

Merci Filo, ça me touche que tu sois passé par là et que tu aies pris le temps de me dire tout ça.
Effectivement, je n'ai pas cherché à faire du classique, ne connaissant pas assez les règles, mais plutôt un aspect classique. Du coup, je suis bien contente d'avoir appris tout ça. Merci beaucoup !
Pour une "première fois", disons que l'octosyllabe est un coup d'essai, la forme du sonnet aussi, les rimes moins. Pour tous tes autres conseils, la première fois n'est pas encore venue et je tâcherai d'essayer de les appliquer la prochaine fois.

J'aime. Et c'est bien ma seule compétence pour en parler.

Amitiés
Thierry

Merci Thierry. Quand on n'a pas la technique comme moi, le ressenti est important.
Bises !

Bon moi je n'en suis pas marteau, mais j'applaudis l'exercice, ce dont du reste je serais moi aussi bien incapable.

Bravo à Filo pour la leçon impeccable.

J'adore les sonnets, c'est un genre délicat qui convient bien aux mignardises
Merci Filo de ces précisions, mais j'aurais bien aimé que, du coup, tu nous postes un sonnet de ton cru, même ancien, pour montrer ce que sont les formes classiques par l'exemple.
En tous cas, je trouve que l'esprit est respecté, Nighty, et c'est très bien de tenter des essais, on apprend beaucoup ainsi.

Bah, j'en n'écris plus, mais récemment je m'y étais mis, par exercice ou caprice. C'était >>Toi cadavre<< (dans lequel j'avais d'ailleurs laissé passer un hiatus).
Avant qu'Epiphyte ne s'y mette (l'ai-je influencé ? hé hé), le luxe avait été de présenter ce sonnet comme un texte en prose. C'est Gého qui avait trouvé le truc.

Un amusement qui pourrrait bien être le début de recherches nouvelles ? J'ai bien aimé lire cette fantaisie charmante.

J'ai du mal, par contre, à repérer les hiatus.

Ouf, moi aussi Garance. Je me sens moins seule
Contente en tous cas de vous avoir amusés.

Un beau sonnet. Décidément, j'aime bien.

J'ai modifié la dernière ligne qui évite maintenant ce participe présent si lourd. Le reste viendra, un jour, en son temps ...