L’aube éblouissante
Mon père à vie, au fond du gouffre rejeté
Mon père sur terre, par la haine trompé ;
Ange déchu que le mal de mère a forgé.
Je suis ta fille, unique – une plume distraite
Tombée là - en perpétuel déséquilibre.
Les maréchaux-ferrants nos ancêtres
Savaient battre le fer, le plier de leurs vœux
Passion, chaleur, bruits du marteau sur l’enclume ;
La vie.
Tué de feu, je née de l’eau, et nous tentons l’envol,
Dans des directions opposées.
Tu voudrais que je te suive, mais l’abîme…
J’hésite.
Je rêve de cimes, de faucons, d’élytres, de gazelles,
Et je m’éloigne de toi, à tire d’elles ;
La mère, la femme, la fille,
Toutes mal aimées.
Que n’as-tu pu nous donner, toi l’ange rugissant ?
Je dois affronter les ténèbres, auprès de toi descendre
Comprendre et recevoir ta force pour m’élever ;
Ta bénédiction ?
Au-delà des apparences – des peurs de mon enfance –
S’accorde un rythme au tempo de mon cœur ;
Paisible et sûr.
La vie peut hurler,
Le néant m’aspirer,
Un rai de lumière et je m’éveille seule.
Clarté dans la matière, alchimie du verbe qui danse avec la nature – belle.
La Terre jamais ne méprise la poussière, elle redonne vie aux ombres.
La paix dans l’acceptation de l’obscur, l’oubli des rêves, la joie du souffle déployé.
Mon père ton ombre féminine te tend les mains, tel un arc de lumière – berceau de l’amour – nos bras tressent les racines des générations à venir.