Spirale

Se réveiller un matin et se dire qu’on n’est rien
Rien qu’une enveloppe charnelle sur des remous intérieurs

Le grand chaos

Un abîme sans fond.

Se tordre et s’entortiller sur soi
Comme une spirale infernale
Une vrille creusant son trou
Pour un hiver éternel.

Mais puisque la vie est là plus forte que le marbre
Se relever, cogner aux portes
Même si les poings en saignent,
Et tant mieux si les poings en saignent !

Marcher

Encore et toujours
Arpenter les chemins sinueux
Gravir son mont Fuji.
Une fois en haut
Constater qu’on l’a fait,
A la force de son ventre.
Et saluer la vie en namasté

Sourire

Se sourire à soi-même
Sourire à l’oiseau venu quémander
Sourire au vent qui vous gifle gentiment.
S’offrir les bras ouverts au vertige de la vie
Les yeux fermés, en confiance
Et puiser les forces de la terre

Pour ne plus jamais perdre pieds.

J'aime beaucoup la façon dont ce poème évolue, de la stupeur à l'acceptation sereine (qui n'a rien à voir avec la résignation !)
En le lisant je me suis rappelé un échange avec une pratiquante de yoga ;
un jour alors qu'elle était épuisée au cours d'une marche en montagne, elle a considéré le chemin à parcourir comme une posture de yoga
et tout est devenu simple, elle est parvenue au bout, son sentiment d'impuissance a été dissipé ;
elle n'était même pas fatiguée quand elle est parvenue au terme de sa rando.

Bonsoir Garance,

Ton commentaire me touche vraiment car je fais moi-même du yoga (à mon niveau ) et c'est dans cet esprit que j'ai écrit ce texte.
Merci de l'avoir (res)senti .

J'aime bien moi aussi la réflexion induite dans ce poème.
Il y a une certaine maturité et une acceptation de la vie dans tous ses aspects, même les plus négatifs, que je trouve extrêmement positive. Et puis un élan poétique très agréable à lire.
Un texte vraiment intéressant.

la plus belle manière de lutter contre la perte de confiance en soi est pour moi de savoir d'où on vient, de savoir quels ont été les épreuves réussies dans notre vie et au final se dire que la plus belle chose qu'on a c'est bien d'être encore en vie...

J'ai cru au départ que tu avais un gros coup de blues mais je me suis vite rendu compte que ton poème n'était qu'évocation d'un remède qui à la fin se révèle être le plus pur et le plus serein...

amitiés

Merci Constance, ton appréciation me touche.

Zorro, ce texte a été écrit en 2 fois : le début reflète effectivement un coup de blues, la suite un cheminement de réflexions.

La référence à la montagne Fuji vient du livre "Ni d'Eve, ni d'Adam" où l'auteure Amélie Nothomb raconte comment elle a survécu à la montée de cette montagne en puisant en elle une force qu'elle ne pensait pas avoir, et qu'enfin saine et sauve, elle s'est sentie transformée par cette expérience. Je pense que nous avons tous notre Fuji à surmonter ...

Bises à tous et bonne nuit !