Lune sur le pavé

Sous la lune du matin
pas celle du soir
environ six heures et quelques secondes
balbutiante éclairant les paysages haletants
où un et un font zéro
parmi quelques postures désinhibées

Il pleut

Semelles insatiables
talons aiguisent les coeurs
danses décousues
du boulevard à l'avenue

Il pleut

Vaste étendue d'eau
flaques de honte
écumes enchâssées d'aubes éteintes

Je longe la digue de pas pressés
sur cette mer d'anonymes
traîne de brume

J'ai choisi le métier de la pénombre
ce noir mélangé à du noir
donnera toujours ce noir
qui conduit à la mort des étoiles

Est-ce l'univers
est-ce la terre
est-ce toi
est-ce tous
qui fait que je suis moi
dans ce que je ne suis pas

J'arpente les rues sombres
louve à la démarche de fauve
et mes empreintes lipstick
sur le pavé
attisent
convoitises
sourires effrayants
huis-clos cannibale

Avez-vous déjà vu la lune se donner
au soleil blanc
pour une éclipse aveuglant
les silences
de lueurs voyeuristes

Qu'on en finisse

Il pleut

Q'importe le lit
vertical / horizontal / incliné
surtout qu'importe la parure
dentelle / végétale / boue
pourvu que volent les petits papiers
vierges d'amour
sur l'oreiller

Je ne loue pas mes baisers
encore moins mes pensées
glissées sous le drap froid
quoique mouillé

Et oui
Il pleut sans fin

Laisse mes lèvres rêver d'un ailleurs
je ne suis pas ta reine
même si je suis de là bas et de nulle part
je parle mille langues
dans l'entre-lune de tes désirs
Puis
je ne suis qu'un au revoir
qui ne dit jamais bonjour
lorsque l'aurore expire

C'est très nouveau comme style pour moi, venant de toi.
Je retrouve pourtant ta patte, par ces images originales. Mais plus de force, quelque chose de dur et de sombre.
Bref, celui-ci je l'ai aimé. Il y a une brutalité masculine alliée à un raffinement très féminin que je trouve assez troublant.
Bien bien, donc.