Vents contraires
Cela existe-t-il des vents qui se contrarient ?
En superposition, chacun à son étage, oui,
mais au même plan, face à face, comme l'affrontement de deux courants au raz de Sein
ou comme un front chaud s'oppose au froid ?
Je l'ignore.
C'est pourtant ce qu'il faudrait aux rameaux de ces deux pommiers voisins pour se rejoindre.
Comme les mains de Michel Ange à la chapelle Sixtine,
ils tendent l'un vers l'autre,
mais ici chaque risée tient leur écart constant, à les désespérer.
Deux êtres qui s'appellent dissociés par la foule,
la vaine poursuite du nageur derrière un ballon porté par le vent de terre :
« Ne vas pas plus loin, tu ne rentrerais plus !
Fais demi-tour, je t'en prie, avant l'épuisement ! »
Ces rameaux, toi et moi au bout de leur sève,
ils se regarderont encore et encore,
de leurs yeux, de leurs fleurs,
proches mais à côté,
jamais accordés...
Et chacun de reprendre soin de son arbre,
l'indispensable soin pour projeter les derniers fruits.