Vitre perlée
Si j’étais un cheval en robe palomino j’irais fouler l’azur
à l’orient diapré d’or des tulipes écarlates esquisserais
L’albizia Cyrano nostalgique rêve de sa Turquie natale
pleure des larmes de soie, à ses pieds le chat guette la nuit
Si j’étais une louve à pas feutrés mon ombre sur la lune
glisserais, au matin dans la chaleur des draps je t’aimerais
L’aube ouvre ses yeux plein de larmes, frémit au chant du coq
un moteur grogne aux portes du sommeil en pointillés agaçants
Si j’étais infinie je voudrais être mortelle pour apprécier la vie
ses couleurs, ses mimosas, la fraîcheur de l’eau sur la peau nue
Le chat s’est lové sur le canapé vert et dort profondément
l’horloge s’est arrêtée et le temps semble suspendu à un fil
Si je n’étais pas aux antipodes des galaxies en lente expansion
supernova j’exploserais pour ensemencer les futurs univers
Des nuages gris se reflètent en catimini sur la vitre perlée,
en douce mélancolie s’infiltrent de pâles écheveaux de brume