Sur mon île
Ici l'horizon se résume à la mer.
Sur mon île. De tous côtés.
La vie à l'attente.
Deux fois par jour un point grossit, s'habille de blanc, sonne sa joie, s'accroche au quai dans un bouillonnement et se vide le ventre.
Ici tout se tapit. Arbres, maisons, relief, comme intrus face au vent et aux vagues.
Il faudrait se taire, ici.
Elle est venue un matin d'août.
Enfin.
Cheveux libres au noroît.
Elle a marqué le pas, observé, le front plissé, l'étendue et la minceur, contemplative et retenue.
Je l'ai aimée.
Aimé son hésitation à enjamber la passerelle, son regard pur de douce exploratrice, sa robe écrue et ses mains offertes au voyage.
Passé le brouhaha, le silence est venu, habité de drisses clochant les mâts et d'eaux vives.
Nous l'avons écouté ravis.
Il faut se taire, ici.
Franchie la rampe jusqu'au village, passée la porte de la maison basse,
recroquevillée,
nous nous sommes parlé à voix basse,
recroquevillés
sur un petit bonheur.