L'écho de la lande
Quand je troque mon crayon de blanc vide contre une plume aux mots noirs de plénitude,
quand l'envie se réduit aux soubresauts de la feuille d'automne et cède à l'écriture de l'arbre,
quand l'oeil n'est plus à l'aventure mais à la fraternité et quand le corps vibre au renoncement de préférence à la gourmandise, peut-être meurt la saison des amours particulières et captives...
« C'était le 8 janvier », m'a-t-elle rappelé.
« Le 8 janvier » ?
« Oui, ce jour annoncé du début de la fin d'un monde, tu m'as dit : je pars ».
« Et tu as entendu : je te quitte. Mais j 'entrais enfin en résistance. Le poil du poisson frémit au mouvement de la terre, les ailes du cochon solitaire l'emportent vers un ermitage simple et silencieux. Mieux dans ma grotte qu'en choeur avec la foule je crie refus ! Indignation ! Liberté !
La nuit peut venir, de sa noirceur je pourrais bien faire une étoile. L'élue peut me dire non, je m'élèverai au-dessus des eaux troubles. Cela t'effraie ? Viens marcher face au vent sur la lande, cogne tes pieds aux cailloux du chemin, sens battre le pouls du quartz sur les pierres levées, enivre-toi des roses bruyères et danse avec les graminées blondes, pose-toi sur l'échine des schistes qui sommeillent.
Ici, le bruit du monde est un cri de hyène, l'égo s'enfouit sous sa médiocrité et la distraction porte un masque de lâche. Ici l'amour déserte la chaumière aveugle pour un palais sans murs au trésor intangible.
La lande de Cojoux, 18 septembre 2011