Dire le creux...encore
C'est une manière de faire que de partir du creux entre le tronc, la jambe pliée et le bras qui rejoint le genou par le coude. Derrière, le dos vient s'arrondir jusqu'à la tête reposant sur l'épaule, l'avant bras enlace le tibia et la main vient se poser sur le pied . Reste à inscrire délicatement la courbe du sein comme un mont St Michel sur son désert de grève dans un écrin triangulaire.
On ne les voit pas les creux, préférant les pleins de chairs, de bruits et d'agitation.
Comme ces moments de solitude où enfin paraît la photographie et son histoire riche de légendes, de racines et de rêverie ; comme ces jours noirs de manque et d'absence, une prison dont le trou brille bientôt d'une telle lumière aveuglante que la hâte est de la meubler, de rêverie encore, de pensées et d'occupations en rond ; Comme le silence, une salle vide où peuvent résonner les musiques intérieures ; comme la page blanche, abyme d'où peuvent sortir les mots, le creux est fécond.
L'entre deux n'est pas clos, il marche d'un point à un autre, d'un souvenir à un horizon, d'un âge à l'autre, de l'hiver au printemps. L'espace et le temps y sont ouverts.
Le creux gît entre trois ou quatre au minimum. Encerclé, claquemuré, chacune de ses cloisons porte un miroir qui ramène à soi. Un effort de pensée et la pose du corps peut se reconstituer. Comme se reconstituer le visage d'une histoire neuve, passée l'obsession des murs opaques et sans couleurs.
Le creux se justifie.