Un ange dans la maison de Prévert
1À Omonville la Petite, une fin d’été, un début d’après-midi.
Nelly s’agita en désignant à son mari Jean-yves, un panonceau devant la maison de Prévert.
La visite de cette maison était le but et même la récompense de leur longue marche.
« La visite de la Maison est suspendue pour la journée ». Frustrés, oui, bien sûr, ils l’étaient. Ils se risquèrent tout de même dans le jardin dense qui l’entoure, qui la cajole, qui la dorlote :
« La première fonction d’un jardin, disait Jacques Prévert, c’est donner du bonheur et de la paix pour l’esprit ».
Dans ce parc, quelques peintres en résidence artistique, étaient comme ligotés à leur chevalet. Coiffé d’une casquette gavroche, un jeune artiste fougueux ne cessait de lancer son regard vers le chemin désert en ce moment, alors que sur sa toile, en premier plan, apparaissait un troupeau de bovins, un homme armé d’un bâton puis un chien semblant aboyer puissamment ; il expirait, il retouchait, il inspirait, pour finalement retoucher la croupe bringée d’une normande…À quelques encablures, Jean-Yves reconnut une artiste bretonne. Cannelle parachevait un tableau représentant l’intérieur de la maison de Prévert et cette représentation ne faisait qu’attiser leurs regrets pour la visite ratée. Ils échangèrent quelques mots : l’artiste expliqua qu’elle avait besoin de la lumière extérieure pour mieux affiner les couleurs de l’intérieur de la maison. Durant cet échange, Nelly et Jean-Yves sursautèrent de concert en découvrant, sur la toile de Carmen la présence d’un ange statufié ! Un ange…chez Prévert…un ange ! Cannelle sourit en saisissant leur surprise et ils devinèrent son envie de justifier ce qui leur apparaissait comme une anomalie notoire.
« Ma perspective vous étonne à ce point ? dit-elle, j’ai voulu peindre le décor en faisant passer le point de vue par le regard de l’ange.
Quand vous visiterez la maison - car vous reviendrez n’est-ce pas ? – vous verrez cet ange en bois polychrome assis sur une poutre ; de là, il veille sur la paix studieuse du salon.
Sa présence peut paraître étrange, mais les chemins de la réceptivité passent par l’acceptation de la présence insolite d’un objet, quel qu’il soit et où qu’il soit.
L’ange dans cette maison dénote, il rompt quelque chose, il dérange, quand on sait les prises de positions anticléricales du poète. Voyez-le comme un clin d’œil malicieux à la vie, aux idées des hommes ; un paradoxe. Mettez cet ange dans une chapelle ou imaginez-le en figure de proue, il devient banal, mais là ; c’est de l’Art, du Grand Art !
Ce n’est pas le putto qui est important, mais sa symbolique. Si vous enlevez l’ange, il aura toujours sa place dans l’espace où il était auparavant, il ne la quittera plus. Vous lui avez accordé le droit d’être, il ne l’oubliera jamais, que ce soit dans la clarté du jour ou dans l’obscurité. Et sur ma toile ce sera pareil. Vous avez remarqué cet ange, mais je vais le recouvrir de peinture, il sera toujours là, on devinera juste sa présence. C’est lui qui m’a permis de construire le tableau, mais il s’effacera et son absence deviendra espace de liberté. Une absence, comme un silence dans un environnement bruyant, comme un vide dans la profusion des choses, un vide qui accrochera le regard, questionnera, je l’espère.
Bon, je vais cesser de débloquer à plein au sujet de cet être « ange » !
Avez-vous remarqué combien cette petite route de campagne qui passe devant la maison est étonnante ? Voyez cet âne qui passe sans être accompagné ! »
Le temps que Nelly et Jean-Yves se retournent, l’âne s’était envolé et on entendit braire un coq.
C’est Pré Vert ici, et langue de poète ; rien ne doit surprendre…
***
2Quelle curieuse journée se dit Jean-Yves sur le chemin qui les ramenait vers l’endroit où ils avaient laissé leur voiture, à 10 kilomètres de là, au lieu-dit appelé « le Beau lieu ». En consultant leur IGN de la région, ils avaient décidé le matin même, de faire un GR plein d’attraits. Ils allaient passer près d’un château du 17ème, et peut-être qu’il serait visitable, puis arriveraient au bout d’une heure en marchant bien à la fameuse maison de Jacques Prévert. Le but de cette journée, leur récompense. C’était raté pour cette fois-là. Heureusement qu’il y avait eu Cannelle !
Ils l’avaient quittée depuis près de 10 minutes non sans auparavant avoir jeté un œil par la porte vitrée de la façade. Manque de chance encore, la porte qui sépare l’entrée du séjour où se trouve l’ange était fermée. À quoi peut-on s’attendre en voyant un tel représentant céleste trôner dans le séjour d’un écrivain qui fut l’un des plus iconoclastes en matière de religion chrétienne ?
Bien sûr, l’explication donnée par Cannelle était séduisante, racoleuse en diable pour tout adepte d’hypothèses savantes et éclairées. La vérité quant à la présence de l’être ailé peut cependant être beaucoup plus prosaïque. Pourquoi y voir une explication liée à la religion. Dieu et ses Anges, pourquoi pas. Mais…
Entre-temps, une petite pluie fine s’’était mise à tomber sur la campagne environnante et le bocage normand se fondit derrière un mince voile humide, tel une femme qu’une gaze dissimule à peine. Chacune de ses formes dépliait ses attraits : chaque vallon, chaque haie, chaque verger, était baigné d’une brillance extraordinaire. La lumière du soleil, certes voilé, jouait là sa partition. Bien que transi, Jean-Yves, tira un calepin de sa poche, un crayon aussi.
- Ça mérite un haïku, tu ne trouves pas ?
Nelly était sur le point de le dépasser, elle ne répondit pas tout d’abord, puis elle lança :
- Et si ce n’était pas un ange de Dieu, si c’était un avatar d’Eros, un de ces cupidons toujours l’arc à la main ? Prévert souviens-toi, aimait écrire sur l’amour et les amoureux…
Les suppositions de sa compagne firent sourire J.Y. qui relisait à voix haute un haïku pêché en entrant dans le repaire de Prévert.
Chez moi, Jacques Prévert :
Le vrai jardinier salue
La pensée sauvage.
Après avoir nettoyé ses lunettes embuées, il se mit à griffonner sur son calepin puis daigna faire réponse à Nelly, stoppée à sa hauteur, en attente après sa judicieuse explication.
- Écoute ma version, dit-il, Il faut choisir, ma belle, entre le Grec Eros ou le Romain Cupidon, et moi je préfère le Normand, le Régional ! J’imagine bien le couple Prévert sur le marché d’Omonville. Ils sont heureux. Dans un recoin de la Grand’Place, ils s’arrêtent devant un étal d’objets hétéroclites posés sur un vieux plaid écossais. Une jeune femme triste et sa fille blottie contre elle les regardent intensément, les supplient du regard. Janine tire sur le bras de Jacques, il a compris le message et se saisit d’une statuette en très bon état au milieu de la petite couverture, tout en glissant un billet dans la main de la gamine. Elle sourit. Sa mère balbutie des remerciements. Leurs visages s’éclairent. Elles sont devenues jolies… Et c’est en revoyant cette métamorphose qu’au fil des ans Mr Prévert ne trouva point le courage de se débarrasser de cette « bondieuserie… Voilà, et je peux y ajouter cet aphorisme de Maitre Jacques : « Notre Père qui êtes aux Cieux, restez-y », afin de ne pas le fâcher, le cimetière est proche !
Nelly restait bouche bée, surprise par cette pirouette chimérique de son poète à elle ! Mais, déjà ils pressaient le pas, ils coururent même en contemplant le ciel à la fois hostile…. et arrivés à la voiture, rassurés, un nouvel haïku s’inscrivit dans le calepin :
Mince voile humide
Le tulle, la robe de mariée…
Parure pastorale…
***
3Nelly regardait son mari avec tendresse il lui plaisait de le suivre lorsqu’il imaginait des scénarios, il lui plaisait de l’attendre lorsque subitement il s’arrêtait pour noter l’inspiration avant qu’elle ne s’envole. L’inspiration n’est-elle pas comme l’ange ? Avec les années et la passion croissante de son mari pour l’écriture, elle vivait elle aussi avec un ange dans sa maison, elle le réalisait aujourd’hui. Tout comme Janine auprès de Jacques, sa vie auprès de Jean-Yves était avec la poésie une succession de pirouettes, de voltiges qui pulvérisaient le sérieux de la vie. Les poètes comme les anges planent, ils volent au-dessus des êtres et des choses.
L’homme a des ailes que la vie atrophie, la poésie allège le poids de la condition humaine. L’objet le plus banal devient trésor et l’esprit s’aventure sur d’autres pistes. La poésie est le soupçon de légèreté qui transforme le regard, modifie les relations, fait naître la confiance chez l’autre. Ouah !
Janine était auprès de Jacques quand il a troqué l’ange contre un billet. Le couple aurait pu passer son chemin, mais l’ange a attiré leur regard, il a provoqué la relation entre Prévert et la jeune brocanteuse. Liberté d’un instant, riche de regards échangés et l’objet joufflu à la mine joyeuse est resté dans le salon des Prévert comme un symbole de légèreté, le signe du sourire retrouvé.
La vie est une cerise
La mort est un noyau
L’amour est un cerisier*
Et l’ange est ce rien comme l’idée d’un sourire sur un visage « soleil de chiffon noir* ».
Nelly haussa les épaules pour sortir de sa rêverie. Ils arrivaient à St Germain des Vaux où, malgré la pluie, ils souhaitaient se promener dans le jardin que Janine avait paysagé avec ses amis artistes. Un hommage à Jacques, son poète.
***
4Mais le couple n’était pas au bout de ses surprises. En arrivant sur la place de St Germain des Vaux, un petit cirque y avait jeté l’ancre, bouchant à lui seul le principal accès au jardin, objet de toutes les espérances de Nelly. Son envie d’y entraîner son homme était grande, de nouvelles plantes étaient certainement venues embellir les parterres, depuis la dernière fois qu’elle était venue, et elle se faisait un plaisir de les présenter à son faiseur de vers. Mais comment résister à l’attraction quasi magnétique que distillait présentement ce petit cirque, si minuscule comparé à ses lointains et gigantesques frères Pinder ou Jean Richard. Et comme il se faisait tard, que contourner le village allait encore leur prendre pas loin d’une demi-heure et que par moments pour tout vous dire, elle n’était pas loin d’éprouver une certaine lassitude à tresser des couronnes à son auguste époux, elle entraîna ce dernier à sa suite. Le jardin, attendrait, est-ce qu’ils ne devaient pas attendre eux-aussi jusqu’à demain pour visiter la maison de Jacques Prévert !
C’était un de ces petits cirques ambulants comme il en existe encore quelques-uns dans toute la France. Son chapiteau ne dépassait pas les vingt mètres de diamètre. Quelques camions peints dans des couleurs vives portaient le nom ronflant de cirque « Morino ». Mais ce qui les fit se figer sur place, c’est lorsqu’ils aperçurent la tête imprimée sur les affiches : c’était celle d’une très jeune femme dont le visage apparaissait auréolé d’étoiles et portant sur les épaules une jolie paire d’ailes argentées.
L’affiche proclamait que Mademoiselle Angelina Morino, célèbre trapéziste se produisant dans les plus grandes capitales du monde, ne faisait certes pas le « saut de l’ange », mais que sa virtuo-
sité donnait le sentiment d’appartenir davantage à la sphère céleste qu’à celle bien terrestre de tout un chacun. En dehors de ce numéro qui promettait d’être sensationnel, le petit cirque mettait en avant des numéros d’animaux savants remarquables.
Un peu déçu que la visite du jardin qui lui était réservée, ait été rangé momentanément au rang de distraction secondaire, Jean-Yves ne put s’empêcher de s’exclamer en désignant une photo :
- Regarde Nelly, c’est incroyable !
En effet, la photo montrait un clown faisant effectuer à une bande de chats une scène fort intéressante : il s’agissait d’une sorte de marché aux esclaves dans lequel les créatures destinées à la vente, n’étaient autre que des souris. Tout y était un gros matou noir en commissaire priseur, un chat patelin, racoleur en diable ne cessait de faire tourner les esclaves sur elles-mêmes. Une affiche précisait que les souris n’étaient pas destinées à garnir les panses de leurs acheteurs, non, elles allaient devenir des animaux de compagnie…
***
5À ce moment-là, ce fut au tour de Nelly d’attirer l’attention de son compagnon. Un longiligne homme aux longs cheveux blonds filasse, habillé d’une longue veste grise et d’un pantalon à damier noir et blanc, bouscula la petite troupe qu’ils formaient. Il avançait en protégeant de sa main droite quelque chose qu’il tenait enveloppé sur son bras gauche. Comme ils étaient tout près de lui, ils ne purent pas l’ignorer : il s’agissait d’un ange. D’un ange !
Nelly serra fortement le bras de son mari :
- Incroyable, non !
- Tu crois que…
- Absolument, c’est le même…
Cet homme faisait parti de la petite troupe d’artistes ambulants. Il n’avait pas l’air très à l’aise, cherchant sans équivoque à dissimuler son trophée. Il se dirigea très vite vers une caravane et, sans se retourner, il claqua la porte. Nelly et Jean-Yves étaient troublés et par la vision de l’avatar de l’ange de la maison de Prévert et par l’attitude de cet homme bizarrement accoutré. Ils décidèrent, d’un commun accord, d’abréger leur aventure et de regagner le lieu de leur villégiature. Une bonne nuit de sommeil et demain sera un autre jour !
Omonville, terrasse du bar central, 9 heures, nos deux amis déjeunent en feuilletant un quotidien local : « La maison de Jacques Prévert va être fermée plusieurs jours et les peintres ont été priés de quitter le jardin à 19 heures hier soir ». Cet entrefilet, en très peu de lignes évoquait un vol commis en ces lieux : une enquête était en cours. Le dernier croissant eut du mal à passer et Nelly préféra même y renoncer quand l’homme longiligne aux cheveux blonds filasse prit place à la table voisine et de suite leur adressa la parole :
- Je vous ai repérés hier soir et je devine ce que vous imaginez !
Il reprit son souffle et commanda un « allongé ».
- Vous pouvez me dénoncer à la gendarmerie car c’est moi l’auteur du larcin…
Il alluma un cigarillo, tira deux bouffées et reprit :
- Cependant, vous auriez tort, ceci n’est pas vraiment un vol mais plutôt une…oui une restitution. Cette sculpture a beaucoup de valeur chez nous, les Tziganes, et ce personnage qui se l’est procuré à un vil prix auprès de la tante Rita, c’est lui le filou car, au vu de ses fréquentations, il ne pouvait en ignore la véritable valeur de l’objet.
Il sortit l’Ange d’une grande poche de sa gabardine d’un autre âge.
- Je vous confie ce trésor et vous supplie de le rendre à la fille de Rita. Elle est aux Saintes Maries de la Mer à veiller sa mère morte depuis quatre jours. Voici le nécessaire pour entrer en relation avec elle.
Le manouche s’était déjà éclipsé quand Jean-Yves esquissa un geste de refus ; il était trop tard !
Nelly recouvrit la statue avec son chapeau qui de toute évidence ne servirait à rien aujourd’hui : le ciel étant encore très obscurci ce matin.
Cette histoire avait débuté avec la toile de Cannelle aussi, après avoir réglé les consommations, celle du Grand Blond incluse, ils se mirent à la recherche de l’artiste qui ne devait pas encore avoir quitté le village….
***
6Ils avaient remarqué la veille le camping-car de leur amie sur la place, par bonheur il était toujours là, alors ils laissèrent un mot sur le pare-brise. Ils enjoignaient à leur amie de les rejoindre à l’hôtel où ils « créchaient » car ils avaient des révélations à lui faire concernant le « Cher Rubens ».
Le message était volontairement énigmatique pour échapper aux soupçons que pourrait avoir un lecteur indiscret. Nelly redouta toute la journée que Cannelle, prenant le message pour une plaisanterie, ne vienne pas. Jean-Yves quant à lui tempêtait : « Mais il se prend pour qui cet homme avec ses ch’veux d’ange* et sa barbe de fleuve*, il se prend pour qui pour se permettre de nous imposer une mission sans se soucier le moins du monde de notre avis ! Et comment allons-nous faire pour aller aux Saintes Maries de la Mer alors que nous sommes sensés reprendre le travail lundi ! ». Ce qu’aucun des deux n’osa dire, c’est que l’idée d’aller à la gendarmerie ne les effleura même pas ; ils redoutaient qu’une malédiction leur tombe dessus au cas où ils trahiraient la confiance du gitan.
Cannelle, poussée par la curiosité, rejoignit ses amis au moment où ils finissaient leur repas. Nelly aussitôt la conduisit dans la chambre.
- Voilà ! dit-elle en dévoilant, d’un geste nerveux, l’ange qu’elle avait enroulé dans un drap.
Cannelle la regarda incrédule :
- Mais, enfin, ce n’est pas possible…vous êtes fous !
- Ce n’est pas ce que tu crois ! répondit Jean-Yves qui arrivait.
- Assied-toi nous allons t’expliquer.
Ils contèrent toute l’histoire à leur amie.
- Je comprends, dit-elle, vous aimeriez que je retourne chez moi en faisant un détour de 8OO kilomètres, pour aller aux Saintes Maries de la Mer remettre la statuette aux gitans ?!
Elle accepta !
Arrivée aux Saintes Maries, elle rechercha le terrain des gens du voyage. Elle trouva une simple aire de stationnement grossièrement clôturée. Un espace inhospitalier, où elle reçut un accueil chaleureux…Elle remarqua tout de suite une caravane entourée d’objets hétéroclites, de fleurs multicolores, de tissus bariolés… et elle pensa que ce pouvait être la caravane de Rita. Quand elle demanda à parler à la fille de Rita, l’un des hommes se dirigea vers la caravane d’où sortit Angelina Morino, Cannelle reconnut immédiatement la jeune trapéziste du cirque, elle l’avait vue sur un prospectus que Nelly lui avait montré.
- Je t’attendais dit-la jeune femme, il était dit que tu viendrais, tu as apporté le putto ?
Cannelle sortit de son coffre la statuette de bois.
- Je te remercie, tu es mon amie maintenant, grâce à toi je vais pouvoir enterrer Rita. J’ai promis à ma mère que cet ange, auquel elle tenait tant, l’accompagnerait jusqu’au ciel. Sa caravane, avec tout ce qui lui a appartenu, partira en fumée, mais l’ange, lui, se reposera en terre, à ses côtés. Ainsi doivent-être les choses pour que tout soit en ordre chez nous les Gitans.
Cannelle assista à la cérémonie, dehors, il y eut des pleurs, il y eut des chants, mais quand la fille déposa l’ange à côté du corps de sa mère, elle entendit dans l’éclatant silence de la chambre mortuaire, les plus douces paroles de l’amour retrouvé, dites par la voix même de la personne tant aimée par la gitane…et elle vit, oui elle vit, la chambre un instant s’éclairer comme jamais palais ne fut.*
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* « La vie est une cerise….cerisier », l’image « soleil de chiffon noir » sont de Jacques Prévert dans Chanson du mois de mai (Histoires)
* ses ch’veux d’ange et sa barbe de fleuve (un matin rue de la colombe dans Histoires de
Prévert)
* dans l’éclatant silence….(Les derniers sacrements dans Histoires de Prévert)