Des sillons
Je n’écoute pas les murmures d’ombre des dernières feuilles.
Je ne les écoute pas, elles tombent, défaillent et se taisent ;
elles meurent après avoir joué leur partition.
Je n’écoute pas la voix rauque des vieux chênes ;
je sais leur sève engourdie par trop de froid.
Amis enracinés, dormez. Dormez, je veille, et je passe en silence.
Vous avancez immobiles dans le tumulte du monde.
J’attends à pas feutrés le crépitement des écorces,
Je tends mon souffle à une rumeur d’oiseau frissonnant.
Au coude de nos ramifications nouvelles,
nous cernons la même vie. Des sillons du temps
jaillissent des fontaines, à l’aube.