Histoire de mots

HISTOIRE DE MOTS


Lorsque les mots naissent de mon cerveau
Ils s'échappent aussitôt et s'évanouissent
Je ne sais pas ce qu'ils deviennent
Ils ont leur vie propre
A condition que je les ai couchés
Au moins une fois sur le papier,
Comme pour m'en libérer.

Chaque fois que je les garde en moi,
Sans les écrire, ils m'envahissent,
Ils s'enhardissent
Ils me crient leur besoin de liberté.

Ou que je sois, quoique je fasse,
Je dois les libérer.

On dit que l'écrivain accouche de ses mots.
C'est absolument ça.
Ils naissent et puis s'envolent et s'éloignent de moi
Je les relis parfois, longtemps après
Et m'extasie de leur beauté
Du bruit qu'ils font entre eux
De leur résonance à mon oreille
De leur signification
de leur vérité

Je me sens toujours plus légère
Lorsque je les ai couché
Sans jamais presque jamais raturer
Sauf une ou deux fois
Quand j'ai pensé trop vite
Plus vite que de les écrire

Et, puisqu'ils me viennent toujours la nuit,
Si jamais je cède au sommeil,
Lorsque je me réveille pour aller les écrire,
Les premiers mots ne sont plus jamais les mêmes

Ils ont changé
Ils se sont changés en mots banals
Ils ont perdu leurs rimes
Leur poésie
Je ne les reconnais pas.

Du coup, je suis déçue
Je suis comme à la rue
Orpheline de mes mots
Dont je ne me suis pas laissée accoucher.

Je les regrette, ils me manquent
Ils ne reviennent jamais pareil
Jamais si beau

Je les pleure longtemps
Mais maintenant que je perds un peu de ma conscience
Mes idées, je les oublie

Tous ces mots
Toutes ces phrases
Je les balance aux oubliettes de ma vie
Et comme je deviens sourde aussi
Ils peuvent gueuler
Je ne les entends plus
Alors je ne les pleure presque plus.

Je pleure plus souvent sur mon petit cerveau
Qui s'échappe, qui m'échappe
Que sur mes mots avortés
Rentrés dans l’œuf
Désacouchés

Alors que créer un ensemble de mots
Qui auraient eu une vie propre
Enfin une belle vie
A émerveiller des tas de paires d'oreilles
Par leur musique, par leur sens,
Ça c'est beau
C'est émouvant
Ça prend aux tripes
Ça vous file du bonheur au cœur
Vous vous sentez quelqu'un
Et même, et même
Vous vous aimez.


À moi mes mots
Revenez-moi
Ne me laissez jamais
Jamais tomber

10 janvier 2012

En fait, tu aurais pu en faire un texte, un texte tout court (enfin, tout long) en oubliant les retours à la ligne et les majuscules.
Une profession de foi, ça s'écrit tout d'un trait

C'est vrai, je me suis d'ailleurs un peu tâtée.

Bon je vais peut-être le transposer... Merci ma bibiche.

J'ai aimé cet élan d'écriture dans lequel je me retrouve assez, sur certains points. Les mots s'emportent, t'emportent, souvent nous transportent et nous portent au-delà de nos mots (maux).
Bisous à toi !

Ce texte me renvoie (toutes proportions gardées) à celui de Romane : "J'écris" :
https://cercle.forumperso.com/t944p15-j-ecris#2098
Disons, en complément.

Ah Filo et ses compliments bordés de parenthèses qui te cassent en deux en juste 3 petits mots, mais tout, tu sais que je prends tout le positif de tes posts si rares, me concernant.

Alors, je savoure 11 mots positifs et 3 que tu penses tout autant et j'ajouterai, moi aussi, puisque grâce à toi (merchi Du Filo, not' bon Maître) j'ai pu découvrir ce texte qui m'a et me fait un énorme effet parce que ce qu'elle écrit, je le vis aussi de manière très proche lorsque le stylo me démange.

Sûr que son texte est plus aboutit que le mien, pas plus retouché. Plus profond, plus libre plus arraché aux tripes du coeur. Les mots te frappent la gueule, écorchent ton cerveau et dans le même temps ils te font un bien fou, de telle sorte que tu ne seras plus jamais le même.

Je n'oublie pas, derrière mes petites moqueries à 2 balles, que c'est grâce à toi que mon écriture s'est bigrement libérée. A toi et à Constance

Merci de ton passage Filo, à..... quand je posterai une autre bricole qui te plaira un peu, même un dix huit millionnième de ce que tu aurais lu de Romane et même, je suis bonne fille, de qui tu voudras.

Le bonsoir,
Une bise à ton bouchon, Noé
(sauf erreur ? de mémoire, de la vieille dame que je deviens. Sur ce plan là)

Tu interprètes mal ma parenthèse, Cath.
Vos deux textes sont différents, et les "proportions" ne sont pas de l'ordre du talent, ou qualitatives, mais de la façon de traiter le sujet, très différente : Romane a écrit le sien sur un mode emphatique, pamphlétaire, à dessein purement artistique (bien que tripal comme toi), alors que tu as écrit le tien de façon intime, confidentielle, quasiment un bilan personnel qui nous est adressé. Le sien peut ainsi être mis en musique, comme une chanson, comme universel, alors que le tien s'écrit et s'analyse à l'aune de qui tu es.

Quant à ton âge, je te signale que j'ai le même !

Oups, j'allais répondre comme filo, sans voir qu'il avait répondu.
Je voulais parler d'un manifeste pour Romane - un texte qui se dit haut et fort - et d'une poésie de confidence - qui se murmure - pour toi.

De retour Cath ? Pas trop dur ?

Bises à toi.

Libère, libère, ma belle... je suis flattée de faire partie de tes petites révolutions intérieures. Ca fait du bien de lâcher par rapport à tout ce que tu es obligée de supporter physiquement.
Même analyse que môsieur filo et mâme garance, sinon.

ok ok je me rends, j'ai mal compris la parenthèse.
Faut croire que je suis sûrement plus susceptible lorsque j'ai mal. Peut-être même sans avoir mal, il y a longtemps que je le sais mais je l'oublie parfois parce que c'est un sentiment que je ne veux pas faire mien. Malheureusement, il se ré invite toujours à l'insu de mon plein gré !

Et peut-être bien que je ne m'aime pas encore assez car je me sens souvent votre inférieure à vous trois, et pas que sur le plan de la poésie. Et pas que vous trois, cela m'a valu bien des embrouilles avec une collègue psy scolaire il y a voyons... 6 ans. Vous n'y êtes pour rien, c'est mon histoire, je fais avec. 7 ans d'analyse ont quelque peu changé la donne.

Le Cercle et Lu sont pour moi deux nids de personnes droites et respectueuses qui ont infiniment de cœur, qui ne jugent pas et savent donner, non pas pour recevoir mais pour partager.

Lu et Cercle : Sites de partages multiples et générateurs d'amitiés virtuelles ou autres.

Merci du temps que vous prenez pour communiquer, je ne le rends pas autant que je le souhaiterais, problème d'organisation qu'il me reste à régler mais on court tous après le temps.

Filo, je reste flattée que tu ai trouvé un lien entre mon texte et celui de Romane... Et que tu l'ai lu. Et que vous l'ayez lu.

J'avoue que je ne lis presque plus les textes postés ici, tu sais, mais pas seulement les tiens. Parfois je tombe sur un et voilà.
Je n'ai plus assez de temps pour ça, il ne faut pas le prendre comme un désintérêt personnel.
Je n'ai même plus le temps d'écrire moi-même.

Et merci pour ton hommage.

Bah c'est comme moi, trop occupée pour lire beaucoup de textes mais toi, je sais que tu es un touche à tout artistique et comme chacun sait, on ne peut pas tout faire.
Du moins pas à fond, comme on aimerait.
Moi par exemple je n'arrive pas à choisir entre l'écriture poétique et finir mon bouquin, peindre et m'adonner au scrapbooking, et puis le théâtre (spectacle en vue le 24 mars) et le chant choral.
Le problème c'est que j'aime tout, cela sans parler de mon boulot que j'aime beaucoup.

Bon eh bien au plaisir de se recroiser.

Pfff, inférieure, j'te jure...

Écoute, je ne dis pas que j'a! ra!son de penser ça, je dis que, malheureusement, ça m'effleure encore de le penser tout en me disant "m'enfin pourquoi..."
Faut bien que je consulte pour quelque chose hein...