Le caillou et la montagne

Le caillou et la montagne

Tout s'emmêle et s'éclaire au bout du compte.
Le caillou noir aux traits de quartz
Et la montagne aux rais de neige et de lumières blanches

Le blanc et le noir sur le damier des jours

Noir le deuil de la page à tourner
Et noire la montagne de l'Aude
Blancs le taureau et l 'amour en robe de mariée dérobé au mariage
Blanche la page et noire l'encre de Chine
Pour s'unir en arabesques signifiançailles éternelles
Les signes sont dans le caillou du chemin
Et dans l'horizon déchiré des sommets
Après le temps d'y cogner les pieds et d'y rendre le souffle
Le temps de lire les messages confondus
Les bœufs sont attelés
Ils attendent l'aiguillon
Et la terre la poussée du soc pour révéler ses fruits
La saison vient en bras de chemise
Sortir le poisson des noyades et des eaux tumultueuses
Pour l'ailer oiseau blanc
Une espèce nouvelle de goéland des monts
Désertant les grèves vaseuses où s'engluent les pieds
Il plane sur l'entre deux
Des vallées luxuriantes aux rivières claires
Des ondes ensoleillées et de leur lit scintillent des pépites
Elles valent le sacrifice d'une plume taillée
Pour écrire la beauté.

Je t'ai lu Gérard, mais je suis très occupée, alors... pas le temps de répondre autant que je le souhaiterais.
Quartz est un mot lumière dans les trois premiers vers et fort bien placé au bout du deuxième vers.

"Les signes sont dans le caillou du chemin
Et dans l'océan déchiré des sommets"
et puis..."Elles valent le sacrifice d'une plume taillée/Pour écrire la beauté"

J'aime "cueillir" les cailloux des chemins, mais ils nécessitent une attention constante pour ne pas s'éteindre ; comme les fleurs ils ont besoin d'eau et de soleil.

J'aime beaucoup !
Mais je regrette un peu les jeux de mots, ainsi que l'expression "pour l'ailer oiseau blanc" que je n'ai d'ailleurs pas comprise.

Je confirme pour les deux citations d'Alizé : sublimes, "l'océan déchiré des sommets", et le "sacrifice de la plume taillée".

J'ai aimé le contraste noir/blanc qui fait que tout s'harmonise, j'avoue que j'ai aussi un peu buté sur les jeux de mots, peut-être trop nombreux et qui coupent la fluidité de la lecture à mon sens.
Mais j'aime l'ensemble

J'ai toujours eu quelques soucis avec le blanc mais peu avec la page blanche à vrai dire, il fallait toujours qu'elle soit barbouillée.

J'aime particulièrement ce vers
"l 'amour en robe de mariée dérobé au mariage"
Je ne sais plus comment s'appelle ce procédé stylistique, mais j'adhère.

L'allitération.
Nous avons même un fil ludique à ce sujet ici : https://cercle.forumperso.com/t44-fous-d-alliterations

Non, je ne fais pas allusion aux sonorités.
Le fait que ce soit non la femme en robe de mariée mais l'amour qui en plus a été dérobé au mariage. Sans en être un vraiment, je pensais à une forme d'hypallage ou alors métonymie ?

J'aime beaucoup ton texte.

merci de vos lectures.
J'admets que souligner de tirets certains mots gêne la lecture. Chacun peut prendre ces jeux de sens à son compte ou pas sans qu'il y ait besoin de les rendre plus lisibles.
Pour Filo : donner des ailes à un poisson (dans le vers qui précède) peut se dire : l'ailer, non ?

geho a écrit:

donner des ailes à un poisson (dans le vers qui précède) peut se dire : l'ailer, non ?

Hum hum, en théorie, ce semi-néologisme pourrait très bien passer oui, mais en intransitif. Mais là en plus tu le transitivises, ce qui fait vraiment étrange sur l'ensemble du vers.
En tout cas, c'est sûr qu'à la lumière de ton explication je comprends mieux !