j'ai déposé pour toi dans un panier d'osier
quelques pots de fraîcheur emplis de fin d'orage,
des soupçons de printemps cueillis près d'un rosier
puis des rires d'enfants éclatant les vitrages.
Un vent de connivence avec un champ de blé
est venu tutoyer un alizé complice
pour qu'ici tu frissonnes et que je sois troublé
par ce sein dénudé au parfum de réglisse.
J'ai déposé pour toi dans un sachet de lin
des pétales de lune aux premières aubades,
le chant d'une fauvette, effilé, cristallin
dans cet endroit secret où sont nos dérobades.
Tu trouveras aussi près de l'ancien pêcher
un nuage endormi au début d'une averse ;
le ciel aurait voulu sans doute l'empêcher
d'être autant de douceur pour nos tendres commerces.
J'ai déposé pour toi un paneton doré
encore endimanché de poussière d'étoile,
et ce rêve dedans aux reflets mordorés
quand l'amour en été revient tisser sa toile.