Cojoux
Les chevaux sont de pierre
Sur la lande
Un fil de quartz les a imaginés
D'un souffle tellurique
D'une poussée de magma
L'un noir et l'autre blanc
Face à face
Ils n'avaient plus qu'à naître
Pour de vrai.
Sur la lande
Le vent chante l'intemporel
Envague la fétuque et le pâturin ;
Digitale, callune et orpin
Ont mangé les pigments du schiste
A fleur de peau ;
Mais où genêts et ajoncs
Vont chercher leurs ors ?
Au soleil ?
Un monstre s'est endormi
Sur la lande
Où n'émerge plus
Qu'une épine dorsale.
Endormi ou mort ?
Une hache sismique l'a semble-t-il
Déchiré d'une faille
Laissant saillir les côtes ;
Dans le fond le sang stagne, noir.
Sur la lande
Je suis à nu ;
Accrochés aux mégalithes
Aux arbres maigrichons,
Aux mares sombres,
Des haillons de rêves s'agitent
Et me font l'article ;
Le faucon chasse,
Deux ânes broutent,
A chacun ses nourritures.