Ce n'était pas prévu. Les meilleures choses le sont rarement remarquez...
Une amie de la danse a décidé de s'installer pour une année, et plus si affinités, dans la capitale portugaise. Ses grands-parents y ont un magnifique appartement, elle sera donc bien installée pour chercher un travail et parfaire son portugais, en vue d'une future réorientation professionnelle.
Je suis invitée, comme d'autres filles de la danse. Une semaine en juin où je serai reçue comme une reine, chouchoutée, et promenée les jours où cette amie ne travaille pas.
Pour le reste, je découvre, je flâne, le nez au vent mais avec un bon guide dans la poche.
L'appartement se trouve merveilleusement situé, à l'entrée du vieux quartier de l'Alfama.
Si Lisbonne s'est en grande partie effondrée lors du tremblement de terre en 1755, l'Alfama, qui a vu passer les Romains, les Maures ("al-hamma" signifie d'ailleurs "les sources") et les croisés en 1142, est resté intact grâce à ses solides fondations. Avec ses allures de médina, ses "travessas" (ruelles), "becos" (cul-de-sac), ses odeurs de sardines grillées et ses accords de fado qui résonnent sur les "praças" (placettes), l'Alfama se visite au hasard.
Mais où qu'on se trouve, la mer n'est jamais très loin
Près de la maison, il y a aussi une délicieuse placette avec une vue panoramique de la capitale. On y va le soir pour déguster tranquillement un porto en regardant le coucher du soleil. C'est le "miradouro da graçia", un des nombreux points de vue en hauteur de la capitale lisboète.
Evidemment, il tire son nom de l'église qui se pavane sur la petite place
La vue y est tellement belle qu'on s'attarde volontiers. Vous remarquez au loin le pont Vasco de Gama, le plus long d'Europe, qui ressemble beaucoup au pont de San Francisco. Et complétement à gauche, un petit bout du château de Sao Jorge
En zoomant, on aperçoit mieux les remparts du château de Sao Jorge, une forteresse maure du IXe siècle
Encore un beau point de vue, le Largo das portas de sol vu côté mer
... et côté terre
J'y trouve même une joyeuse bande de jeunes portugais en tenue d'époque, qui prennent la pose
J'arrive au gré des ruelles au castelo de Sao Jorge, qui domine Lisbonne. Les Maures, puis les croisés en 1147, les rois portugais puis les prisonniers, se sont succédé dans cette forteresse
Quelques canons antiques achèvent de raconter une histoire martiale
Depuis le 15e siècle, les azulejos (dont le nom vient de l'arabe "az-zulayj", pierre polie) font partie de la vie quotidienne des lisboètes. De très nombreuses façades sont recouvertes des ces carreaux de céramique colorés. Certains sont très anciens, d'autres contemporains, mais ils restent une caractéristique de la capitale portugaise
La tour de Belem, construite en 1515 sur le Tage pour défendre le port de Lisbonne, est aujourd'hui classée par l'Unesco.
Cet ouvrage, typique du style manuelin (16e siècle), comporte quelques cachots fort humides mais avec une vue magnifique
En se promenant sur les quais, on découvre aussi le monument des découvertes.
Il a été édifié en l'honneur de tous les marins et découvreurs de nouveaux mondes, et surtout pour Vasco de Gama, "le capitaine éloquent", qui débarqua en Inde en 1498 après un an de voyage et la perte de la moitié de son équipage
Au bord du fleuve, à la nuit tombée, des bâtiments modernes étonnants, en fait des appartements de grand luxe
Dans un autre style et dans un autre quartier, l'Elevator Santa Justa... vous reconnaitrez sans peine un style Eiffel très prononcé, puisqu'il fut construit par un élève de cet architecte
La très belle gare de l'Orient, construite par l'architecte Santiago Calatrava
Les rues sont tellement raides qu'on est vraiment heureux de pouvoir attraper un des fameux trams à crémaillère. Celui-ci, l'Elevator da bica, tient plus du téléphérique
Voici l'intérieur du très fameux tram n°28, qui traverse les quartiers les plus pittoresques de Lisbonne et constitue à lui tout seul une vraie attaction...
Au bout de la ligne, le très agréable quartier de la Estela et sa belle basilique en forme de meringue
Je me repose dans le délicieux et frais jardin en face de la basilique
Me voilà repartie en goguette.
Je parcours, le plus souvent à pieds, les jolies ruelles lisboètes. Elles sont d'ailleurs pavoisées en l'honneur de la fête prochaine de Saint-Antoine, le saint patron de la capitale, la plus grande manifestation religieuse et festive au Portugal (avec les matchs de foot). C'est d'ailleurs un jour férié.
On dit que la sainte trinité au Portugal, ce sont les 3 "F" : fado (la musique), Fatima 'la vierge) et football
Impossible de rater le beau musée national des azulejos : on y retrouve toutes sortes de ces carreaux très colorés, depuis les simples dessins géométriques jusqu'au scènes rococo de la Renaissance
Mais c'est une tradition bien vivante, aussi existe-t-il des azulejos modernes, comme cette représentation en hommage à Pessoa, le poète bien-aimé des portugais et surtout des lisboètes... et quand je dis qu'il est adoré, ce n'est pas simplement une image. Non seulement on le révère, mais, plus étrange encore pour un poète, on le lit... c'est tout le contraste de ce peuple rude et frugal, mais parfois désespérément romanesque
J'ai décidé aujourd'hui de faire une petite traversée en ferry pour voir la statue immense du Cristo Rei qui se trouve sur une ile en banlieue de Lisbonne, la même qui surmonte les hauteur de Rio au Brésil (celle-ci a servi de modèle)
Vu de plus près, c'est assez impressionnant et effectivement immense. C'est aussi très laid
On prend un ascenseur ultra rapide pour monter au sommet, et là, on peut dire que la vue est époustouflante. Le vent aussi...
Vue imprenable sur Lisbonne
Et le fameux pont Vasco de Gama : 17,2 km, des fondations qui s'enfoncent à 85 mètres en dessous du niveau de la mer, une résistance aux vents de 250 km/h. On a même dû tenir compte de la courbure de la terre pour le construire
En haut, il y a également une boutique de bondieuseries absolument ébouriffante, où je dénicherai un cadeau top pour ma copine Annie : une vierge de Fatima en plastique phosphorescent vert, qui brille dans le noir... il faut savoir qu'on fait toutes les deux une compétition d'objets de cultes méga kitsch... là j'ai marqué un point.
Revenons à des choses plus classiques... de retour sur terre, je visite le très calme et délaissé couvent des carmes
L'entrée se situe sur cette délicieuse placette, où les arbres embaument. J'y ferai un déjeuner tranquille
Le couvent a quelque peu souffert du tremblement de terre. Mais il y règne une atmosphère très paisible, presque endormie
On y trouve aussi, en plus de quelques momies d'enfants précolombiennes plutôt impressionnantes, rangées dans la bibliothèque, des sculptures modernes étonnantes
Et voici, dans un quartier que j'affectionne particulièrement, le très impressionnant monastère des Hiéronymites.
J'adore ce quartier car on y trouve la plus ancienne pâtisserie de Lisbonne, la très réputée Antiga Confeitaria de Belem, qui confectionne depuis 1837 les "pasteis de nata", une recette inventée par les moines du couvent d'à côté. Un tout petit gâteau fait d'une pâte très feuilletée croustillante, fourrée d'une crème fondante et saupoudrée de cannelle. De quoi se damner....
Revenons au culturel : le monastère des Hiéronymites, construit au XVIe siècle dans le style manuélien (du nom de l'empereur Manuel I) en l'honneur de la découverte des Indes par Vasco de Gama, classé au patrimoine mondial de l'Unesco. C'est une dentelle de pierre ébouriffante, un feu d'artifice architectural, une pure petite merveille, un rien trop ostentatoire à mon goût quand même
Vasco de Gama y a son mausolée, et, chose plus étonnante, typique de cet amour qu'ont les Portugais pour leurs poètes, le tombeau de Luis Vaz de Camoes, qui relata les aventures épiques du fameux capitaine dans son poème "Les Lusiades", se trouve juste en face
Le réfectoire. Vous remarquerez les azulejos sur les murs
Un dernier tour dans les ruelles de la capitale, des plus soignées...
... aux plus décrépies
Et refermons ensemble, si vous le voulez bien, les fenêtres de cette escapade à Lisbonne