Je n'ai pas souvenance de vous avoir permis
De me tutoyer comme si nous étions amis.
ça commence fort là! c'est du lourd, comme dirait l'autre. Histoire de mettre les points sur les zilles, les accents sur Conflexe, et les vaches à l'étable.
Je commence à coucher sur le papier glacé
Les mots comme ils viennent, il y 'en a assez.
Pour dire tout et rien avec Brio et Emphase, ( deux gus que je ne connais, ni Dave ni Dadant )
Il faut juste pour cela, construire une phrase.
Treize à la douzaine
Il y en a plus qu'il n'en faut
Comme dirait Germaine:
" ça vaut ce que ça vaut! ".
En grande philosophe, et en disant ça, elle n'est pas prête de se gourer. Y 'a des phrases comme ça qui mettent à l'abri de la connerie universelle.
Entre nous tout ceci ne vaut rien
Et Germaine la cupide le sait bien
Car les choses de l'esprit ne sont pas commerciales
Elle le tient d'ailleurs de son cousin Martial
Qui l'aidait au marché à écouler ses légumes
Enonçant ses vérités lourdes telle l’enclume
Avec une autorité parée d’amertume
Il faisait le dimanche ,dans la philosophie
Il avait de qui tenir : sa tante Sophie
Qui dans sa vie, fût six fois veuve
De la scoumoune permanente, elle en était la preuve
Elle en voulait au bon Dieu et y croyait à sa guise
C'est pour cela qu'on la voyait rarement à l'église
Elle dont le dernier mari était dans le show biz
Redoutant de croiser les fidèles de la paroisse
Convaincue que ce sont eux qui lui portaient la poisse
Les hommes, elle le sait, lui étaient interdits
Elle ne voulait pas les voir monter tous au paradis
C'est pour cela qu'elle pensa fortement se faire nonne
Elle eut en vision dans un rêve: La Madone
Qui lui intima l'ordre à corps et à cris
De n'épouser qu'un seul homme: Son fils Jésus Christ!
Elle s’exécuta dirons-nous de bonne foi
En entrant au couvent pour épouser la Sainte croix.
Mais que faisons-nous au couvent, plume folle
Ce n'est pas là notre propos, ce n'est pas là notre rôle!
Nous sommes partis souvenez-vous,d'un papier glacé
Vous êtes là sur le point de rudement me froisser!
Tenez- là, bridez-là un peu votre folle du logis
Elle s'en va dans tous les sens, je sens que je rougis.
Mais que puis-je faire maintenant Madame la Censure?
Vous savez qu'elle n'a de limites que sa démesure!
Depuis l'aube des temps elle n'en fait qu'à sa tête
Malmenant durement les artistes, les poètes.
Quand çà lui chante elle fait le tour du monde
juste le temps de le dire, en une fraction de seconde.
Elle peut subitement sonder le fond des abysses
En sortir, pour faire du firmament une très belle esquisse.
Voulez- vous une preuve? Soit qu'il en soit ainsi.
Mais qui aurait donc inspiré Léonard de Vinci?
Qui aurait tenu la plume à Charles Baudelaire?
Si elle ne lui avait constamment maintenu la tête en l'air!
Et Debussy et Ravel et tous ses musiciens
Qui sont devenus par sa force d’éternels magiciens.
Tenez, voilà, il faut que je vous le montre
Vous ne pouvez à cette démonstration vous prononcer contre.
Je trempe ma plume dans l'encrier,
J'écrase mon mégot dans le cendrier.
Elle s'empare de la plume qu'elle fait sienne
Et trace des mots calligraphiés à l'ancienne.
Dans un français si parfait ne laissant aucun doute
Que c'est à une drogue dure, qu'elle s'adonne, qu'elle se shoote!
Jugez-en :
Vous vouliez savoir qui réellement je suis
Je suis née avec vous et je mourrais aussi
Je suis cette énergie qui hante votre esprit
C'est moi qui vous dicte tous vos écrits.
Je suis votre imagination, votre esprit créatif
Allez, reprenez votre plume ne soyez pas craintif!
Je serais à l'affût, toujours à votre service
Je suis de la page blanche, le pire des supplices!
Que cela soit dit.
Amen.