Opus d'Octobre

Huitième avant dixième
Trois syllabes, une octave.
Triolet sur la palette
De Vlaminck et de Matisse.
Les ors fauves jouent aux cordes
Du vent mauve des bruyères,
Dans les brumes ourlant les brandes,
Une lumineuse symphonie.

Le poète prés de sa muse,
S’épanche sur la trahison
De la maîtresse tant chérie
Qui préféra piano à mots.
Les Hèspèrides dansent encore,
Sous les pommiers croulants de fruits
Riches du larcin d’Héraclés.
Obéron les rejoint la nuit.


La quintaine malgré son arc
N’affole plus les passereaux
Pillant le grain que le semeur
Jette en terre qu’ameublit
La herse lestée de pierre.
Sur la grève, le long des murs
Les bourgeois croisent les marchands
Comptant déjà épis aux grains.

Surligné d’un feutre dément,
Son nom est entré dans l‘histoire.
Camarade, un joli mot
S’il n’est écrit avec du sang.
Odessa, Ekaterineburg
Transibèrien d’espoir à mort
Rouges et blancs portant le feu
Aux steppes que Blaise rêva.

L’automne sera malade,
Si ton amour n’y survit pas.
Pour conjurer mélancolie,
Invoque les noms d’Octobre,
Suis les violons de Verlaine
Et la Seine de Guillaume
Le triangle des migrateurs,
Jusqu’aux grands bûchers de Samain.





PS: Comme son nom l'indique, dans l'Antiquité, Octobre était le 8ème mois car l'année commençait en Mars.
La 3ème strophe est inspirée de l'enluminure du mois d'Octobre dans les Trés riches heures du duc de Berry.

La fée Morgane ou les riches ors d'octobre: ça pourrait être un beau titre non? Merci en tout cas pour ce balayage qui rafraîchit nos petites cervelles incultes.

Pfffffffffiouououou !!!!!
Ah ben oui, je me sens grave inculte après avoir lu ce texte.
J'ai la sale impression (non j'en suis sûre) d'être passée à côté de presque tout, parce que je n'ai pas les références, les connaissances adéquates.
L'impression d'avoir touché du doigt un truc extra auquel on comprend à peu près rien... Comme lire un texte en anglais !

A part tout ça, bravo ! Joli texte.
Merci
Cath

quelles références ! j'en ai laissé échapper quelques unes moi aussi, qui est le poète ? et j'ai obéré Obéron, inconnu au bataillon de mes souvenirs...

Je n'ai pas recherché l'effet "cultivée" c'est juste ce que m'évoque octobre, ça et autres sensations.
Le poète c'est Musset qui dans "la Nuit d'Octobre" gémit sur l'abandon de Georges Sand qui l'a plaqué pour Chopin (d'où le piano).
Obéron c'est le roi des fées, dans "Le Songe d'une Nuit d'Eté.
Ekaterineburg, c'est la ville où fut massacrée la famille impériale pendant la Révolution d'Octobre.

Merci Morgane pour ces utiles précisions. Elles m'aident à mieux goûter ton poème, sublime parmi les plus sublimes.
Je l'ai relu plusieurs fois depuis et même s'il y a encore des références qui me sont inconnues, cela est moins gènant, voire plus du tout. On parcours ton univers peuplé de tes mots avec un bonheur indicible. Je m'avoue pleine d'admiration, simplement.
Et ne t'inquiète pas, je sais bien, du peu que je te connais, que tu n'as pas "recherché l'effet cultivé". C'est là ce qui t'honore".
J'ai beaucoup aimé :
"Surligné d’un feutre dément,
Son nom est entré dans l‘histoire."

Bravo encore,
Cath