Ecrire pour...

Lire ne suffit pas toujours, j’ai parfois besoin de rencontrer des gens qui écrivent pour m’y mettre à mon tour. Il ne faut pas les rencontrer trop souvent sinon je me laisse submerger, sinon par leur réussite, au moins par leur passion, pleurant sur mon propre talent gâché par tant d’oisiveté.

Pleurer ne sert jamais à rien, surtout quand on est un homme. On me l’a appris tout petit, le cerveau marqué au fer rouge du machisme. Du reste, j’avais appris à apprivoiser l’échec, troquant mes rêves littéraires pour des utopies musicales. Besoin d’un rêve. Besoin d’une carotte. L’envie musicale troquée contre un désir d’union, écrire est aujourd’hui redevenu cette activité solitaire parfois si sordide.

Rencontrer des gens qui écrivent revient à effacer un peu de cette solitude, la similitude m’est finalement rassurante.

Ecrire pour soi, c’est provoquer son impuissance.

Je crache sur le monde du haut de ma fenêtre parce que je ne trouve plus les clefs de ma cellule. Le jour où je serai à vos côtés sur le trottoir, sous votre parapluie, je gonflerai mon mépris de vos arguments sans recevoir la moindre goutte, économisant ma propre salive pour briller en soirée.

Je me suis mis à lire des livres d’astronomie pour me construire un sujet de conversation, j’aurai mieux fait de compulser l’astrologie en douze leçons par madame Soleil, où à la rigueur faire des études de météorologie qui, en plus d’intéresser absolument tout le monde pour diverses raisons, permet d’éviter de passer par Lyon quand on va à Bordeaux, ou de se retrouver en palmes, tuba et maillot à Aurillac.

Le temps se couvre, sortez vos parapluies.

Ecrire me met au pied du mur, page blanche de mes angoisses noircie de mes aigreurs.

Le commun des mortels fait semblant de ne pas comprendre mais se délecte de ce genre de propos, du moment que quelqu’un se mouille à notre place, quand tout sera dit ça fera du bien de se passer de nos banalités de langage. Plus besoin d’inventer, plus besoin de rêver, plus besoin de haïr ni même de dire je t’aime, si tout n’est que reprise contentons-nous de la mort commune.

On espère toujours, dans chaque livre, trouver les réponses à nos questions les plus profondes, et si possibles d’autres questions en remplacement. L’ignorance est aussi rassurante que le savoir, questions de priorités.

Je n’apporte pas de réponse, je me contente de me poser les questions.

L’écrivain qui a déjà été publié n’écrit plus de la même manière, car il a été contraint de noyer l’écriture à la place qu’on lui a trouvée dans le monde. L’angoisse n’est plus la même, cependant il ne peut plus écrire seulement pour lui-même. Faire un autre succès ou le trouver enfin. Ne pas replonger dans l’angoisse primale. Ecrire pour l’autre.

Rencontrer des gens qui écrivent me fait du bien, cela me rappelle que je n’écris ni pour eux ni pour moi, mais pour toi.

D’un coup la moindre angoisse s’éclipse.

Je regrette le coté bateau de ce texte, parceque je sais que tu as des choses à dire, et plus originales que ca j'en suis sure...

on attend les autres (avec impatience...)

Merci.
J'ai écris ce texte en une demi heure au retour de la rencontre, il y avait d'autres choses dedans que je n'ai pas écrites ici parce qu'en général je me contente de parler des gens qui ne vont pas me lire.
Le tout a été inséré dans mon roman, avec le côté bateau qui caractérise mon personnage dans les moments où il dit lui-même être un écrivain raté...
Forcément, sorti du contexte ça n'a pas grand intérêt.
Je l'ai mis là juste parce que c'est la rencontre qui l'a provoqué... un jour vous lirez peut-être le tout quand j'aurai réussi à achever ce difficile travail d'écriture du roman...
On se demande toujours comment on fait pour écrire un roman, je ne sais pas... toujours est-il que c'est très difficile... que j'ai besoin d'échange mais que je ne peux donner à lire ces bribes inachevées... que j'ai besoin d'avis mais dois me contenter pour l'instant de vivre seul avec mes mots et le lourd labeur qui les accompagne... je touche au but, je vais l'achever bientôt...
En attendant vous m'avez inspiré pour un petit passage nécessaire dans ce roman... voilà ce que je voulais vous dire ici.

A moi ton texte m'a plus que plu, je m'y suis sentie chez moi, sûrement parce que j'y ai trouvé des sentiments qui m'habitent.... Parce que moi aussi, j'ai commencé l'écriture de quelque chose qui sera peut-être un jour un livre... Va savoir !
La fin, après les 'parapluies' m'a juste un peu moins accrochée que le début mais ce début sonnait si chouettement à mes oreilles que ça me laisse un joli goût et c'est cela qui restera dans ma mémoire....

Grand merci à toi, ton texte m'a éclairée sur mon désir d'être lue...
Cath

Prophète Nombre de messages : 4029 Date d'inscription : 07/07/2007

Effectivement, on trouvera ici un peu moins d'originalité, de rage, et de cet humour un peu tordu que j'apprécie tant. Et peut être plus de lieux communs.
Mais le propos est intéressant, et le fait que tu précises plus tard que tu l'as écrit après la rencontre m'éclaire sur la motivation de ce quasi petit pamphlet .
Aucune de tes questions ou de tes réflexions ne me semblent "bateau", il reste quand même toujours, bien que ce texte soit peut être plus "léger", ce besoin d'approfondissement qui te caractérise.

De bonnes choses, notamment l'image de la fenêtre et des parapluies... toi & les autres, et l'idée de lire des livres d'astronomie pour se créer un sujet de conversation, succulent...
Mais je crois que l'essentiel tient pourtant juste dans le deuxième paragraphe. Le pourquoi et le comment de ton écriture.
C'est pourquoi la fin m'a surpris.