Il est en ma demeure, aux pensées solitaires,
Quelque douce langueur en onde insignifiante,
Et mes larmes seraient de nature indécente
S'il fallait que j'en use pour des peines légères.
Il est en ma demeure, aux affres d'un destin,
Quelque vive douleur ou cinglante souffrance,
Et guérir me serait inutile espérance
S'il fallait que ces maux se répètent sans fin.
Il est en ma demeure, aux doutes effrayants,
Quelque grave fêlure en mon âme effritée,
Et l'amour me serait de peu d'humanité
S'il fallait qu'il me dise "offre-toi à présent".
Il est en ma demeure, aux souvenirs enfouis,
Quelques bribes de sens que font les rémanences,
Et je sais qu'elles seraient raison pour que j'avance
S'il fallait que je vive aux seuls rêves enfuis.
Il est en ma demeure, aux heures entassées,
Quelque vide béant ou déserte jachère,
Et les âges venant en convoyer la terre
Me seraient l'avatar de tant de mes chantiers…
S'il fallait que je meure, résigné d'un passé.