Je n’ai pas pu danser
Sur les chemins de lune
Car le monde piaffait
Et voulait m’amener
Jusqu’à ma propre fuite.
Je voulais voir les yeux
D’un monde souverain
En plénitude force
Et tendresse de cœur
Mais il s’interposa.
J’ai regardé ces gens
Au teint abasourdi
Par leur maison défunte
Qui ensablait leur vie
Les rendant miséreux.
Je me mis à danser
En attrapant le temps
Pour le déshabiller
De ses habits de peine
Et le couvrir de blanc.
Redevenu moi-même
Par ce blanc de genèse
J’ai habillé la vie
De voiles de tendresse
Pour me faire présent.
J’ai balancé l’écume
Sur nos champs de paroles
Dansé sur les pliures
Des sillons révolus
Agrégeant leurs ouvrages.
J’ai encré leurs regards
De couleurs éphémères
Déroulant les saisons
Au fur et à mesure
De leur envie de vivre.
Par ces écrits de corps
J’ai tailladé le temps
Pour rougir sa violence
Décérébré ses vices
En pustules amères.
J’ai flirté avec la mort
Me jouant goulument
De sa noirceur de geai
Et croqué dans ses flancs
L’impatience du monde.
Je l’ai gobé cul sec
Avalant les phalanges
D’un monde corseté
Se croyant tout permis
Dans le nous des dictions.
Je suis le moi le double
Dont l’écho rugissant
Ressemble à s’y méprendre
Aux simagrées d’un corps
Se repaissant de tout.