Créatures urbaines

Les créatures urbaines
rôdent
en quête d’un espoir
instable et indéterminé
elles ne sortent jamais sans les attributs
qu’impose leur statut de victimes
de la mode
des hommes
bref de l’empire consuméro-patriarcal

Parce qu’elles le veulent bien.

Toutes leurs extrémités sont pointues, acérées et luisantes
leur gibier de princes charmants ferait mieux de se protéger
leurs fausses odeurs se prennent pour des chants de sirènes
leurs peintures de guerre aussi
et leurs cheveux dénaturés
et les hauts et les bas serrés
pour révéler le zèle aux prérogatives imposées
ou au moins pour faire illusion

Plaire, c’est exister

Elles ne sauraient se satisfaire
des petites joies banales,
d’un corps banal,
d’un homme banal,
alors elles aspirent à de vagues idéaux
tenant plus du dénouement de conte de fées
que de leur réalité de sirènes acérées.

Mais avec indépendance !

Alors ne pas oublier de tuer l’œuf
de fondre le gras en fumée
- le cancer c’est les autres -
de suivre la tendance
ne pas perdre le rythme

Tout, tout de suite

Les créatures parisiennes
arpentent les boulevards
échassiers compulsifs
prédateurs fragiles
armés d’idéaux,
de caprices, d’artifices
et de cartes de crédit.

on s'y croirait. Le portrait est cinglant. Vive la décadence quand tout n'est plus qu'apparence. Au creux de ma campagne, j'ai trouvé la vie, l'être et je regarde ce que tu décris avec un mélange d'éffroi et d'envie de rire tant c'est ridicule. Tous à poil et bas les artifices!

à poil, brrrrr...mais je comprends qu'après ton séjour, la vie parisienne te paraisse bien superficielle...elle l'est souvent. Mais il reste quelques personnages vrais dans tout cela, et des êtres de chair et de sang qui ne dorment pas dans les beaux quartiers, parfois à même le trottoir ou devant des vitrines, enveloppés dans des couvertures pour qu'on ne les voie pas.

"Toutes leurs extrémités sont pointues, acérées et luisantes"
On dirait du Michaux!
Et aussi, peut-être, un hommage indirect à toutes les moches, les vieilles, les grosses,les pauvres... parce ce qu'elles le valent bien!
J'aime beaucoup, en tous cas.

Ca, c'est un vrai coup de gueule... j'en connais, hélas, des nanas comme ça, prête à tout pour un jean Diesel ou une besace griffée. Et qui pensent attirer le prince charmant avec du miel de synthèse.
Mais bon, un peu d'indulgence aussi, on leur a seriné que le bonheur s'achetait, certaines y croient.
A part ça, j'aime beaucoup ce texte au goût tout compte fait plus amer qu'acide.