La tendresse des autres

Un jour viendra où les démons sortiront de dessous le lit, où les colères s'exprimeront ou senfuiront, où tu trouveras la tendresse des autres si agréable à prendre, et la tienne si bonne à donner. Je te le souhaite vraiment. Et le plaisir de la création. Et le désir de vivre.

Entre Epiphyte et toi, faut s'armer d'optimisme pour résister !
Parce que, quelque part, ce que tu dis et la façon dont tu le dis nous agenouille au pied du mur de façon implacable.
Tu as ce talent, n'en abuse pas, par pitié !
Coup de coeur pour ta facilité et ta liberté à te réaproprier les mots, en néologismes ou en tournures perso, mais petit bémol pour le "chier" de la dernière phrase, qui jure avec le reste (littérairement of course).

Oui, mais que de vérité dans ce que tu dis. On se demande parfois si l'on a fait une erreur quelque part pour que la vie soudain devienne vide et lente comme un hiver interminable.
Puis on se rend compte qu'on n'a fait d'autre erreur que celle d'exister et d'accepter les risques du bonheur, de l'autre, de la tendresse. Les accepter, c'est accepter le spectre de la souffrance. Les refuser, c'est être morte. Nous avons au moins le choix. Peut être.

Je connais cette porte sur laquelle le front se cogne.
Sauf que toi, malgré tout, tu as encore les mots pour le dire!
Très beau texte.

Oui, superbe texte, j'ai frémis sous sa beauté. Parce que tu dis vrai et parce que tu as tord... En clair, il est des jours où je pense comme toi et d'autres où je pense optimiste comme Véronique dans son post. Cela, c'est pour le fond.
Pour la forme, d'accord avec Filo, le "chier" jure vraiment. Et puis, je me suis surprise à voir le texte dans une autre forme et... allez je te le propose........

"LA TENDRESSE DES AUTRES

Il fut un temps ou la plume était vive,
Ou l’esprit lacrymait des mots étranges et beaux.
Il fut un temps donc, ou la mémoire défunte colorait
D’inventés souvenirs d’enfance, et ou l’existence fantasmée
Etait heureuse et douce.

A présent l’imagination est recluse
Dans sa prison de chair et ne veut en sortir.
L’esprit est effrayé par le moindre soupir,
Il ergote et escargotte en vain,
Refusant de se battre pour revivre, enfin.

Les larmes, qui auparavant servaient
D’encre aux pensées translucides,
Ces larmes ne sont plus que des croutes de sel
Qui suffoquent la peau, qui masquent le visage.

La solitude étouffe, on lui préfère la foule,
L’illusion chimérique de n’être pas perdu.
On s’ouvre au monde physique tout en fermant la bouche,
Tout en fermant les yeux pour ne rien dire de soi,
Pour ne pas voir les autres, pour ne pas s’engourdir
Dans un bonheur confus, ivresse dérisoire.

On aimerait parler, mais l’honneur nous étouffe,
Et l’on n’ose pas dire les monstres sous le lit
Qui nous hantent encore malgré le temps qui passe.

On aimerait écouter, mais l’horreur nous rend sourd,
L’horreur nous rend idiot, égoïste et amer.
On aimerait voir, bien sur,
Mais on est prit en joue par la peur, et on fuit.

On fuit la guérison, celle qui permet d’écrire,
Celle qui permettrait d’enfin vivre au grand jour
Ailleurs que dans ses rêves.
On lit du Baudelaire, et l’on vit dans un monde
Peuplé d’os noirs, de vers, de charognes
Rongées et de beauté funèbres.

Parfois en un sursaut
L’esprit jette quelques mots
Sur des feuilles froissées,
Que l’on froisse un peu plus
Dans cette colère muette
De ne pouvoir exprimer
Qui on est par des stances.

Ou bien qui on croit être…

On est vaincu par la tristesse de l’abandon.

Mais finalement, ce qui nous fait c....,
C’est le bonheur des autres,
Et leur tendresse, parfois."

Voilà, je l'aimais déjà avant, mais là c'est le bonheur des mots qui coule dans mes veines. Et ces jours-ci vois-tu, il ne coulait plus trop...
Merci Lame
Tendresse particulière pour ton titre qui m'a beaucoup attiré.
On ne soigne jamais assez ses titres parce que c'est la partie émergée de l'iceberg.
Cath

les coups de Lame sont rares mais saignants. Et la solitude tenace, rarement partagée avec une autre tant chacun est plus prompt à prendre qu'à donner...
quel bel élan.

Merci pour vos commentaires...
Je suis étonnée que vous me fassiez tous remarquer que le "chier" de la fin jure autant avec le reste du texte... c'est volontaire...

quant au fond... je parle plus d'une amie que de moi en fait, même si je crois qu'une bonne part de moi meme l'a en fait écrit.

Merci encore.

Lame

Encore un coup dans l'estomac.
Tes écrits ont de la force et l'agencement curieux me laisse à penser que les mots sont posés sur la feuille en exutoire, comme une libération.