J’arrive devant l’immeuble. Tiens, je l’imaginais plus cossu … D’une main, je tiens la bouteille de vin de circonstance, de l’autre, j’appuie sur l’interphone.
Au même moment un groupe, la quarantaine (deux types et une fille), arrive. Je suppose qu’ils sont de la soirée. Je lance :« Vous aussi vous allez chez… ? »
D’emblée, le gars en col roulé noir, me balance un sourire pétillant pendant que la fille à côté de lui, s’assombrissant, me fusille du regard!
« Merde, la soirée commence bien. »
On entre. Je ne connais personne.
« Viens avec le cœur ouvert ! » C’est ce qu'ils m’avaient dit lorsqu’ils m’avaient invitée à cet anniversaire.
J’aperçois le maître des lieux .Tiens, il a l’air fatigué. Il reçoit mon présent avec peu d’enthousiasme. Je suis gênée.
L’ambiance : neutre à plein.
J’apprends peu à peu que tout le monde se connaît plus ou moins. En fait, ils font tous parti de la même société de créations de programmes informatiques, je crois ....Certains sont venus avec leurs femmes, d’autres entres copains.
Je repère deux exilés dans le couloir, un couple de vieux anglais qui ne connaissent personne. Pas question que je fasse le pied de grue dans l’arrière boutique avec eux!
Je m’avance. Voyons. Je jette un coup d’œil sur l’assemblée. Rien de bien excitant pour l’instant. Puis sur le buffet. Désolant. Pas une mini pizza ou même quelques olives du pays. Rien. Des trucs secs de supermarché qui craque quand tu les croques et des bouteilles. Des tas de bouteilles : cognac, whisky, champagne, vin, coca, ice tea sur la table sans nappe !
Mon hôte s’approche de moi, convivial, un pack de bière à la main : « T’en veux ? »
Bien sûr, comme il est convenu, personne ne me présente à personne.
Pas de panique, si je ne veux pas me retrouver plantée au beau milieu du salon comme une cruche, il va falloir agir.
Donc 1/ Le buffet.
Je choppe un verre en plastic et je me fourre une gorgée de cacahuètes dans le gueuloir. Le temps de repéré un groupe de mecs pas trop coincés, je m’avance doucement. Il faut dire que nous sommes en début de soirée et comme personne n’est bourré pour l’instant, l’ambiance est plutôt molle.
« Salut ! Moi c’est… »
Après avoir laissé sous-entendre que je ne connaissais personne, viennent les questions concernant nos statuts réciproques. J’apprends de ces individus plutôt sympas en l'occurence, qu’ils travaillent tous dans la même boîte dans des secteurs différents. Conception, production, diffusion…
« Et toi ? »
A chaque fois, j’hésite à divulguer mon activité, à cause de l’effet immédiat que ça produit, sur les mecs surtout.
« Prof de philo…"
Heureusement, j’ai appris à rebondir avec le temps et après avoir essuyé quelques bons mots nourris de souvenirs vaseux de cours de terminale, je m’en sors par une pirouette. Alors ils se rassurent...
Non, je ne suis pas une extra-terrestre gambadant d’un pied léger sur la planète Neptune; une débranchée totale du réel qui plane au dessus de la nuée dans son 4x4 tiré par sept girafes ailées... Je suis là, comme vous, avec mes problèmes de fins de mois et ma fatigue. Comme toi……
2 : Je me dirige à nouveau vers la table et hop ! Je remplis mon gobelet de champagne et m’envoie une dose de « crispi_chose » dégueux dans le gosier.
C’est alors qu’apparaît la femme d’un des gars avec un bébé qui commence semble-t-il à peine à marcher. A quel âge ça marche, ces choses ? Dés que je le vois, je me dis qu’il ressemble à Mimosas, le fils adoptif de Popeye le marin.Pas très joli quoi, le mome. Et pourtant, à peine entré dans la pièce, il déclanche tout autour de lui toutes sortes de roucoulements. « Ho ? qu’il est mignon. » « Il marche bien maintenant » Et la mère, une petite blonde plutôt fadasse qui caracole !
Je m’en mêle : « C’est vrai qu’il est mignon, il a quel âge ? »
Et la soirée continue…
Moment de blanc intense.
Mes hôtes, considérant sans doute que je me débrouille très bien toute seule, m’ont définitivement abandonnée à mon triste sort.
Plus de cacahuètes dans les assiettes.
C’est alors qu’arrive l’ ami du maître des lieux : un vieux célibataire, la cinquantaine avec des lunettes.
Dés que je l’aperçois, je comprends, regards complices à l’appui, la raison de mon invitation.
Le couple cherche à caser le vieux !
Je décide donc, sans transition, de rejoindre ma bande de pots, la trentaine. On cause, on rit un peu. Je commence même à sympatiser avec le petit brun… assez mignon d’ailleurs.
A ce moment là, la sonnerie retentit et déboulent dans la pièce deux gonzesses d’environ 25 balais, habillées de cuir !
La première : une petite brune avec un visage ingrat mais qui semble avoir du caractère et la deuxième une super blonde sexy genre top-modèle-magasine. La blonde, avec sa bouche pulpeuse et son teint de rose s’avance directement vers nous. A cet instant le gars avec qui j’étais en train de discuter change d’apparence. Subitement je vois, ses yeux sortir de ses orbites et son nez s’allonger subrepticement en direction de la belle qui quant à elle s’approche vers moi tel un obus et me lance innocemment :
« La maman, je suppose … »
Ensuite, il fallut attendre encore une petite heure, pour la forme, avant de s’éclipser…