Métaphores

J'ai l'occasion de lire pas mal de poésies, un peu partout sur le Net, beaucoup moins sur papier dans des livres parce que j'achète très rarement dans ce genre et uniquement sur coup de foudre.

Mon constat est simple ; on trouve de la banalité, voire de la médiocrité à force de trop de banalité, dans la conception des poésies.

Qui ne s'est pas essayé à la poésie ? Mais qu'en fait-on, "après" ?

Le sentiment, l'émotion, sont les deux moteurs principaux poussant à prendre le crayon (ou le clavier) pour les coucher noir sur blanc. Sauf. Sauf que le manque de recherche fait que la plupart du temps, on lit des expressions convenues, usées, on s'y attend même et cela me navre de les rencontrer partout, à tout bout de champ. Le manque de recherche pour traduire l'intraduisible me fait penser qu'on entre de plein fouet dans une littérature de plus en plus pauvre dans laquelle tout le monde se complait.

Bien sûr, on rencontre des exceptions (encore heureux) et des plumes vives, osantes, fraîches et royales. Mais quel dommage d'être obligé de traverser la marée des noyades...

L'usage des métaphores manque cruellement. On dit "tu me manques, tu n'es pas là, je t'aime et je ne t'oublierai pas, je pleure et je suis seul"... mais... mais il y a mille autre manières d'exprimer la même chose en des termes bien moins basiques ! Des images à saisir ! Des couleurs auxquelles on donne une texture, un mouvement, pour symboliser l'amour, la tristesse, l'espérance ou la désespérance ! Il faut fouiller, choisir, rejeter et fouiller encore, jusqu'à ce que les mots viennent, rares et précieux, incomparables à tout ce qui s'est écrit à l'infini !

Sinon... à quoi bon ?

Qu'en pensez-vous ?

Parfaitement d'accord avec toi, bien sûr. La métaphore est le moyen idéal d'atteindre l'allégorie nécessaire au sentiment poétique. Même si ce n'est pas le seul.
Solweig et Margo sont ici passées maîtresses dans cet art, tout en gardant une personnalité et une sensibilité tout à fait propres. Certains aiment plutôt jouer avec les mots simples, certains les triturent et les placent dans des contextes inattendus et frisent le surréalisme, ou les poussent jusqu'à ce que certains aiment appeler le "néo-réalisme".

Personnellement je me suis essayé un peu à tout sans toujours que ce soit réussi, mais c'est effectivement la métaphore que je préfère.

Je suis entièrement d'accord avec toi. La majorité de ce qu'on lit sur le net est affligeante.
Les "auteurs" ne travaillent pas leurs textes, ils alignent des mots, quand ils écrivent correctement le français c'est déjà pas mal.
Oui, la métaphore est un des ressorts essentiel de la poésie, c'est dire "autrement", en outre ça laisse au lecteur une marge d'interprétation avec sa sensibilité propre.
Je suis souvent surprise de ce que les gens voient dans mes textes que je ne pensais pas y avoir mis.
J'use aussi de la symbolique, le tout est de ne pas sombrer dans l'hermétisme et de ne pas sacrifier le fond qui reste essentiel à la forme.

Tiens à ce sujet, je vous soumets un commentaire à propos d'un de mes textes: "Pluies" sur un certain site et qui me semble assez révélateur.

"...s'en serait presque pathétique...
Mais je crois que tout ça part d'un malentendu.
Facile à corriger : margo, arrête de lire les bouquins de la collection arlequin, et corrige ton éducation littéraire. Back to the classique : lis (re-lis) verlaine, voiture, ségalène, baudelaire et comprends enfin ce que la poésie doit être !
Et par pitié, réfreine tes élans lyriques ! C'est important de savoir motiver les gens quand tu es un général qui fait partir ses soldats au front, mais dans presque toutes les autres situations, ces accents tragico-baroques sont complètement ridicules.
Le mysticisme des belles images, soyons francs, ça n'a jamais réussit à personne (enfin si quelq'un connait des auteurs qui le font bien, je suis toute ouie), et ça demande de soutenir un vrai sujet, par des rêveries solitaires de jeune fille en fleur.
mARGO, un petit retour à la vraie vie, peut-être ???"

Heurg...?
Une telle critique me laisse perplexe, pour être polie.
Margo, une jeune fille en fleur ? (quelle sagacité)
Quant aux auteurs qui se débrouillent pas mal dans le mysticisme lyrique, voyons... la Bible ? le Cantique des Cantiques ? et tutti quanti.
Pathétique, c'est le mot.

Margo, ce n'est pas un commentaire, que tu nous fais lire, mais un règlement de comptes pauvrement déguisé en semblant de commentaire. Pas même constructif. Ce peut-être motivé par un milliard de raisons qui concernent la personne qui t'a écrit ça. Il n'en demeure pas moins que bof bof, l'argument ne tient pas.

Oui, pour reprendre le post de morgane, en fait j'ai parlé de métaphores, mais ce n'était qu'un prétexte pour dire que même ça, beaucoup n'y pensent pas. Bien sûr, les symboles, et puis tout ce qu'on peut inventer, issu de notre propre esprit créatif, de notre propre sensibilité. Inventer des conjugaisons de tout ce qui existe pour trouver ce qui n'existe pas. Notre propre alchimie.

Mais je crois que vous avez tous compris ce que je veux dire et que nous sommes d'accord.

arf, margo, je ris toute seule en relisant le ridicule de ce commentaire reçu. Ici, on dirait : laisse pisser et vide ton verre que je t'en serve un autre.

Au sujet des métaphores, je crois qu'on est tous d'accord.

Quant à ce commentaire hallucinant et pathétique, Margo, je suppose qu'il sort de OR (puisque tu n'es pas sur EffetMer), et je comprends mieux pourquoi tu en es partie toi aussi.
Je fréquenterais encore cette vitrine à ego, je serai accouru à ta rescousse et je crois que j'aurais été très méchant.

Alors Erato (la muse de la poésie lyrique et érotique) est au chômage? Et les jeunes filles en fleur n'ont plus le droit de rêver?
L'auteur de ce "com" qui est plus comme dit Romane un réglement de compte perso sait donc tout de la poésie?
Je révère beaucoup de poétes, mais "Nous sommes des nains montés sur des épaules de géants"Yves de Chartre, un intello du XIIIéme siècle. Autrement dit ce qu'on fait les autres avant nous nous sert de tremplin pour notre propre création. Ca nous sert mais ça nous permet justement de voir plus loin, d'évoluer. Ecrire comme... peut être un exercice de style interessant, mais ce n'est pas de la "Création.
Je me souviens d'avoir il y a des siècles (j'étais jeune, lol) participé à un concours de poésie. Je ne sais plus ce que j'avais envoyé ni ce que ça valait, mais je me rapelle ma colère en voyant que le texte primé était une pâle copie du Bateau Ivre.
Il faut s'émanciper des grands anciens.

Complètement d'accord avec toi, Morgane. Pour tout dire, je ne suis pas loin de penser que ceux qui prônent la copie de style et qui l'appliquent, ne sont pas foutus d'être eux-mêmes inventifs et qu'il tentent de retourner leur incapacité en rabaissant ceux qui osent.

Je ne me suis jamais laissée démonter par ce type d'argument, et je t'encourage à continuer dans ton propre chemin littéraire. Cela n'exclut pas le plaisir de lire autre chose, de se tester à ce qui existe déjà, mais je crois que ça ne sert qu'à nourrir notre propre entité d'écriture.

Et c'est tant mieux. Sinon, quelle pauvreté de genres artistiques dans ce monde dit "de création" !