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 Antigone doit mourir

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4 participants
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Belette
Fidèle
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Belette


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Signe particulier : Ours lunatique
Date d'inscription : 07/07/2007

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MessageSujet: Antigone doit mourir   Antigone doit mourir Icon_minitimeMar 6 Nov - 3:28

..

- Debout


J'entrouvre péniblement les yeux, picotés par l'acidité du mélange de larme et de sueur qui les baigne. Le parquet est froid contre mon front. Ca fait du bien. Je porte une main pâle à hauteur de mon visage : elle tremble encore, mais les doigts, rendus flous par ma vision fiévreuse, réagissent de nouveau à mes appels. La crise passe, je reprends mon empire sur ce corps.


- Ne reste pas ainsi vautrée à terre, cette faiblesse est du plus grand ridicule.


Indifférente à la remarque, je sens mes phalanges suivre le tranchant de ma clavicule et entreprendre doucement l'ascension de mon cou, jusqu'à en effleurer ma nuque. Frisson. Les muscles se raidissent brutalement à ce contact, je ferme les yeux violemment pour ne pas hurler. Dans le noir
convulsant, mon esprit se déploie avec précaution et explore mes chairs dans une angoisse glacée : la dégageant avec difficulté des tissus fibreux qui y sont agrafés, il met à jour avec une horreur croissante la colonne d'aiguilles de mon épine dorsale. Je serre les dents : ça brûle...


- Je sais. C'est lorsque tu es tombée au sol que...


... Du regret ?
Incrédule, je me détourne de mon dos, et, ordonnant à mes paupières de se soulever, fixe mon attention sur sa présence. Je la distingue mal, les contours sont incertains, et pourtant je la perçois avec une précision redoutable malgré mon état. Surprenant.
Incroyable aussi que cette densité sentimentale nouvelle : comme quoi même les pires bourreaux ont un souvenir de conscience.


- Ne m'appelle pas comme ça !


... Du dégoût maintenant ? Décidément, ce petit bout de personnalité commence à ressembler à quelque chose... Continue comme ça et tu finiras humaniste ma grande. Je me promets de noter scrupuleusement toutes ces observations si j'en ai l'occasion. Ne pas le faire serait dommage : "on ne les voit pas grandir"... Une voix familière. La mienne.


- C'est plus fort que moi, j'ai pris l'habitude d'appeler ainsi ceux qui frappent pour soumettre et non pour se défendre. J'espère que tu me pardonneras cette liberté sémantique.


Silence.


- Bien sûr, c'est plus facile pour toi pas vrai ? J'ai le mauvais rôle...
Et on ne résiste que mieux à ce que l'on hait. Mais je n'agis que dans ton intérêt et tu le sais.

- Une vrai sainte quoi. Continue, je t'en prie, on dirait ma mère -l'affection et le parfum en moins- ça m'amuse beaucoup.


Changement de température dans la pièce. Mes sarcasmes commencent à payer : elle s'énerve. Agir de la sorte ne peut que me rapporter une volée de coups supplémentaires, mais le simple plaisir de la pousser dans ses retranchements en vaut la peine. Je peux presque sentir les efforts que fait son esprit pour repousser l'image que je lui renvoie d'elle. Elle souffre. Il est dur d'être contrainte à se comporter en ordure, et quand bien même nous reste la conviction rassurante de « faire ce qu'il faut », on n'échappe jamais aux tortures expertes du doute. Cette vision m'arrache un sourire mauvais : j'ai trouvé la faille ! Attends un peu, mon amour, attends un peu... Un pas de travers... Un seul... Je vais te mettre à genoux.


- J'imagine que c'est pour le bien commun que tu as fermé les yeux quand la foule a passé ce mec à tabac l'autre jour. Ils l'ont battu à mort tu sais ? A coups de poing, et ils l'ont fini avec les pieds... Tout ça pendant que tu m'empêchais de bouger et détournais le regards, espérant oublier que tu étais là.

- Comment aurais-je pu intervenir ? Dans un pays étranger, du haut de mon 1m68 les bras levés et mes 50 kilos les poches pleines ? Contre une populace en délire ? Tu me fais rire. Non, pire, tu me fais pitié. Tu crois vraiment qu'un discours enflammé, plein de fraternité, aurait pu sauver cet homme ? Cesse de jouer au philosophe pré pubère et indigné pendant deux secondes : Rémy sans famille a fini à la DASS et Bambi sur une assiette en carton de bal populaire, en compagnie de Babe version saucisse et jambonneau. Les convictions et les belles histoires sont bonnes pour les salons autour d'un thé et d'un muffin : quelles que soient tes aptitudes et ton éloquence, le QI d'une foule n'en est pas moins égal au QI du plus con divisé par le nombre de participant.

- Tu aurais pu au moins le regarder crever comme moi je l'ai fait ! Tu lui devais bien ça non ?! Tu aurais pu signifier ton désaccords en voyant les billets passer des mains des assassins à celles de la police locale. 10 000 CFA ! 100 Francs français, 15 putain d'euro ! La vie humaine est la seule constante inaliénable qui nous reste : tu aurais pu hurler, tu aurais pu aller vomir tes tripes derrière un buisson plutôt que de composer cet ignoble sourire en te disant « autre pays, autres moeurs » ! Tu aurais pu ne pas te trahir, ne pas te salir par lâcheté !


J'avais presque hurlé ces derniers mots.
Ils me laissent pantelante. Mon dos me lance mais la rage qui palpite sous ma peau suffit à me distraire. Je me suis laissée entraîner trop loin : j'ai le coeur au bord des lèvres. Je l'observe. L'attaque l'a laissée vacillante, mais elle est encore debout. Consternation.
Elle me retourne un regard de colère froide. Je comprends mon erreur avec retard et horreur : j'ai porté mes coups en considérant que son esprit était bâti comme le mien. Mais ce détachement qu'elle affiche me signifie clairement deux choses : j'ai échoué bien que je l'aie profondément blessée, et le temps de la pitié attendrie est fini. Elle reprend d'une voix sourde après un silence.


- Tu veux parler lâcheté ? Alors dis-moi pourquoi tu crains de dormir... Dis-moi pourquoi tu as refusé de fermer les yeux, nuits après nuits, après que je t'aie poussée hors du chemin de la voiture que tu t'étais choisie pour partir.


Son ton de voix est calme, mais je me recroqueville. Un voile de ténèbres m'effleure, je le repousse brutalement.


- J'étais déprimée, c'est tout.


Ma réplique sans force et son sourire carnassier m'épouvantent. Je n'aurai pas du m'exposer autant : ma diatribe m'a laissée sans défenses. A la va vite, j'essaye d'ériger un maximum de barrières pour affronter l'ouragan à venir.


- Non, c'était bien plus simple que ça. Tu avais peur de refaire ce rêve pas vrai ? Ou alors... Peut-être même avais-tu, et as-tu encore peur de reconnaître les traits de ton agresseur ? Peur de pouvoir remettre un nom et une odeur sur celui qui t'as fait don de ces cicatrices si étranges sur les jambes, les seules cicatrices de ton corps qui ne soient pas de ton fait, les seules cicatrices de ton corps dont la provenance t'as longtemps et malencontreusement échappée ? Peur aussi peut-être de comprendre pourquoi tu ne supportes pas qu'on te touche ? Ou pourquoi tu t'es tournée vers les femmes ?
Qui est lâche a présent ? Qui refuse d'affronter ses fantômes et ses insuffisances ?


J'ai manqué de prudence. Chaque mot qu'elle prononce balaye les simulacres de protection que je possède. On croit souvent qu'un esprit est une entité d'un seul tenant. C'est faux. On compartimente, on met sous clef ce qu'on ne veut pas voir, ou ce dont on veut se protéger, dans une sorte de boite de Pandore scellée. Luke Skywalker appellerait ça le côté obscur de la force, Virginia aurait préféré la formulation « a deep dark », quand Charles aurait parlé de Soleil Noir.
Par les rapports simples, mais évidents, qu'elle établissait, elle broyait méthodiquement chaque barreau, relâchant dans la partie consciente la meute des horreurs que j'aurai voulu oublier. Je vacille. Des informations mises au rebut depuis longtemps me submergent en un torrent d'odeurs, d'images, de voix... Tout un choeur perdu de murmures sensuels engloutit totalement ma boite crânienne. Mes mains se pressent compulsivement contre mes tempes. Je suis sur le point de perdre conscience. De toutes mes forces, dans un dernier élan, je projette mon esprit à la rencontre des seules bribes de mémoires qui ne soient souillées par les eaux sales des vérités qu'on nie. Mes amis. Les miens. Le sentiment d'attache. De toute mes forces je me tends vers eux, aveuglée par la souffrance qui explose ça et là en bouquets, étranglant un « aidez moi! » dans ma gorge trop fière. Ces ponts fragiles me maintiennent en équilibre instable, mais c'est suffisant pour charger mon regard de tout le mépris dont je suis capable, et de l'en défier, drapée dans un reliquat de superbe.


- Impressionnant. J'aurai cru te voir t'évanouir comme tout à l'heure. Ces entraînements seront précieux pour plus tard.


La haine me dévore les viscères et me brûle férocement de l'intérieur. Son ironie, flagrante, enflamme jusqu'à mon instinct de conservation qui part en fumée dans une flambée furieuse.


- Peut-être qu'étant déjà à terre, le coup t'a été moins dur à encaisser cette fois-ci. Ou alors la vision de ta propre douleur t'est-elle plus facile à supporter que celle des autres.


Ma main glisse subrepticement sur le plancher. Dans une circonvolution du bois, mes doigts rencontrent le tranchant de la lame de cutter qui avait échappé à ma prise lorsque j'étais tombée. Je l'attire discrètement contre ma paume, m'entaillant superficiellement la peau au passage. Aucune importance. Je me redresse aussi haut que me le permettent mes muscles aux contractions anarchiques, et la regarde droit dans les yeux. Ma voix. Calme.


- Je vais te détruire. Je vais en crever aussi, mais tu partiras avec moi.


Lentement je commence à me lacérer le poignet. On dit parfois qu'un suicidaire est triste au moment de l'acte. Pas sûre. Personnellement, j'en ressens plutôt une satisfaction sauvage, la joie démente de faire de ce moment mon triomphe final sur elle.


- Arrête ça !


Un tressautement dans ma main. J'affermis ma prise et continue impitoyablement mon oeuvre.


- Arrête, ça n'est pas sensé se passer comme ça ! Tu devais juste t'effacer et me laisser la place ! C'est comme ça que ça se passe pour tout le monde !


Amusée, je relève la tête pour graver dans mes mémoires son regard et ses gestes paniqués. Dans le miroir, mon visage me revoit son expression terrorisée.


- C'est pourtant toi qui me l'as dit. Depuis le début. « Tu dois partir, l'adolescence est passée, ton temps est fini, ce corps ne t'appartient plus ». Je pars. Je ne fais que m'exécuter.


Le jeu de mot involontaire étire mes lèvres en un sourire fou.


- Antigone doit mourir.

[ note : je suis peu accoutumée à la prose, présentant de plus un penchant effroyable pour le mélodrame et l'alambiqué... Gare aux étages ^^ ]
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MessageSujet: Re: Antigone doit mourir   Antigone doit mourir Icon_minitimeMar 6 Nov - 23:54

Heu, ma sauvage belette, je n'ai pas tout compris à ton texte...
alambiqué, certes. Et peut-être mélodramatique. Mais peut être aussi un peu confus. J'aurais peut être aimé plus de cohérence, un début, une fin, un pourquoi, un comment, je ne sais pas, moi...
Constance, effroyablement rationnelle sur le coup Very Happy
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MessageSujet: Re: Antigone doit mourir   Antigone doit mourir Icon_minitimeMer 7 Nov - 8:00

Evidemment, ce n'est pas un texte qui peut vraiment être commenté sur sa forme. Ni sur son fond.

Je crois que je comprends finalement beaucoup de petites choses dans ce texte, j'ai même l'impression d'avoir écrit la même histoire, avec d'autres mots, sous une autre forme.

Je ne me risquerai pas à une interprétation. Je ne suis même pas sûre de vouloir comprendre ce que je n'ai pas compris, au fond.

Tout ça pour dire que je suis passée par là...
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Lame
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MessageSujet: Re: Antigone doit mourir   Antigone doit mourir Icon_minitimeMer 7 Nov - 17:01

tout ca pour dire que parfois dans ta petite tete il se passe des choses... comme chez nous tous... t'es en pleine crise d'ado en somme...
^^

j'y retrouve totu ce que je connais de toi, en un peu plus violent peut etre... je n'aime pas trop le style, mais ce n'est pas vraiment le propos

les pensées sont diséquées, peut etre un peu trop justement, c'est ton plus gros defaut sans doute... à trop vouloir comprendre et analyser on perd le fil.... sauf celui du rasoir...
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MessageSujet: Re: Antigone doit mourir   Antigone doit mourir Icon_minitime

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