Vers la voie du guerrier

VERS LA VOIE DU GUERRIER
( voies sans issues revisited )

Boucles d'oreille en sang
aura hirsute projetée à trois mètres
voix presque aphone
pirate intellectuel
je suis sur le pont
mais je ne suis pas le timonier

Sophie
c'est l'été
nous sommes à Evolène en Suisse
ça fait dix-sept ans que je rêve de repasser
par ce lieu magique
oui nous sommes en Suisse
et je brûle d'embrasser ton bas-ventre
à m'en user les lèvres
mais au lieu de cela
je suis sur le pont
je compte les cadavres
les dégats collatéraux
des abjectes machinismes politiques

une ado aux veines tranchées
un homme d'affaires
qui s'est gazé dans son garage
au volant de sa Merco neuve
sans avoir écrit une lettre d'adieu
à ses trois enfants
les clandestins se décomposant
par grappes
au fond de la mer ou du désert
un SDF qui se jette du haut d'un viaduc
sur le TGV qui déboule
histoire d'être certain de ne pas se rater

" Faudra nettoyer la motrice, chef..."

je suis sur le pont
mais ne distingue plus grand chose
parfois mes mains
parfois vos yeux

car tout est devenu si silencieux
si terne
tellement convenu

ce n'est même plus le nombril du monde
ni même le nombril du nombre
mais juste le nombril du monstre

je suis sur le pont
le flingue de la modernité
pointé sur ma muque
et le scalp qui flambe
n'est qu'une nuance transitoire

je suis sur le pont
mais je ne suis pas le timonier

j'écoute

les plaines agonisent
les cavaliers se meurent
l'esprit retors de la nuance borgne
a dévoré la terre

" Si tu surmontes tes peurs,
tu sauras qui tu es..."

Tes ajouts, et notamment l'apostrophe à Sophie ne changent pas le fait que ce texte me touche comme avant.
La formule finale n'est pas mal du tout, mais j'aimais bien que ça se termine sur la strophe précédente...
Pour être bref, j'aimais déjà la première version, et j'aime celle-ci disons d'un scalp de plus.

J'avais exprimé aussi à quel point ce texte me remuait, et profondément.
Les ajouts me semblent tout à fait opportuns, même si les dernières lignes semblent un peu convenues par rapport à l'originalité de tes mots.