LE CERCLE Forum littéraire |
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| Surtout ne pas continuer | |
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epiphyte Gardien de la foi
Nombre de messages : 200 Age : 48 Date d'inscription : 10/07/2007
| Sujet: Surtout ne pas continuer Lun 26 Nov - 22:11 | |
| Les jours se ressemblent sans se suivre, mon existence n’est que douleur à perpétuité où l’indicible prend la parole, les mots m’ont mis sur le trottoir, putain du temps qui passe, je me vends aux imbéciles qui ne sentent rien que l’odeur de l’argent, je me vends aux aigreurs de souvenirs absents, je me vends aux regrets et aux peines éternelles. Je ne suis pas triste pourtant, tout sentiment m’est étranger, je vis dans un au-delà du chagrin et je ne puise ma force que dans les mots d’autrui. Je ne puise plus rien. Mon indigence n’a d’égal que mon affabilité, je ne reçois plus personne, je finis par me chasser moi-même d’un univers qui se construisait avec peine, l’errance n’est ni souffrance ni délivrance, plus j’y pense moins j’y pense, tout recommence, rien ne me panse, faire rimer le mot n’a plus de sens quand rien ne rime à rien, rien ne recommence, rien ne me dispense pourtant de vivre mais surtout ne pas continuer ainsi, surtout ne pas continuer, surtout ne pas continuer, surtout pas.
Les paragraphes se ressemblent sans se suivre, plus de ponctuation, plus d’invention, aucun vocabulaire, aucun néologisme, la langue se rie de moi et transperce la page, plus vivante que les hommes qui se posent des questions. Je ne me pose pas de question. Je ne caviarde rien. Agir c’est déjà vivre, penser c’est déjà vivre, enchaîner les paragraphes c’est déjà faire semblant de vivre, enchaîner le jour nouveau c’est déjà croire au lendemain mais hier ne me croit plus, aujourd’hui se garde bien de penser, demain n’est qu’une utopie.
Je ne me regarde plus et je ne vois plus les autres. J’enchaîne des jours de congé comme des paragraphes, à ne savoir qu’en faire, à me rouler dans mon absence pour me border de larmes et me couvrir de désirs, je rajuste le temps et puis tout disparaît.
Le talent m’offre des mots que je brûle aussitôt par peur de les perdre. Je ne conserve rien, j’ai tout brûlé de mes écrits, ne reste qu’un texte vague inachevé, où les jours se ressemblent sans se suivre, où les paragraphes se ressemblent sans se suivre, où chaque mot finit par imiter son semblable sans chercher à suivre le flot incessant de pensées captieuses, rien n’existe, rien n’existe, surtout ne pas continuer, surtout ne pas continuer.
Il ne restera rien. Sinon ce point final. | |
| | | filo Admin
Nombre de messages : 2078 Age : 52 Signe particulier : grand guru Date d'inscription : 06/07/2007
| Sujet: Re: Surtout ne pas continuer Lun 26 Nov - 22:28 | |
| Un séjour de plus au pays de la déprime d'Epiphyte... Ce n'est peut-être qu'une impression, mais ton cas me paraît de plus en plus grave, ami. C'est ce qui arrive lorsqu'on se complet dans sa propre dépression, de sorte qu'elle devient exponentielle. Je sais de quoi je parle, et deux choses m'ont permis d'y échapper : l'amour (au sens large, amitié par exemple, ou un sourire de la boulangère...) et la musique (dans le sens création, mais évidemment il faut s'y mettre). Si j'étais dans ta ville, je serais déjà à ta porte, avec plein de projets desquels tu ne pourrais pas te défiler ! Et sinon, ben je t'engueulerais, voilà ! | |
| | | constance Prophète
Nombre de messages : 4029 Date d'inscription : 07/07/2007
| Sujet: Re: Surtout ne pas continuer Lun 26 Nov - 23:16 | |
| Je ne sais pas si c'est la solution. Je ne sais pas s'il y a une solution. Je sais aussi de quoi je parle. On se débat dans le brouillard qui nous entoure, par orgueil, par refus du désespoir, puis on ne se débat plus. On nage, on essaie, puis on ne peut même plus essayer. On tombe, on se relève, puis on ne se relève plus, mais on se rend compte qu'on peut continuer, même à genou, même à terre. Par instinct de survie, le corps, l'esprit et l'âme se mettent en mode minima. Jusqu'au jour où un rayon de soleil vient frapper le coin de votre lit, et que le monde se remet à avoir des couleurs, timidement. Mais il peut arriver qu'une certitude, celle qu'on a perdu définitivement l'essentiel, fasse désespérer de la suite. Constatation terrible, celle qu'on va peut être rester dans le gris jusqu'au bout, jusqu'à la fin. Je suis dans ta ville, je n'ai pas de projet particulier, je ne vais pas t'engueuler, mais je suis là. Au cas où... Entre Filo et moi, entre sa force et ma possible présence, tu as la possibilité d'attendre avec espoir le rayon de soleil. Peut être. Sinon, on n'est pas les seuls à essayer de réchauffer ton existence transie. Heu, sinon le texte, il me touche tellement que je n'ose pas le commenter. | |
| | | epiphyte Gardien de la foi
Nombre de messages : 200 Age : 48 Date d'inscription : 10/07/2007
| Sujet: Re: Surtout ne pas continuer Lun 26 Nov - 23:50 | |
| Je suis désolé. Quand je suis entré dans cette salle de bain, voici lontemps déjà, je n'ai eu que mon instinct pour couper l'eau, éloigner le couteau, vider le sang, éparpiller les boites de médicaments, et trouver la force d'appeler les secours avant de défaillir. Bien sûr, je lui ai sauvé la vie. Bien sûr, si elle avait vraiment voulu en finir, elle aurait fermé la porte à clef et aurait attendu que je sois sorti de l'appartement pour agir. Dans ce cas là ce n'était qu'une main tendue, je l'ai prise, je l'ai tirée de l'eau, j'ai beaucoup pleuré sans doute, et nous avons pleuré ensemble, mais au moins ce sont les vivants qui pleurent. Je suis désolé parce qu'aujourd'hui j'ai eu tendance, à plusieurs reprises déjà, à prendre le cercle pour ce qu'il n'est pas et n'a pas besoin d'être. Cette salle de bain la porte ouverte, peuplée de gens qui ont leurs soucis, leurs inquiétudes, leurs espoirs, leurs forces, leurs envies, leurs besoins, leurs vies. J'ai la mienne. Je suis désolé mais vous dis merci parce que bien sûr il ne tenait qu'à moi de fermer la porte. Mais ce n'est ni le lieu, ni le moment pour ce genre de discours puériles. Je me laisse parfois un peu trop emporter par les sentiments qui me rongent l'intérieur, comment faire autrement, mais je peux pourtant faire autrement. Désolé mais merci encore. Je vais bien. Je reviendrai écrire ici comme chacun quand les choses seront différentes. Je ne venais plus d'ailleurs depuis quelque temps, je suis réapparu ce soir dans un moment de trop comme il y en a beaucoup mais dont on doit se passer. Je reviendrai plus tard, bientôt sans doute, quand de nouveau j'aurai trouvé la force d'écrire sans heurt les mots qui me brûlent les tripes depuis toujours. Bises à tout le monde. | |
| | | filo Admin
Nombre de messages : 2078 Age : 52 Signe particulier : grand guru Date d'inscription : 06/07/2007
| Sujet: Re: Surtout ne pas continuer Mar 27 Nov - 7:36 | |
| Ne sois pas désolé. Et non ce n'était pas de trop. C'est toi, toi en ce moment, toi parmi la masse, toi que nous apprécions, que nous sollicitons, toi qui ne nous laisses pas indifférents. Toi, l'un des hommes les plus sensibles que j'ai rencontrés. Merci de nous rassurer sur tes non-intentions suicidaires, car j'ai eu peur, je l'avoue, j'ai essayé de me mettre à ta place, mais il me manque trop d'éléments bien sûr ; et je me suis senti impuissant, alors j'ai gueulé. S'il n'y a plus que les mots qui te restent, alors come on, sors-les, extrais-les, arrache-les, et livre-les nous en pâture, quels qu'ils soient. | |
| | | Morgane Maître
Nombre de messages : 1711 Age : 76 Date d'inscription : 09/07/2007
| Sujet: Re: Surtout ne pas continuer Mer 28 Nov - 17:20 | |
| Je ne commerais pas le texte en lui même, trop... Mais je rejoins Constance et Filo, nous t'apprécions Guilhem parce que tu es toi. Tu as la force des mots et le courage de les dire. Tu as la vie. Je sais, facile à dire, bhah, non, pas tant que ça. Les "déprimes graves" je connais mais je suis toujours là. La vie n'est pas un long fleuve tranquille, elle est la VIE. Reste avec nous... | |
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| Sujet: Re: Surtout ne pas continuer | |
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