Occis More

Après avoir enfreint
notre pacte tacite
nos promesses alanguies
cachetées de chair
de rires et de temps

Après avoir ouvert les vannes
de larmes, de regrets
de sang peut-être ?
Reptation lente et liquide
du chaos dans mon insouciance

Après avoir occis
ma confiance indéfectible
mon élan naïf d'enfant
mon rêve adolescent
mon expérience du regret

Après avoir fermé
cette lourde porte
sur le chant léger
qui éclairait
balisait notre voie

Souviens-toi
en pleurant
tu m'as dit :
"Je te quitte
parce que je t'aime"

le bonheur est parfois insoutenable de souffrance...je le sais aussi et tes mots réveillent des blessures qui ne s'oublient pas. Seul le pouvoir sur les mots permet d'en faire de la beauté, un baume adoucissant, un dérideur de plis, fer à repasser l'histoire sous son chaud éphémère et inopérant d'effaçage. Osons croire que l'unique peut se démultiplier, se réactualiser dans d'autres histoires...

C'est parfois le souvenir du bonheur qui est insoutenable. Quand on estimait que sa vie avait atteint une certaine perfection, et que même les problèmes ne représentaient que peu de chose puisqu'on n'était pas seule. J'appelle ça le "cercle vertueux du bonheur"...
Lorsque cela nous est retiré, le poids du réel nous retombe sur les épaules. Le poids de son impuissance, de sa mortalité, de son néant. Certains appellent ça la vie. Moi pas. Ce n'est qu'un substitut de vie qu'on remplit comme on peut. J'aimerais croire comme toi, Geho, qu'on peut retrouver l'espoir. J'aimerais.
En tous cas, ce texte me touche pour sa simplicité, sa profonde humanité, sa souffrance pleine de nostalgie, l'élan d'un coeur doux qui a été blessé. Tu nous laisses entrer dans une intimité chuchotée, je trouve cela bouleversant.

Je crois que la solitude est "notre condition" et que l'Autre ne doit pas être un refuge, un moyen illusoire d'échapper à la réalité. Le difficile, c'est d'apprendre à s'aimer soi-même et à aimer la vie sans rien attendre de l'Autre si ce n'est offrir et partager.C'est simple mais nous sommes souvent si compliqués!

Que dire de plus après les coms qui précèdent le mien ?
Rien de plus à part que c’est beau, émouvant et très franc.
Le paradoxe de l’amour.
Je suis émue après cette lecture. Solweig

Je t'ai dit que je venais te lire parce que j'aime ce que j'y trouve ? non ? Alors voilà, c'est fait. Ce soir, relecture. Et toujours autant de plaisir. Et pour cause. Oui, j'aime !!

Je te quiette parce que je t'aime... que dire...

Bouleversant.

"Après avoir occis
ma confiance indéfectible
mon élan naïf d'enfant
mon rêve adolescent
mon expérience du regret"

C'est celui que je préfère, qui me touche le plus et qui me désespère... Il paraît qu'il faut faire avec si l'on veut vivre (pas survivre). Mais je n'en suis pas bien sûre, c'est plus fort que moi, je refuse l'évidence...

Merci Lucaerne.
Je précise que ce texte n'est tiré que de la réalité.

Tu disais pas ça pour me rassurer, hein ? Sadique !