gepetto Gardien de la foi
Nombre de messages : 325 Age : 76 Signe particulier : Néant et Rêve Date d'inscription : 24/12/2007
| Sujet: COITE INCIDENCE... Sam 29 Déc - 10:07 | |
| "CHAUVE QUI PEUT !"Absurde adaptation en vers de Molièrgepet' du texte, absurde aussi, de RomanescoMusique. Elle entre et s’installe au sol. Elle sort un pot de confiture de son sac. Elle en déguste le contenu avec gourmandise et plein de cuillers… Lui entre ensuite dragueur né. Il tourne autour d’elle et finit par s’asseoir. Elle n’a pas remarqué sa présence… La musique stoppe brusquement.
LUI
Holà... Madame ?... Holà ?... Demoiselle, sans doute ?... Serait-ce ?... Jeune fille... Holà...
ELLE
....................................................Oui moi !... J’écoute ?
LUI Puis-je... en vous en priant, s’il vous plaît, juste un peu Et très discrètement... converser ?... Je le peux ? ELLE Cela est déjà fait... (À lui) Monsieur, cela dépend De ce que vous allez me dire. Et puis comment Vous allez me le déclarer. Car, bien des hommes Disent peu, disent mal et fort stupide, en somme... LUI Ils ne sont que des hommes, eux. Là, vous avez, Devant vous, un quelqu’un différent. Très. Grave et… Sensible au plus haut point ! Et puis tout en finesse ! Sans arrière-pensée ! Plein de délicatesse !... ELLE Seigneur, Marie, Joseph... Euh... Le pape.. comment ?... Jean-Gabin Vingt et un ! Les saints du firmament ! Quelle chance en ce jour me vient ! Ô, bons apôtres ! Un homme comme il faut ! Un pas comme les autres ! LUI Puis-je, vous permettez, oser une question ? ELLE Attendez un instant et faites attention... J’ai posé les cuillers !... Il faut que je les range Un homme différent mais qui prend pour étrange Qu’il faille faire place nette... Est-il si bon ? Point comme un autre ? LUI ......................................Ah ça, fichtre, morbleu, que non ! Le ménage entre nous n’est pas ici de mise ! L’épouse seulement tient la chose permise... Oisive, permettez que je vous nomme ainsi ? D’où venez-vous ? ELLE ...............................De là, je crois, ou bien d’ici... LUI Mon Dieu, j’en étais sûr ! C’est d’ici que je viens, Ou de là, voyez-vous... Et là, peut-être bien Vous ai-je rencontrée... Et chose reconnue : Puisque je m’en souviens, je vous y ai connue ! ELLE Vous le dites, j’entends, bien sûr, évidemment ! LUI N’était-ce pas, Madame, en cet endroit charmant, Quelque peu désuet, entre le terrain vague Et l’usine ? ELLE .....................Mais oui ! Du vague je divague... Il est propice au rêve... et par lui je médite ! M’avez vous vu penser ? N’est-ce pas beau, qu’en dites... LUI Transcendantal ! ELLE (en aparté) .............................Dentaire, il voulait dire ainsi ! LUI Mais comment donc, de là, vîntes-vous jusqu’ici ? ELLE Par le dernier ferry de quatre heures soixante... Mais, j’ai le mal de mer, bien que le bateau tente Mon côté poétique... Alors, deux jours avant Mon aller et retour, je jeûne... En arrivant, Je compense, bien sûr, en goûtant ma kyrielle De fruits confits, gâteaux... Là, je fais la vaisselle ! LUI Gourmande, que cet art ménager vous va bien ! Savez-vous bien... Oui-da ! De ça, je me souviens : Nous fûmes, belle enfant, tous deux de l’équipage Et nous prîmes les flots d’un même et seul voyage ! ELLE Prîmes ? Fûmes ? Tous deux ? LUI ................................................Mais oui. Et nous sifflâmes Tout deux ensemble ! Oui, c’est dans le bar, Madame, Que, je crois bien... ELLE ..................................Ma foi, un bar est fort séant Et approprié pour... redites-moi ?... Comment ? LUI Pour y siffler, oiselle. Un verre ou deux. Sans hâte, Ô gourmande, c’est sept que vous m’en demandâtes ! De Champagne, Bordeaux, et Gewürztraminer, Pour soigner, soi-disant votre mal de la mer ! ELLE Oui. La mer, c’est de l’eau. Rien ne vaut le liquide Pour guérir de ce mal de l’eau qui rend livide ! Nous sifflâmes tous deux ?... C’était vous ? LUI .....................................................................C’était moi. Et ce fut un réel plaisir non feint, ma foi, Que d’être, ce soir-là, simplement, sans raison, Le compagnon zélé de votre guérison ! ELLE Vous, compagnon ?... mais flou, même brumeux, scabreux... LUI Vous y êtes ! Voilà, c’est moi : beau ténébreux ! ELLE J’y suis, mais ne vois rien !
Musique. Il séduit. Elle brique ses cuillers...
LUI ...........................................Me diriez-vous, gourmande, Où donc vous demeurez, si je vous le demande ? ELLE Derrière, vers là-bas... La dix-septième impasse Depuis le carrefour des rues. C’est là qu’on passe Pour parvenir chez moi... LUI .........................................Et moi, gourmandoisive, Savez-vous, qu’à l’instant, du carrefour j’arrive ! D’entre l’impasse seize et l’impasse dix-huit ! Je vous ai vue aussi, c’est sûr... devant votre huis ! ELLE Peut-être bien... Je suis propriétaire, en somme, De la troisième suite, en ce grand mobile-home ! LUI Troisième, dites-vous ? La mienne ! C’est mon œuf ! Je l’ai acquis en dix sept cent quatre vingt neuf Quand ont dégringolé toutes les grosses têtes Immobilières... ELLE ...........................Oui. Je savais, suis-je bête, Que j’avais acheté l’immeuble avec autrui Et l’ascenseur aussi ? LUI ....................................Belle oiselle de nuit, Voyez, cet ascenseur donne directement Sur mon lit, recouvert délicieusement D’un jeté de raphia d’Asie du nord... ELLE ..........................................................Raphia ! Mon lit est sous raphia ! Et mon chapeau, c’est ça ! LUI Eh bien, gourmandoiselle, alors, nous rêvons donc Sous le même raphia ! ELLE .......................................Quoi ? Vous dites ? Pardon ? Quelle aventure ! Alors c’est avec vous que je... Quelle nuit ! Je ne suis pas remise du jeu ! J’ai oublié que vous étiez bien ce quelqu’un. LUI Mais nous faisons, pour sûr, mobil-home commun ! ELLE Vous croyez ? Mobile-homme ? Ah, le mien est mobile ! Un homme est bien ainsi : Il vous marie, sans bile, Vous présente un balai, un seau, un tabouret, Et puis, un beau matin, sans raison, disparaît. Le mien a disparu, ce matin, sans un mot ! LUI J’en suis peiné, oiselle, et je prends pour chameaux Ces hommes-là. Je suis très différent : sensé, Et grave, et délicat, sans arrière-pensée... Jamais, moi, je n’aurais laissé ma perle rare, Et jamais je n’aurais fait action si bizarre ! Oiselle, quel gâchis ! Mais c’est insupportable ! ELLE Insupportable... Oui... Je suis inconsolable, De cela devenue une ombre désormais... Je marche vers le noir de l’oubli, du jamais... Je suis peut-être bien, voyez-vous, déjà morte ! Seigneur, par Jean-Gabin tous les Saints, que m’emporte La mort !... Quelle douceur elle a en vérité !
Musique. Baisers main, poignet, bras...
LUI Sensible et délicat, empreint de gravité Sans arrière-pensée aucune... Ah, si j’osais... ELLE Sans arrière-pensée, ô, je vous prie, osez... LUI En osant donc alors, gourmande, je vous veux Dire que vous avez des yeux !... Et ils sont deux ! ELLE Je ne puis, voyez-vous, d’un seul me satisfaire ! Ma paire de lorgnons, du coup, en est plus chère. Mais je ne les mets point. C’est un simple décor. LUI Puis-je continuer à plus oser encor ? ELLE Sans arrière-pensée, ensuite, cher monsieur ?... LUI En osant donc toujours, je dis que sur vos yeux Et sous votre chapeau vous cachez, damoiselle, Une chevelure ample, opulente, en laquelle, Si très osé, j’osais, je plongerais mes doigts ! ELLE Mes feuilles de salade, alors, deviendront quoi Si vous vous y plongez ! Elles sont depuis trois heures Dans le vinaigre et l’eau pour les rendre meilleures ! Vous les mangez d’abord, vous plongerez après Sans arrière-pensée !... LUI ..........................................Aucune ! Sans apprêt : Votre décolleté... il est... très... suggestif !... Madame... si je puis... sans être intempestif... Sans arrière-pensée... Euh… omment sont, dessous ?... ELLE Eh bien très en dessous ! Oh, avant, voyez-vous, C’était beaucoup plus haut. Mais ils tiennent encor À la vie, vous savez !. L’instinct est un trésor, Celui de la survie... LUI .................................En osant bouche bée, Je dirais : vous avez le jambe si galbée Que si... ELLE ................Un architecte a fait de leurs maisons Un identique plan ! LUI ..................................Oui, vous avez raison, Elles possèdent un... ELLE ..................................Oui, semblable et partout... LUI C’est bien ce que je vois, ô oui ! Mais jusques où... ELLE Seulement jusque là ! Jusqu’où voulez-vous donc ? Ce n’est pas Manhattan... LUI .........................................Oiselle, en un pardon Sensible et délicat, grave, tout en finesse, Sans arrière-pensée, avec délicatesse, Comme un petit enfant, je vous avoue rêver... ELLE Mon fils !... J’ai oublié ! Qu’est-il donc arrivé ? Je ne me souviens pas. L’auriez vous vu céans ? Cinq ans, blond, parfois brun au sourire géant, Trente pouces de haut, il parle couramment Le Français, en plus du vercors, évidemment ! Il a pour petit nom PPDA... LUI ...........................................Chouette ! ELLE Oui : P., P. : petit pierre et, D., A. : d’alouette ! LUI Est-ce possible, ô Dieu !... Vous me décrivez là Mon propre fils ! Pareil ! Semblable à celui-là ! Ôtez-moi tout soudain d’un doute épouvantable : Ensemble aurions-nous fait cet enfant adorable ?... C’était le quinze avril... ELLE ......................................Un quinze avril... ô mais, Vous me parlez, monsieur du jour du brin de mai ! Je m’en souviens ô Dieu... LUI ...........................................Comme si c’était l’aube ! Mais alors... Mais alors... Ma jambe se dérobe ! Je vous ai retrouvée enfin... Ma régulière ! ELLE Mon légitime ô vous ! Sans pensée en arrière !
Ils dansent et sortent RIDEAU | |
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