... modes et temps
Mon doux conditionnel boit sa forme deuxième
Au présent de tes yeux qui veulent que je t’aime.
Ta bouche me sourit, faisant du subjonctif
« Faudrait-il qu’il m’aimât » un futur attractif.
Ma main, en quémandant ton sein, de désir blême,
Autre futur très proche et suave proème,
Frôlant ta fine soie, en fait un gérondif.
Ton nez en ma forêt devient infinitif.
Ma lèvre sur ton front dépose un diadème :
De son murmure en sourd un mars et son carême,
Une caresse, un don, un baiser dont l’actif
Nourrit ton cœur qui n’est plus interrogatif.
Tes bras ceignent mon corps. Il n’est point fort en thème,
Mais te donne pourtant la version de sa gemme
Conjuguant tous les temps en un seul, sans passif !
Houle mon océan sa vague en ton récif...
Ton ventre se confond au mien, comme en poème
S’entremêlent le pied, la rime et le phonème.
Plus de loi que nous deux et plus d’impératif,
Car le simple passé n’est plus qu’indicatif !
Étant plus que parfait, sans fard ni théorème,
Notre élan, devenant harmonie, est le même.
Notre phase est commune : elle est sans supplétif.
Ta nudité frémit Je ne suis point hâtif...
Je gravis un à un tes cieux. Mon adjectif,
En épousant ton cri, devient exclamatif !
Mes points de suspension s’en vont aux nues énièmes,
Anacoluthe où seul trois mots riment : « Je t’aime » !
gepetto