Paris Ville-Lumière

Provinciale délivrée
Au ventre de Paris
Mes talons staccato
Rythmaient ma route fleuve
Aux pavés assagis

Paris ô ma beauté
Mon espoir liberté
Paris Ville-Lumière

Aux ors cathédrale
Dentelle visionnaire
De pierre requiem
Notre-Dame pavane
Vaisseau dessus la Seine

La rue de Lappe balance
Jazz et tangue pour moi
Aux corps échevelés
De rythmes inconvenants
Les caves enfumées
Battent à coeur débauché
Aux trompettes ironiques
D'un continent obscur
D'espoirs déchaînés

Des drapeaux arc-en-ciel
Tangentes ambiguës
Pavoisent le Marais
En fiertés affichées
Au Passage Brady
Enivré de senteurs
D'exotiques contrées
Mes Indes capitales

Les jardins orgueilleux
S'ébrouant de poussière
Au mitan de l'été
Dryades aristocrates
Fausses jungles domptées
Le parc des Buttes Chaumont
Sa fraîcheur naïve
Le rosé au comptoir
Emperlé de paresse
Sa pétanque provinciale
Aux accents surannés
Du guignol grimaçant
Et le rire des enfants

Aux effluves assassines
De la rue de Belleville
Mégapole miniature
Où mes yeux se bridaient
A force d'y rôder
Répondent les parfums
Rose et iris poudré
Des arcades aux Tuileries
Et dans les jardins calmes
Traîne encore le fantôme
Et la voix caillouteuse
Qui berça ma jeunesse
De rêves dissolus
Le poème des mots
De la grande Colette
Dévorés en cachette
Au profond de la nuit

Mes flâneries rêveuses
Sous la silhouette altière
De l'Opéra Garnier
Aux ors magnifiés
Contre le ciel grisaille
Pas-chassés des tutu
Patine des parquets
Et la rivière cachée
Serpent à ses racines
Hébergeant en son sein
Le fantôme amoureux

Mes églises refuges
Aux silences dorés
Où j'allais reposer
Mes doutes et mes regrets
De Sainte-Elisabeth
La hongroise discrète
Aux noces de mon amie
Toute argentée d'orgueil
Au bras de son mari
Jusqu'à la place calme
Notre-Dame des Victoires
A son enterrement
(Il pleuvait ce jour là)

Mes ponts aux amoureux
Où toujours je fus seule
Laissant les vents d'été
Emporter mes chagrins
Et tant et tant encore
Arpenteuse du passé
Se retournant surprise
Sur tant et tant d'années

Paris ô ma beauté
Mon espoir liberté
Paris en fièvre lente
Qui longtemps m'a gagnée
Et maintenant me déserte
Dans le frais de tes bras

Paris Ville-Lumière s'éteint
Parce que tu n'es pas là.

Déjà lu, en effet, mais j'aime toujours cette ballade dans "ton Paris" autant extérieure qu'onirique.

En tous cas moi, ça me donne envie de venir!
Très belle ballade.