Poupée cigogne

Poupée cigogne


le temps nous fuit entre les orteils
entre les vers et l’encre
les moments futurs en déroute
leur dernier mot est pour nous décevoir
il te reste une seule minute
avant la gourmandise des mots crédules
quand tu cherches ma présence
entouré de poupées cigognes
au rythme des pas
dans la cuisine nocturne
le champagne ferme tes veines

l’imagination sur les rails dissipe la nuit
dessine les contours de tes lèvres
le poète se rime entre l’amant et l’ami
les pensées freudiennes ouvrent la frontière
dans un espace en trop

ne te mets pas en toile d’araignée
derrière l’armoire
parle-moi de toi
sans regarder les senteurs
sans sentir les images
ce passage interdit depuis hier
la liberté démuselée
cette existence métaphorique
fait de nous un foyer d’incendie

vous ne comprenez rien - plus rien à comprendre
rien à saisir que le temps en vogues
d’âmes

une exercice quotidien en carré d’heures

J'adore les originalités/trouvailles de ce texte.
On te voit de plus en plus rarement, et c'est bien dommage.

Au fait, ce n'est pas "poupée gigogne" que tu voulais dire ?

Même remarque que Filo : beaucoup d'originalité dans ce texte, des petits riens qui restent et grandissent ton texte jusqu'à en faire cette harmonie qui résonne si étrangement.
J'aime beaucoup "le temps nous fuit entre les orteils", "le champagne ferme tes veines", "ne te mets pas en toile d’araignée", mais surtout, surtout "le poète se rime entre l’amant et l’ami".

Toujours sous le charme...

J'aime les poupées gigogne qui s'ouvrent jusqu'à la dernière...
et ce texte superbe , mention pour:
" Cette existence métaphorique
fait de nous un foyer d'incendie."

Quel monde particulier et étrange que le tien chère Solweig, peuplé de poupées et de cigognes. C'est vrai que la cigogne est aussi un oiseau polonais et que sa symbolique ne diffère guère de celle qui est la sienne dans l'Est de la France. On y retrouve ces notions de bonheur, de naissance , de renaissance...Quant aux poupées qui rassurent et qui recueillent les confidences elles ont la même signification dans tous les pays.
J'aime bien l'association des deux avec cet effet suprenant nous conduisant implicitement à la poupée "gigogne" même si elle est un peu russe et se prénommant " matriochka".
Ton texte est une intense respiration où se mêlent espoirs, impatience et résignation...Je l'ai beaucoup apprécié. Mille compliments . LOUP.

Bien vu, Loup ! Les poupées gigognes sont mes inspiratrices mais aussi une "erreur poétique" voulue - pour s'envoler avec les cigognes en clé vers des interprétations bien lointaines.

Merci, chers amis, pour votre visite. Je vous promets de venir plus souvent dès que je pourrais. Bises à tous Solweig.

J'arrive par le dernier train...pour dire aussi combien j'ai apprécié ce texte chaud d'images intimistes...j'ai retrouvé une ambiance Vermeer...excuses, je suis beaucoup dans la peinture ces derniers temps!