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 Mon frère Vincent (1)

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geho
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geho


Nombre de messages : 1290
Date d'inscription : 11/07/2007

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MessageSujet: Mon frère Vincent (1)   Mon frère Vincent (1) Icon_minitimeJeu 24 Jan - 1:43



« La vieille tour de Nuenen » est massive,

Et ses tons terreux,

En haut du contrefort vu de face

J’ai vu comme un portrait diffus

D’enfant emmuré sans bouche…

Et Vincent écrit à Théo son frère en juillet 1880 :

« il y a le fainéant…bien malgré lui

Qui est rongé par un grand désir d’action,

Parce qu’il est dans l’impossibilité de rien faire,

Puisqu’il est comme en prison dans quelque chose…

Je suis en cage, je suis en cage,

Ah de grâce la liberté,

Etre un oiseau comme les autres oiseaux »…

Vincent est né après le décès précoce d’un frère aîné

Dont on lui a redonné le prénom,

Né dans la dépression de sa mère

Comme un remplaçant.

Vincent, mon frère,

De ton emmurement j’ai vécu les affres

Seulement épargné de porter en premier le prénom du défunt.

Cela compris déjà et beaucoup est écrit…

Que vaut un remplaçant à espérer une place inaccessible ?

A être investi de ce regard triste qui pense à l’autre

Et d’un élan affectif brisé par le deuil ?

Il est l’otage d’un mort.

Taiseux, flâneur, imprévisible et torturé de sa prison,

Il se donne des défis extrêmes pour échapper à ses barreaux

Ils seront des échecs car il ne peut assurer la continuité

Des valeurs d’une famille dont le nid n’a pas eu la chaleur requise

Celle nécessaire à un envol serein.

Proche des hommes et des plus humbles,

Il ne saura pas en partager les moments de vie,

Sans doute englué dans un questionnement permanent :

« j’ai quelque chose au-dedans de moi, qu’est-ce donc ? »

« La vieille tour de Nuenen, » peinte l’année de la mort du père,

En 1885, dit encore le spectacle de désolation

D’une génération en perte de repères et de valeurs.

Trois ans plus tard, elle sera détruite.



Lui, Vincent a dû trouver la médiation nécessaire à l’expression

De cette énergie qui le remplit, le déborde et se trouve niée, bridée.

Peindre, dessiner, il connaît tout de ce monde

Et la grande famille Van Gogh lui en a ouvert les portes

Par l’intermédiaire du commerce de l’art.



Et commence le défrichage,

Comme le travail d’une terre en jachère,

Motte par motte, sillon après sillon,

Et autour du champ veillent Millet, Corot

Et tant d’autres comme chacun un arbre d’une haie repère.

Les tons de la terre nue laissent peu à peu la place aux fleurs

Et aux blés qui la couvrent.

Quand il quittera ce champ, ce sera pour celui de la mer, d’un fleuve

Ou pour écrire le portrait de petites gens,

Faisant le détour par le jardin

Pour entrer dans la maison.

Sa palette violoncelle et basson

S’enrichit de cuivres, de violons,

De tambourins et de piccolo.





Comme une grande rage de faire se fixe sur la matière picturale

Masquant la toile d’un empâtement épais

A l’écriture charnue et appuyée.



Il s’est peint barda sur le dos,

Le pas vif sur la route bordée de platanes

Qui l’emmène vers la Crau.

Bonjour Vincent, où vas-tu ?

Pendant que les machines commencent à souffler,

Les trains à ahaner,

Pendant que les voitures s’automobilisent

Et que les avions décollent,

Que le monde s’usine à fabriquer ce qui broiera l’humain,

Il court vers les champs, ses compagnons de toujours,

Où les blés murs ondulent et chuchotent entre barbes blondes

Et sous le poids de leurs grains lourds,

Il court vers les iris s’éveillant violets entre les roseaux,

Vers les jardins maraîchers, yeux verts aux cils de cannisses,

Et aux larmes d’amandiers en fleurs,

Vers les bois de pins et de genévriers

Dont les parfums et les musiques émaneront des dessins au calame.

Les champs sont toujours plus présents que les ciels

Et les ciels labourés de sillons profonds

aux tracés qui rappellent

Les gravures celtes sur les pierres de Gavrinis,

les lignes de la main,

Les rayures de sable laissées par la mer du Nord

Sur les grèves immenses de la marée basse,

Les ondes magnétiques autour des polarités,

Elles se révèleront plus tard

La représentation réaliste d’ondes cosmiques.



Il n’y a pas que des images dans les toiles de Vincent,

Il y a des fluides, des vibrations, du vent, des chants d’oiseaux

Et des odeurs. L’incandescence d’une lumière intérieure.

Dans la barbe et les cheveux roux

Se mêlent ces champs de blés murs

Et dans le vert des yeux un océan d’ailleurs,

De tension interne aux sourcils froncés

Sur fond de ciel où vit la tourmente :

« j’ai quelque chose au fond de moi, qu’est-ce donc ? »







Une impossibilité à nouer des liens qui durent,

Une dépendance culpabilisante à Théo,

Une souffrance qui le ronge engluée à l’enfance,

Aux désillusions,

Jusqu’à se donner la mort,

Dans ces champs d’Auvers,

Encore.
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Solweig
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Solweig


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MessageSujet: Re: Mon frère Vincent (1)   Mon frère Vincent (1) Icon_minitimeSam 26 Jan - 19:01

J’ai lu la première partie, Geho. Je suis perplexe - cette prose poétique parfois se perd dans un flot de sentiments mais aussi de faits que tu voudrais nous faire passer. Je pense que tu veux faire trop bien et tu en fais trop. Plusieurs fois j’ai eu envie de modifier (raccourcir ton texte), mais comme je ne connais pas bien les détails, j'ai peur d’être maladoite. Ce serait intéressant de revoir cela après quelques temps quand certains détails de l'autobiographie vont s'effacer dans ta mémoire…
Cordialement Solweig
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wielkiwilk
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wielkiwilk


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MessageSujet: Re: Mon frère Vincent (1)   Mon frère Vincent (1) Icon_minitimeSam 26 Jan - 19:20

pour le raccrocher au Numéro DEUX
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geho
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geho


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MessageSujet: Re: Mon frère Vincent (1)   Mon frère Vincent (1) Icon_minitimeLun 28 Jan - 21:46

Solweig, ton com mérite une réponse: c'est vrai que j'ai écrit longuement. C'est pour moi un essai poétique, ou un article poétique où il était important de faire passer à la fois ce qui fait ma proximité de ce peintre , à la fois ce qui fait ses caractéristiques, à la fois quelques éléments biographiques qui justifient son écriture de peintre...et il manque ici les illustrations que je vais réussir à ajouter , je l'espère, cette semaine.
Sur cette manière d'écrire, bien différente de ce que je fais habituellement, je me suis inspiré de W G SEBALD, un auteur allemand, qui a écrit: "D'après nature", poème élémentaire,
un triptyque poétique sur trois personnages, dont lui-même,
que j'ai trouvé magnifique.(éditions Actes Sud). Je me suis inspiré de sa manière pour faire cet essai sur Van Gogh et celui sur Matisse. C'est entre l'essai et le poème, c'est mon premier essai de ce style. Je pense qu'il sera à retravailler bien que j'y aie déjà passé quelques heures nombreuses. Essaye de le voir toi aussi comme un peu autre chose qu'un poème...merci de ta lecture.
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MessageSujet: Re: Mon frère Vincent (1)   Mon frère Vincent (1) Icon_minitime

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