Mon amant accordé

Je t’avais allongé

dans ton écrin douillet,

déjà dans le désir

de cet instant allégorique

où j’ouvrirai tes plaisirs



En offrant tes courbes au soleil,

en déroulant tes cordes à mon oreille



Tu te blottis entre mes jambes

Je t’enlace de tous mes membres



Tu grimaces aux premiers gestes

Je glisse sur toi quelques préliminaires



Tu t’ébroues, te décales

pour reprendre ta place orbitale



Hésitant puis évident

tu me fais cabrer le flanc



Tu fais bien des dérobades

Je resserre l’emprise de mes doigts



Tu signes ma peau de ta volute

J’écarte les plis de ma jupe



Tu exiges le défi

mais mon poignet sait te séduire



Alors tu t’embrases

et je coule ton vibrato en moi



Tu t’élances

sous mes pulpes enferrées à ton manche

Je fouille tes entrailles vibrantes



Tu m’appelles

Tu hurles

Je viens cueillir toutes tes virgules



D’envolées cadencées

en glissades à la régalade

J’explore tes soupirs nuancés

J’arpente tes marches régaliennes

Je caresse tes courbes lunées

Tu m’arraches à tous mes sommeils



En concertino de lutherie

nous voguons sur le radeau moderato

vers les îlots

de nos émotions enfouies



Alors en libre tempo

nous sommes les amants allegro

pianissimo

fortissimo

accomplis

réjouis



Enfin, en filigrane

nous redescendons doucement tes gammes

croche à croche



Tu te poses sur ta portée

le bois odorant

les corde colorées de blanc



Je te garde un moment

contre mon ventre

épuisée

béate



Dis-moi,

Tu me donneras

encore ta clef demain ?

Moi je dis que ton violoncelle a bien de la chance !

Quelques mots sont de trop à mon avis... tu as voulu développer là où tu pouvais te limiter à l'essentiel, et parfois pour les rimes (qui ont dû te contraindre un minimum).
"instant allégorique ", "à la régalade", "lutherie", "les amants allegro" par exemple.

Quant à "le radeau moderato": j'aurais plutôt dit un radeau.

J'aime "Tu signes ma peau de ta volute", "croche à croche", "Tu te poses sur ta portée" et la question finale.

Belle métaphore en tout cas, que tu tiens de main ferme jusqu'à la fin.

Quel privilège merveilleux d'être musicienne!
J'ai aimé ce poème vibrant.

Un poéme vibrant qui signe une alliance trés sensuelle.

Voilà en effet un bien beau poème, sensible, sensuel et plein de fougue.
C'est vrai qu'il existe quelques instruments qui dégagent une sensualité certaine : le son y participe, le vibrato, mais surtout la manière de les tenir. Et le violoncelle, comme la harpe, encerclés entre les cuisses de la concertiste...
Sinon, je rejoins un peu l'avis de Filo, tous les mots n'étaient pas nécessaires ici : mais il est difficile, quand on a beaucoup à dire, de se limiter alors qu'on voudrait en écrire plus et plus encore. Limiter à l'essentiel est tout un art.
Je suis bien placée pour le dire, j'ai le même problème et il m'arrive d'écrire parfois des poèmes quasiment fleuves !
Je te mets "Coeurs musiciens", un de mes anciens poèmes, tu constateras de visu...

Eh oui il paraît que c'est une de mes difficultés d'aller à l'essentiel. On déverse dans l'objectif de décrire ou d'expliquer au mieux, mais parfois cela se révèle au contraire confus ou superflu. Tu aimes la harpe?

J’apprécie le rythme qui s’accélère et s’adapte au contenu.


Ce qui me gène un peu c’est le manque de régularité dans
l’utilisation (ou non) des rimes et j’ai apprécié moins « je-tu » qui
me laisse dans une lecture trop saccadée, déconcertante. Dommage. Solweig

Parfaite exécution des " variations rococo " (opus 33 - P.I. Tchaikovsky), rien n'y manque jusqu'aux traces de colophane du crin d'archet sur les cordes. J'aime bien ce double jeu ardent et subtil. Mille compliments. LOUP.

Musique et sensualité pourraient résumer cette poésie, me régalant de cette alchimie.

Je suis toutefois d'accord avec mes prédécesseurs, peut-être aller encore plus à l'essentiel, comme des images incisives et franches, ou des bribes d'à peine, mais sans mot en trop.

je viens de me le lire en écoutant Jérome Pernoo!
le délice est doublé!

merci Parenthèse
Mick