Elle avance au milieu de la plaine brûlée :
Arbres dénudés, roches rouges,
Restes usés - calcinés de nos rêves morts - nés.
Elle avance à grands pas
Au lieu de toutes nos promesses :
Noires prairies boueuses.
Au centre : ciel craquelé.
Là : un corbeau rit, brisant l’azur.
Puis, viennent les convertis:
Masse immense.
A présent se rapproche la famille bicéphale
L’entoure de son œil lubrique et tiède.
Un bal est donné.
Ronds de jambes, pirouettes,
Rires et claquements de pieds,
Sifflements diffus, gloussements rauques,
Sourires feints.
A l’image de tout sacrifice,
Un siège lui est offert.
« Le temps du couronnement a sonné »
Scande la troupe aux lèvres humides…
Tradition oblige,
Elle est parée d’or et de pourpre.
« Puisque tu le peux ? »
Crie la foule en liesse.
« Donne-nous le sel,
Donne-nous la vie,
Donne - nous ta vie !
Afin que nous puissions poursuivre
La route du Temps car,
Nous n’avons pas assez de pain, vois-tu ?
Et nos cœurs sont secs !
…
Nous te ferons Reine Eternelle !
A jamais vénérée !
Puisque tu le peux !
Puisque tu le veux ! »
…
La Femme s’est levée.
Elle regarde une fois encore,
La foule médusée,
En attente…
« Je peux
Tu peux
Il ou elle peut
Nous pouvons
Vous pouvez
Ils ou elles peuvent ! »
Puis :
1-2-3
Petits pas de côtés,
Elle attrape au vol un nuage.
4-5-6
Sur le ciel allongée
S’empare
Du miroir des images.
7-8-9
Affamés, visages déchirés, sol souillé,
Ils crient, crachent et croquent la terre…
10-11-12
Elle, s’envole en deçà du monde !
Puis : plouf !
Bruit sourd et stupide.
FIN DU FILM.
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