Tout simplement

Tout simplement

je dilue mes soirées dans la vodka. Depuis longtemps
nous nous manquons : je te manque
à moi, je manque aussi. On peut multiplier ainsi
la combinaison des manques. Sans fin.
Et sans début : nous ne l’avons pas réussi à prendre sur le fait.

Renversés par quelques déceptions
de réciprocité, pour laquelle on aurait pu tout
donner. Alors. Tout ceci reste
aujourd’hui étranger. Des failles dans le temps
permettent de nous coller des instants.

Pourtant nous galopons ensemble, par des raccourcis bien connus.
Depuis longtemps aveugles, sur chaque virage
perdant de la vitesse

parfois on s’attrape fort par la main. Par habitude.
Et du manque d’autres mains. Parfois je voudrais encore
te baiser,

chéri.

D'une justesse incontournable.
Et toujours cet humour délicieux.
Pour moi, ça coule de source, tout simplement!

J'aime le jeu poétique autour de cette réprocité, même dans le manque.
Un regard très juste et sensible.
J'aurais cependant traduit le "baiser" final par "embrasser" qui est moins ambigü dans le langage populaire français (baiser = fuck) ; à moins que ce soit intentionnel, dans le cas cela jure un peu avec la délicatesse du reste.

La traduction est très fidèle ... justement le poids de la
chute se pose sur ce mot (le passage à la ligne), pour surprendre par une certaine
vulgarité mélangée avec de la tendresse. Le mot en français est encore plus fort,
il met le lecteur droit devant son double sens.
C'est brutal mais c'est Alter Net
Cordialement Solweig

C'est effectivement d'une lucidité confondante. L'étude que tu fais, subtil, du manque et de la nécessité, de l'absence de réciprocité de ce manque, nous renvoie tous à des expériences vécues.
Ce que j'aime bien dans ce que tu écris, c'est à la fois l'aspect presque "pratique", évident, de ce que dis, et la subtilité avec laquelle tu racontes tout cela. Le contraste est très personnel et séduisant.

c'est nouveau cette écriture...je réserve mon appréciation et reste pour l'instant interrogatif...à mûrir...

pour moi, la chute reste l'expression du manque évoqué au début, non?
chéri, c'est la signature où le destinataire?
En tout cas ça sonne vrai, même si ça sonne pieu, entre le besoin et l'envie...
merci Alter net
Mick