Photo page 1...Autour, tout autour, devant, derrière le grand camion "civilisé",
ils sont venus les autres,
ceux que l'on oublie trop souvent,
pour le partage de l'instant fugitif de bien-être.
Dépenaillés ou presque nus, ils n'ont pas besoin de mots.
Leurs yeux les crient haut et fort. Trop, sans doute, pour la "civilisation".
Leurs bras se tendent vers ces "humains" de l'autre rive.
Leurs mains s'ouvrent en corolles de cris muets,
comme pour offrir le mot qui les tenaille :
FAIM.
Photo page 2...Autour, tout autour de la table ronde de la convivialité,
ils se sont assis les uns à côtés des autres,
ceux qui ont convergé pour le partage de l'instant gourmand.
Repus ou pas, ils n'ont pas besoin de mots.
Leurs yeux les cillent doucement. Si doucement...
Depuis leurs divers horizons, coudes contre coudes,
leurs bras,se sont rassemblés au centre du cercle.
Leurs mains s'entrecroisent puis, machinalement, s'entremêlent,
pour former un digital "centre de table du Monde".
Il parle sans mot dire. Son murmure est unique:
CHALEUR...
Photo page 3...Malgré les autres, il n'y a rien autour d'eux,
ni derrière ni devant leur confondu de volupté.
Ils se sont enfin rejoints, debout près du grand large,
sur le musoir de la digue pour le partage de l'instant de bonheur.
Lui et elle, elle et lui n'ont pas besoin de mots, de ceux des autres.
Leurs yeux aux regards confondus,
entrecroisés puis entremêlés
les chantent en duo du cœur... Si toi-moi.
Leurs mains se prennent, se serrent, s'unifient.
Au vent du large leur effusion lance leur mot silencieux :
AMOUR...
Photo page 4...Autour, tout autour, devant, derrière ce qui fut la grand rue,
des ruines,
des trous béants,
des pans de murs anéantis,
du sang séché mêlé au sable du désert.
Ils sont venus, les autres,
ceux que l'on oublie trop souvent,
pour le soi-disant partage de l'instant de démocratie.
Leurs mains tenaient des fusils ou des volants de chars d'assaut.
Ils n'ont pas eu besoin de mots de ces mots que les autres,
ceux qui furent chez eux,
n'auraient d'ailleurs pas compris.
Le sang les a répandus dans la grand rue.
Deux jeunes gens ont enlacé leurs mains vides au bout de leurs bras et leur mort...
Leur éternité hurle aux cieux, bouches bées et muettes à jamais la litanie:
PAIX !
Photo page 5...Autour, tout autour de la cour de la petite école,
ils se tiennent les uns aux autres par la main.
Grands et petits, bonds et bruns blancs et noirs,
ils n'ont pas besoin de mots.
Leur pétillance les rayonne haut et fort...
La ronde se met à tourner autour de la cour de la petite école.
Dans le tourbillon du kaléidoscope de leurs yeux apparaît le mot :
AVENIR.
gepetto