16, rue Kosciuszko

16, rue Kosciuszko
Un immeuble, année 1900


Vue de la rue
seule une veine sous la corniche trahit
la nécessité héraclitéenne. De loin
des rides sont invisibles. Le vrai
commence derrière le portail.

Le temps démasque. D’ici
apparaît inévitablement la misère.

Les enfances successives avec souplesse
s’enroulent sur le trzepak*. Ici on mûrit vite.
Comme le vin, qui dilue les soirées.

Le printemps ne vainc pas la puanteur
de la décharge. Quelques pigeons sales
ne prouvent pas qu’on puisse vivre ici.

Avant la guerre on a appelé d’ici dieu
par différents noms. Soit disant
qu’il venait pour chacun.
Aujourd’hui difficile de croire
qu’il venait vraiment.

_______
* en polonais : le support pour battre le tapis

Ou de l'abandon.

Conquise par ton texte, je ne sais si c'est à cause de son réalisme, de ce que suggère tes mots, ou de la poésie avec laquelle tu rends si bien une atmosphère. Ou tout cela à la fois.
Une mention spéciale pour : "Quelques pigeons sales
ne prouvent pas qu’on puisse vivre ici", et aussi pour la fin.
C'est en même temps une peinture scrupuleuse et un voyage onirique. L'ensemble m'a complétement séduite.

Absolument séduit également.
Je crois que c'est ce mélange de réalisme "cinématographique" (je vois les images facilement) et de poésie subtile, épurée et dense.
Les veines et les rides, "Le temps démasque", "on a appelé d’ici dieu par différents noms"... j'adore.