L'autre versant

Carrefours frénétiques
et sentiers à double sens
viennent s’échouer devant ce filet de lumière.

J’ai tant arpenté le pont
des projections convenues
et des foulées rances
devenues indigestes…

L’éveil de son regard
soulève mes brumes opaques.

Après avoir traversé tant de murs
aux fortes pluies
de torpeurs angoissantes,
les angles du désarroi
se cognent à présent sur la pelote
des désirs libérés
en infinis déroulés.

Les épaisseurs lourdes
se craquellent
en rêveries pastorales.

Alors je passe le seuil
de l’allégresse épurée
par l’ombre de sa présence
qui se répand devant mes pas assouplis.

Je pose le pied tremblant
sur l’ardoise de l’inédit
pour franchir la porte
de mes nuages édulcorés
et des bois calcinés.

Le superflu de mon âme s’éparpille
en apprivoisant l’autre versant
du temps dénudé.

C’est ici que je me donne,
aux vents incandescents,
aux gouttelettes de pluie fraîche,
aux ivresses multiples.

C’est ici que je m’élance,
dans l’évidence,
en buvant le velours de sa voix
aux accents inconnus reconnus.

Ce versant est le bon...et je m'élance avec mon parapente pour voler...J'aime cette sensation de liberté. Tu me ravis. Déjà avec ton violoncelle, non, plutôt ta viole de gambe tu m'avais fait vibrer autant que les meilleures interprétations de Jordi Savall...Cette fois encore je ne cache pas ma satisfaction et elle n'est pas entre parenthèses...Mille compliments. LOUP.

J'ai connu ce versant, j'ai avancé moi aussi dans cette lumière, je me suis donnée à ces "vents incandescents", en "ivresses multiples", j'ai frémi sous le "velours de sa voix", reconnue parmi toutes les autres, entre toutes.
J'avais établi le berceau de mon âme sur ce versant, moi aussi, il n'y a pas si longtemps.
Ce poème si beau me brise le coeur.

ah la passion, mille fois dite et mille fois réïnventée... et pour la millième fois émouvante.

J'aime beaucoup ce passage
"J’ai tant arpenté le pont
des projections convenues
et des foulées rances
devenues indigestes…"