Les larmes de Suakin
On dit qu’à Suakin les maisons de corail resplendissaient le soir dans leur écrin de jade où glissaient lourds de pêche des samboucs colorés…
Aussi que Salomon du temps de sa splendeur y trouva un refuge et l’île devint perle et prison d’eau pour des vierges assemblées là, plaisir de roi…
Fut-il ce roi conté des mille et une nuits que Shéhérazade aurait ravi d’histoires féeriques ?
Rimbaud vint aussi promener son œil bleu entre deux affaires d’armes, mais il continua de se taire : « c’est en vain qu’on jette le filet devant les yeux de ceux qui ont des ailes » disent les Proverbes de Salomon. Oui.
Après « Elle est retrouvée,
Quoi ? L’éternité.
C’est la mer allée
Avec le soleil. » qu’écrire encore sinon « silence » !
Suakin, porte de l’Afrique aujourd’hui ruinée, où descendant des Nil blanc et bleu, émergeant des tempêtes du désert, les musulmans embarquaient pour La Mecque, en vis-à-vis par delà la Mer Rouge…
Suakin, port mythique du Soudan, entre « soudage » et « souffrance » dans le jardin encyclopédique…Souder nubiens, fellata, four, zandé, kakma, topoza et ben amer, tribus dispersées du désert, des montagnes arides ou tropicales, et de la savane intermédiaire, fut une souffrance qui profita aux colonisateurs égyptiens et anglais jusqu’à l’interminable guerre civile dont les relents crucifient toujours le rectangle désertique du Darfour. Mais pourquoi se disputer un désert ?
Suakin, relèveras-tu tes pierres marines et pour quels visiteurs ? Sans marché nulle œuvre n’aurait de vie et avec, les hommes s’y perdent…Non, l’éternité n’est pas retrouvée, c’est l’amer allé avec le sommeil.