Le temps gargouille à nos statues de pierre

Et quand l’écho si frêle sous le vent,
de nos combats aux parfums de chimères,
aura vibré de sa note dernière,
Entendrons-nous le souffle du vivant ?

Le temps gargouille à nos statues de pierre
des regrets gris aux refrains lancinants,
et sous les cris des foules solitaires
l’enfant poète adjure le Néant.

Dans l’ombre écrue des rêves de lumière,
soudain jaillie d’un désir écœurant,
la vie barbouille en peinture éphémère
nos âmes nues sous un astre mourant.

Et quand les mots aux couleurs de colère
auront craché nos venins enivrants,
auront vomi nos souffrances d’antan,
Ecrirons-nous sans larme à nos paupières ?

Je me demande encore si tu mets ton propos en question ou si tu tentes de l'affirmer douloureusement.
L'effet est très réussi.

Avec au bout des strophes, la légitimité de quand même, d'encore, d'au moins.

C'est très beau.


S.

Je l'avais déjà lu, grandement apprécié, et commenté en ces termes :
Seulement deux rimes pour ces 4x4 déca (syllabes, pas -féinés), c'est une expérimentation que j'aurais pu demander en "défi". D'ailleurs tu t'es amusé dans la construction des rimes, pas mal!

Le ton a cette légère emphase grave et sombre des enfants de Baudelaire, et cet entrain du questionnement n'est là, je le soupçonne, qu'à des fins purement réthoriques.

Utiliser le mot "gargouille" non pas dans le sens commun (bruit organique) mais dans son sens substantif (le monstre de pierre) comme un autre verbe est déjà en soi un effet de style qui m'enchante, mais poser ce genre de question en sachant bien qu'il n'y aura pas de réponse (sinon négative dans l'absolu) déclenche en moi une échappée allégorique irrépressible.
Bref je regrette que tu n'écrives pas assez souvent de poésie.

Je ne change pas mon commentaire d'un iota, en particulier la dernière ligne ;)

Déjà lu et approuvé comme dit le chat, mais retrouvé avec plaisir.