Morgane
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 | Sujet: 4 Août 1789  Lun 4 Aoû - 15:52 | |
| 04/08/08
LA NUIT DU 4 AOUT
ABOLITION DES PRIVILEGES
I) LA GRANDE PEUR
La prise de la Bastille et la crainte d’une réaction nobiliaire ont provoqué dans les campagnes ce qu’on a nommé la « Grande Peur ».
Les paysans s’arment sur la foi de rumeurs qui font état d’attaques de brigands ou de gens d’armes à la solde des « aristocrates ». Le tocsin sonne, provoquant la panique
Les paysans se jettent sur les châteaux, tout en proclamant leur fidélité à la personne du Roi
Ils brûlent les archives, en particulier les « Terriers » : registre des droits et propriétés seigneuriales. Parfois ils maltraitent et tuent les hobereaux et leurs familles
En effet, la noblesse « Libérale » est composée de grands seigneurs fortunés (La Fayette). La majorité de la noblesse française (2% de la société de l’époque) vit plus ou moins chichement. La France compte 26 millions d’habitants
Mais ces 2% concentrent des « privilèges » qui deviennent de plus en plus en plus insupportables car plus rien ne les justifie.Les nobles jouissent de :
Exemption d’impôts, et surtout du plus injuste, arbitraire et mal répartie : la Taille qui peut prélever jusqu’à 53 livres sur un revenu de 100.
Banalités : obligation pour les résidents sur une terre seigneuriale d’user (moyennant finance) du four et du moulin appartenant au seigneur.
Péages : doit à payer pour passer sur une route, un pont. Certaines seigneurie n'ont de revenus que par les péages
Monopole du colombier et de la garenne : la noblesse a seule le droit de posséder un colombier, et de chasser. Ce qui exaspère les paysans auxquels on interdit de se défendre contre les ravages que pigeons et lapins font dans les cultures. Le braconnage peut être puni de mort (pendaison).
Car un autre « privilège » de la noblesse est de subir la mort par décapitation s’il y a condamnation (ce qui à la veille de la révolution ne se pratique plus guère). La pendaison est une mise à mort infamante réservée aux manants, ou, cas encore plus rare, à un noble qui aurait « déchu » en commettant un crime particulièrement odieux : Ignoble au sens étymologique.
C’est d’ailleurs pour « adoucir » la décapitation qui pouvait être cruelle si le bourreau était maladroit que le brave docteur Guillotin inventa sa machine (des bienfaits de laquelle il profitera).
Redevances diverses et variées liée à la terre : Champart, fermages, métayages, il y a peu de paysans propriétaires de leur terre. Ces « laboureurs » parce qu’ils possédent charrue et bœufs qu’ils louent, sont aisés pour certains et guère plus tendres que les nobles avec les autres paysans.
Cette noblesse ne forme pas un « Etat » uni et à l’intérieur les inégalités de fortune sont grandes. Si les nobles fortunés peuvent envisager des réformes sociales, la majorité des hobereaux (nobles de campagne) vivotent sur leurs terres, et se montrent de plus en plus âpres à réclamer les droits féodaux, allant jusqu’à réviser les terriers pour rétablir certains droits et impôts tombés en désuétude (mais jamais abolis).
Ceux là sont loin de la Cour et de l’agitation des idées. D’autant que sous peine de « déroger » ils n’ont pas le droit de travailler pour vivre
Seuls depuis Colbert certains métiers : commerce surtout maritime et « Maîtres de Forges » (origine de la fortune des De Wendel) leurs sont autorisés, mais peu en ont profité.
Hautes Fonctions : la noblesse se réserve l’accès aux hautes fonctions rémunératrices de l’Armée (il faut prouver 4 quartiers de noblesse pour être officier) de la marine, de la diplomatie...
Ce qui donne des officiers qui ne mettent jamais les pieds à l’armée (il n’y a pas d’armée régulière) et des officiers de marine qui n’ont jamais navigué (on le verra avec le drame de La Méduse sous la seconde Restauration.) D’où l’obligation pour les dirigeants révolutionnaire de lever à la hâte une armée de gens du peuple (sans officier, ils ont émigré).
La "Levée en Masse "de 93 qui ne succite guère l'enthousiasme dans les campagnes, une des raisons de la Révolte de l'Ouest.
Les paysans n’ont donc plus aucune raison de respecter des seigneurs souvent absents de leur terre, où vus comme des oppresseursLe système est par ailleurs désastreux pour l’économie dans un pays rural à 80%.
La Grande Peur et ses exactions inquiètent les privilégiés, dont les députés. Les bourgeois (souvent propriétaires terriens et pas les moins avides de redevances) réclament la répression, les nobles, plus au fait des réalités, préfèrent l’apaisement.
"Le peuple cherche à secouer un joug qui depuis tant de siècles pèse sur sa tête… L’insurrection trouve son excuse dans les vexations dont il est la victime » Duc d’Aiguillon (richissime).
II) L’ABOLITION :
L’Assemblée cherche un moyen de rétablir l’ordre, quand le Comte de Noailles (richissime aussi) prend la parole, il propose d’en finir avec les droits seigneuriaux « restes odieux de la féodalité ». L’objectif est de « faire tomber les armes des mains des paysans ». Mais comme d’Aiguillon, Noailles s’exprime au nom de ses convictions libérales
Sa proposition déchaîne l’enthousiasme. Les nobles montent à tour de rôle à la tribune pour exprimer leur soutien
En une nuit, sont abolis les justices seigneuriales, les banalités, les jurandes et maîtrises (privilège des corps de métier et des corporations, lesquelles seront interdites quelques temps après par la loi Le Chapelier), la vénalité des charges (les charges de justice : juges, avocats, huissiers étaient achetées, formant la « Noblesse de Robe »), les privilèges des provinces et des individus...
Joyeux foutoir qui ne satisfera pas tout le monde, l’abolition des privilèges des provinces aggrave la situation économique de certaines.
Passé le moment d’euphorie, les députés réfléchissent, seuls les droits féodaux pesant sur les personnes sont abolis sans rachat : Corvée, Dîme ecclésiastique...
D’autres, pesant sur les terres : cens et champart devront être rachetés. A cette seule condition, les paysans pourront devenir de plein droit propriétaires de leurs terres. Restriction qui sera abolie quelques mois plus tard.
L’égalité de tous les citoyens devant la loi devient la règle. La conséquence directe sera le vote de la « Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen ".
C’est aussi une avancée du centralisme administratif (le Jacobinisme) sur les us et coutumes locaux ; la seule norme légitime est celle décidée à Paris.
Une exception notable dans cet enthousiasme égalitaire : « L’abolition de l’esclavage des nègres » proposée par le duc François de la Rochefoucauld- Liancourt
Le poids des colons antillais est lourd... Certains penchent pour l'anglais plus à même à leurs yeux de préserver leur situation. Ils sont nombreux à ne pas résider sur place et font du "lobbying" efficace à l'AssembléeL’esclavage ne sera aboli une première fois qu’en 1794, pas par humanité mais parce qu’il faut des bras armés pour défendre les Antilles française contre les convoitises anglaises (qui ne datent pas de la Révolution). Abolition « abolie » en 1802 par Napoléon, non comme on l’a dit pour complaire à Joséphine, mais parce qu’il avait besoin d’argent pour ses guerres incessantes.
Un bel élan libéral, que cette "Nuit du 4 Août" qui ne profitera pas à tous, sauf au regard de la Loi.
Autre conséquences (inattendue) de l'abolition: la chasse est desormais autorisée à tous et ils se déchaînent...
Si on peut comprendre le défoulement des campagnards de 89, heureux de s'approprier un privilège qui les lésaient, on ne peut justifier l'Exception française" qu'est la situation actuelle des chasseurs en France, une minorité (1 million) qui s'arroge tous les droits.
Qui a dit que les Privilèges sont abolis ? | |
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constance
Prophète
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| | Sujet: Re: 4 Août 1789 Mar 5 Aoû - 0:19 | |
| Merci de ce topo, ma Mo'.
Je dois dire que les Anglais rigolent bien, quand on leur parle de l'abolition des privilèges en France. Parce qu'eux ont bien une famille royale, encore qu'ils ont commencé avant nous à la zigouiller. Mais ils ont évolué un chouïa plus vite concernant les passe-droit aux petits copains et autres joyeusetés qui parsèment notre vie quotidienne.
Bref, ils ne font guère dans le bling-bling, bien qu'avec Diana, on était en plein VSD. | |
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Morgane
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| | Sujet: Re: 4 Août 1789 Mar 5 Aoû - 12:04 | |
| Ils ont évolué plus vite que nous et sans "révolution" parce que nobles et bourgeois se sont partagés le gâteau (sur le dos du populo).
Le roi régne, représente le pays, mais ne gouverne pas, et ça fonctionne trés bien comme dans toutes les monarchies européennes.
Nous, on a un "Roi" qui régne, gouverne, distribue prébendes et priviléges à ses féaux , se mêle de tout et fait du Bling/ Bling avec Mme à la Une!
On est gâtés!
Les nobles libéraux qui ont aboli les priviléges doivent se retourner dans leur tombe, pauvre France! | |
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