III) STRUCTURATION ET TRIOMPHE DE L’’EGLISE
Dés le Ier siècle, l’église romaine (qui n’est pas encore catholique) tend à éliminer tous les courants qui n’allaient pas dans son sens et organise les communautés.
L’organisation primitive des chrétiens est celle de communautés particulières et de réseaux s’articulant entre eux, fondées par des apôtres itinérants.
La foi se transmet de proches en proches par contacts personnels.
On peut supposer qu’elle se transmettait de la même façon chez les adeptes de Mithra, qui mais ceux ci ne semblent pas avoir pratiqué le prosélytisme.
Et le prosélytisme est hyper actif chez les chrétiens qui accomplissentt ainsi la mission que Jésus a confié aux apôtres à la Pentecôte: répandre la parole de Dieu.
Les communautés se fédèrent autour des cathéchistes, des personnages charismatiques (souvent des intellectuels) ou mystiques. Dés l’origine elles créent des oeuvres d’entraide charitables déterminantes dans la difusion de la nouvelle religion.
On peut supposer (oui, ça en fait des suppositions...) que les adeptes des cultes à mystères pratiquaient aussi l’entraide, mais que suivant les pratiques des sociètés secrètes type Franc Maçonnerie, elles réservaient cette entraide à leurs adeptes, alors que les chrétiens s’adressent à tous (ce qui permet aussi de gagner des gens à leur foi).
Ces communautés ont la même structure que toute autre association antique; n’oublions pas que les chrétiens appartiennent avant tout à une société dont ils respectent la plupart des pratiques et habitudes. Mais même leurs adversaires reconnaissent qu’elles sont particulièrement performantes.
Les réseaux sont construits autour de deux personnalités: les inspirés itinérants et les autorités locales: anciens, et épiscopes (du grec épiscopos surveillants qui va donner évêque), élus pour leur représentativité et leurs qualités.
Dés le IIème siècle, des tensions se font jour entre les deux types d’autorité, tensions qui aboutissent à l’élimination des charismatiques (des incontôlables dont les évêques se méfiaient), au profit des ministères éléctifs. Le ministère de l’évêque devient monarchique (monos, un seul dirige), ce qui renforce son autorité. Les communautés s’inscrivent de plus en plus dans le cadre socio politique des cités. Les grands évêques sont des notables locaux, des familles episcopales apparaissent. Famille au sens charnel du terme, le mariage des prêtres ne sera interdit officiellement qu’au XIIIème siècle. Ils appartiennent à l’elite cultivée et ont une stature internationale.
Rien de semblable dans le mithraïsme qui ne semble pas préocupé de conquérir le monde ni de s’imposer socialement.
C’est l’action commune des évêques qui régle les divisions doctrinales (et elles sont nombreuse) ou disciplinaires en imposant une église unique et unifiée par delà son pluralisme originel. Le christianisme devient donc “l’Eglise” et perd de sa vitalité de pensée et d’interpréter les Textes, au profit de la caste épiscolpale qui s’affirme seule gardienne d’une doctrine qu’elle construit elle même.
Ca n’empêche pas certains grands penseurs de réfléchir de leur côté, mais la majorité est mise au ban, comme “Hérétiques” (du grec haerésis: opinion partidculière, choix), le terme prend alors le sens de déviance par rapport à l’orthodoxie que seule détient l’Eglise. Définie selon la tradition apostolique et les textes “canoniques” définis par l’autorité collégiale.
Ces controverse donnent un rôle particulier à l’Eglise de Rome, capitale et centre de convergence culturel, c’est là qu’il faut faire connaître ses idées. L’idée de la primauté romaine (qui ne s’imposera pas sans conflit) s’affirme dés le IIIème siècle. C’est Rome qui fixe les dogmes.
Par ailleurs, rien ne prouve que Pierre ait été martyrisé à Rome ni même qu’il y soit venu. Mais c’est à lui (qui s’appelait Simon) que Jésus a dit “Tu es Pierre et sur cette pierre, je bâtirais mon église”. D’où l’affirmation que son tombeau est à Rome.
Et pendant que j’y suis, ethymologiquement Eglise signifie : Assemblée des fidéles.
La principale “hérésie” contre laquelle les évêques vont lutter dés le IIème siècle est la Gnose. Un dualisme opposant la matière, oeuvre d’un mauvais démiurge aux forces de l’esprit émanant d’un dieu radicalement transcendant, la recherche d’une révélation secréte que Jésus aurait transmis à un petit nombre d’initiés et l’accés à cette vérité cachée dont seule la connaissance (gnosis en grec) peut conduire au salut de l’âme (Evangile de Thomas, rejeté parmi les Apocryphes). Est le courant chrétien qui se rapproche le plus du mithraïsme. Elle persiste dans l’ombre et le rejoint dans la naissance des religions manichéennes.
CONCLUSION Je dirais que face à une religion triomphante, soutenue par les élites , prosélyte et bien installée au plus haut niveau de l’état, profondément intolérante (elle fera tout pour le démontrer), qui a en chemin égaré le message initial de Jésus; parce que si elle l’avait suivi, c’aurait été une vraie révolution et on n’en serait pas là; le mithraïsme, quel que soit ses mérites et la ferveur de ses adeptes, n’avait aucune chance.
Même si des emperurs l’ont approché, y ont adhéré c’est à titre personnel, malgré l’instauration du culte de Sol Invictis, il n’a jamais été religion officielle. Malgré un succés incontestable, il est noyé dans la masse des religions païennes qui subissent toutes les attaques de l’Eglise. En outre ses pratiques (partage du pain et du vin, monothéisme) en font un concurent dangereux, et la concurence, l’Eglise chrétienne déteste.
C’est un culte à mystère, donc reservé à un petit nombre , ce qui est propre à Rome, puisque il ne l’était pas dans sa région d’origine (comme la majorité des cultes orientaux). L’idée que seul un petit nombre d’élus peut accéder au salut est contraire à la doctrine de l’Eglise qui se veut universelle. (Idée qui à la peau dure puisqu’elle ressort avec les Jansénistes et aujourd’hui chez les Mormons.)
Le christianisme est dés avant son triomphe pris en main et rigoureusement organisé par les évêques issus des classes favorisées. le détachement du matériel, l’obéissance et la soumission, l’acceptation de l’ordre établi n’impliquent pas pour ses hommes une perte de pouvoir temporel, au contraire ils le renforcent. Les “guides spirituels” sont trés au fait des réalités de ce bas monde et en usent quand ça les arrange.
A partir du IVème siècle, les empereurs sont conseillés par des évêques.
La rigueur de sa structure explique en partie que l’Eglise sera la seule force à résister aprés l’effondrement de l’Empire. Elle seule est à même de faire régner un semblant d’ordre et elle a l’argent. Les rois barbares préfèrent pactiser avec elle.
Et son acharnement contre les hérésies et le paganisme, sa formidable force d’inertie (on le voit bien aujourd’hui), sa capacité de récupération (toutes les grandes fêtes chrétiennes sont plaquées sur des fêtes païennes, les temples qui ne sont pas détruits sont transformés en église) en font une puissance dominatrice qui profite de tous les accidents de l’Histoire. Ce que le mithraïsme n’a jamais tendu à être.
Ouf!
Si vous trouvez que c'est un peu long, dites vous que c'est une synthése.
Le sujet est vaste et j'ai condensé, un sacré boulot (normal pour des religions, lol) mais passionnant pour moi, j'espère pour vous aussi et j'espère surtout avoir répondu au mieux à la question.
Pour complément d'infos ou si vous n'avez pas tout suivi, cf : Avallon.com...
Sérieux, je veux bien expliquer, dans la mesure de mes moyens et donner mes sources principales (parce que mes sources sont multiples).
J'ai gagné combien de millénaires d'indulgence?
Mais comme l'historienne s'est fait plaisir, à votre service si vous avez d'autres sujets...