PROBLÉMATIQUE:
Le christianisme a triomphé du paganisme en général et du mithraïsme en particulier, était ce inéluctable?
Aprés maintes recherhes et réflexions, je pose les bouquins et je me lance, sinon j’y suis encore au Jugement Dernier...
Comme dans toute recherche, chaque éléments de réponse appelle une nouvelle question qui implique de nouvelles recherches.
Je m’en tiens pour la base aux “faits attestés”: paganisme d’un côté, christianisme de l’autre. (Le reste c’est mes cogitations persos) Aucun n’étant monolithique, au moins aux débuts pour le christianisme, et (pour tout arranger), ce qu’on sait du paganisme a été largement occulté et déformé par les chrétiens, et ce qu’on sait des chrétiens a été largement déformé:
1) Par les païens qui les détestaient.
2) Par les chrétiens eux mêmes qui se sont présentés sous formes apologétique et hagiographique.
Etant les vainqueurs, ils présentent (comme tous les vainqueurs) leur victoire comme logique et inévitable: ils ont gagné parce qu’ils étaient les meilleurs, donc les autres étaient les méchants qui avaient tort; CQFD.
Le tout s’inscrivant dans le contexte social, politique, économique, social, psychologique de l’Empire Romain en pleine évolution. Menaces aux frontières, épidémies, aléas de la météo sur les récoltes et bagarres pour savoir qui sera empereur à la place de l’empereur. dans une fourchette de 4 siècles en prenant comme point de départ l’An 0 du calendrier grégorien (date contestée et contestable, mais c’est un autre débat).
I) DÉBUTS ET DIFFUSION DU CHRISTIANISME:
An 33 de notre ère, Rome domine tout le pourtour méditérranéen, dont la Judée, une province perdue où les habitants pratiquent, fait unique dans l’Empire, une religion monothéiste: le Judaïsme.
Ponce Pilate y est procurateur (26/36), représentant de Rome, et ce n’est pas un poste envié, les habitants sont volontiers agités. Lors de la fête de Pâques (la Pâque juive marque la sortie d’Egypte des Hébreux), le grand conseil des prêtres, le Sanhédrin, lui présente un homme arrêté dans la nuit, un certain Jésus, charpentier de son état, et lui demande de le juger comme fauteur de trouble. Ils lui auraient bien réglé son compte eux mêmes, mais la justice appartient à Rome. Pilate hésite, mais sous pression de la foule et par souci de ménager le Sanhédrin, ne voulant pas créer un incident nuisible à sa carrière, il fait exécuter le condamné.
Ca, c’est historiquement prouvé et Jérusalem étant loin de Rome, l’incident passe totalement inaperçu.
Cette exécution (qu’on peut discuter à l’infini sur le fond) n’a rien d’exceptionnel dans sa forme.
La cruxifiction est un supplice réservé d’abord aux esclaves en fuite ou révoltés, il est étendu aux criminels de toutes sortes (et criminels ne signifie pas forcément meurtriers).
Des détails ont été montés en épingle par les chrétiens:
1) le coup de lance dans le flanc? Une façon de s’assurer que le condamné était bien mort.
2) L’éponge imbibée de vinaigre?
Les soldats romains parcouraient de longs trajets à pied avec un lourd barda. dans les régions chaudes, pour éviter de trop boire, ils coupaient leur eau avec du vinaigre (ce qui évitait aussi qu’elle croupisse) et s’humectaient la bouche avec une éponge.
Le soldat a donc eu un simple geste de pitié en faisant pour Jésus ce qu’il aurait fait pour un de ses compagnons, et il était interdit de soulager les condamnés. Il lui a tendue au bout d’une pique, et alors, il n’allait pas escalader la croix!
3) Le partage de la tunique?
Une pratique courante là aussi, le condamné était dépouillé de ses biens que ses gardiens se partageaient. Les chrétiens en ont fait des insultes spécialement dirigées contre Jésus.
L’anecdote aurait pu passer à la tappe de l’histoire si le condamné n’était ressucité 3 jours plus tard et que ses adeptes ne s’étaient répandus dans le monde pour prêcher sa parole avec le succés qu’on sait.
De Judée, le christianisme voyage vite, et des communautés se créent d’abord dans la partie orientale de l’Empire, en Gréce et à Rome dés le 1er siècle.
Mais il ne s’installe pas en terrain religieux vierge, au contraire, ça se bouscule au portillon des dieux.
Les romains adoptent facilement les religions des peuples conquis qu’ils accomodent à leur sauce.
Leur religion (prise aux grecs pour l’essentiel) est une institution nationale, faite d’autant de civisme que de dévotion personnelle (comment honorer un dieu sans fâcher les autres?), soigneusement ritualisée et codifiée, on ne demande pas d’y croire, mais de se plier aux rites.
C’est une religion “froide”, vide de sens et de spiritualité qui ne répond pas aux questions existentielles que se pose tout un chacun. C’est pourquoi les romains se précipitent sur les “Cultes orientaux” et les religions à mystères qui s’interessent davantage à l’indivifu, à l’âme et à ce qui se passe aprés la mort.
Ces religions se répandent dés le IIIème siècle avt JC, aprés les conquêtes d’Alexandre, transportées par les marchands et les soldats. Cybéle,Isis, Astartée, Mithra, trouvent leur place, sans concurence avec les dieux traditionnels auxquels ont les assimile facilement. Dans un monde de plus en plus cosmopolite, les gens ont envie de se rassembler dans de petites structures d’acceuil dont les membres sont solidaires.
Le christanisme, perçu d’abord comme une secte juive, puis comme une religion à mystère (ce qu’il n’est pas étant ouvert à tous) s’installe sans problème.
Les religions à mystères offrent le salut dans ce monde et dans l’autre, victoire sur le malheur et assurance d’un bonheur dans l’au delà.
Pourquoi se sont elles effondrées au IVème siècle avec le triomphe du christianisme?
Elles déclinent avec le paganisme officiel à partir du IIIème siècle à mesure que le christianisme se diffuse de plus en plus largement.
Le contexte; l’Empire connaît une grande crise; a probablement renforcé les conditions psychologiques favorables à une religion unique exclusive de toutes les autres.
La convertion de Constantin accorde le monothéisme avec celui qui (par sa victoire sur Maxence) rétablit l’unité de l’Empire. Mais si Constantin choisit son dieu, il proclame que chacun est libre d’exercer la religion de son choix, ce qui a essentiellement pour but de faire cesser les attaques et persécutions contre les chrétiens.
C’est en 392 que Théodose interdit le paganisme, ouvrant une nouvelle chasse aux sorcières qui va faire la joie des chrétiens. Ils se livrent à des saccages de temples pour faire cesser ces pratiques “démoniaques”.
Certes, il ne suffit pas d’un décret pour étouffer une religion. mais le paganisme classique est mort de sa belle mort depuis un moment et les sanctuaires qui vivaient de donations d’état et de particuliers, les voient passer aux églises.
Aprés la destruction du temple de Jérusalem par Titus en 73, suite à la révolte des Zélotes, les juifs de la Grande Diaspora se replient sur eux mêmes et le judaïsme devient la religion identitaire d’un seul peuple qui ne pratique plus aucun prosélytisme. Au contraire des chrétiens qui sont trés actifs, et se trouvent donc sans concurence de l’autre monothéisme (dont ils sont quand même issus). Peu à peu ils en viennent à occuper des postes élevés partout dans l’Empire (pour exemple St Sébastien était commandant de la garde du palais impérial).
Le mithraïsme est une religion à mystère, donc réservée à un nombre restreint d’initiés et s’il accueille toutes les classes sociales, il exclut les femmes. ce qui s’explique si ont admet que s’est d’abord une religion de soldat, et par le statut des femmes dans l’Empire.
Si des empereurs y ont adhéré, c’est à titre privé, jamais il n’est devenu une religion officielle et cela aurait il suffit à le préserver quand le paganisme d’état a succombé?
Etait il capable d’évoluer, de s’ouvrir davantage? Vu qu’on en sait trés peu sur ses pratiques et sa finalité, il est quasi impossible de répondre.
C’est pourtant un monothéisme, avec un dieu sauveur engagé pour les hommes dans le combat entre le bien et le mal.
Ces similitudes avec le christianisme explique l’acharnement de celui ci: ce qui n’est pas récupérable doit être détruit.
Il se maintient clandestinement jusqu’au VIIème siècle, puis disparaît. mais par ses liens avec le Zoroastrisme, il joue un rôle important dans l’émergence des religions manichéistes (notament les Cathares) qui furent les grandes rivales du christianisme, lequel en est venu à bout en éliminant physiquement leurs adeptes (avec l’aide de Dieu, et de St Dominique, premier inquisiteur).
De persécutés, les chrétiens sont devenus trés rapidement et sans état d’âme (ils voulaient toutes les sauver) persécuteurs.
Des persécutions dont ils ont été victimes, les chrétiens ont fait une force, les martyrs (éthymologiquement: témoins) prouvent que si l’ont peut mourir pour sa foi - concept totalement nouveau- c’est que celle ci est puissante. Ca impressionne, même si certains se demandent quel est ce dieu qui envoie ses adorateurs à la mort. Le calme avec lequel ils acceptent la mort, le soutien qu’ils s’apportent dans l’arène, touchent et interpellent. Autrement dit, loin de nuire au christianisme, les persécussions l’ont servi, le recours à la violence (ordinaire dans l’Empire) a prouvé que la nouvelle religion était déjà puissante et qu’on ne savait plus quoi faire pour l’éliminer.
Pourquoi les romains, si ouverts en matière religieuse ont ils persécuté les chrétiens?
Parce qu’ils dérangeaient; non les autorités malgré leur refus de sacrifier au culte de l’Empereur; mais la population. On ne les comprenait pas, et on les accusait de tous les vices; (accusation qu’ils appliqueront à leur tour à leur adversaires en religion). En outre les biens des condamnés vont en partie à leurs accusateurs, ce qui encourage les délations. Les persécutions sont plus des flambées populaires (et il ne faut pas mécontenter le peuple) que des décisions d’état, à l’exception de celles décrétées par Déce et Dioclétien. Disons en gros que l’Etat romain qui a d’autres préoccupations, laisse faire la populace.
Cest Néron qui “inaugure” en faisant brûler les chrétiens accusés de l’incendie de Rome,- ce pour se laver de cette accusation contre lui. - Accusation que des historiens réfutent aujourd’hui, il était pas net, mais quand même. La vieille Rome était essentiellement construite en bois, (comme à Londres au XVIIème siècle) l’incendie se propage trés rapidement.- c’est pour ce pseudo crime et non pour leur croyance qu’ils sont exécutés, il fallait bien trouvr un bouc émissaire. mais la mode est lancée.
Pourquoi les chrétiens et non les juifs qui deviendront trés vite les victimes de toutes les acccusations dés que quelque chose va de travers?
Parce que, si les romains ne les aiment pas et ne les comprennent pas plus qu’ils ne comprennent les chrétiens, ils les respectent, leur religion est ancienne et fondée sur la tradtion que les romains sacralisent.